Edem Kodjo, Homme d’État, Homme de culture et Homme de foi

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❒ Par Moustapha  NIASSE, Président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Ancien Premier ministre, Ancien Ministre des Affaires Etrangères

Avec la disparition d’Edem Kodjo, le Togo et l’Afrique ont perdu un fils valeureux, un authentique panafricaniste, homme d’Etat, de culture et de foi. Il a été au sommet de l’action politique dans son pays où il a occupé, à deux reprises le poste de Premier ministre, mais aussi au niveau continental en tant que Secrétaire général de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine devenue Unité Africaine-UA). Edem Kodjo était un cadre de haut niveau, économiste réputé et administrateur formé à la prestigieuse Ecole Nationale d’Administration (ENA) de Paris. Le technocrate achevé qu’il était, a laissé toute sa place à l’homme de culture et de foi. Sa production intellectuelle de haute facture en témoigne éloquemment et, cette vaste culture et son expertise économique, il les a toujours mises au service de sa patrie qui, par-delà sa terre natale, le Togo, englobait l’ensemble du continent africain dans son passé, son présent et ses ambitions légitimes vers le développement. Ce n’est pas un hasard si l’ONG qu’il a fondée s’appelle PAX AFRICANA (paix africaine) qui lui permettait, après sa retraite politique, il y a plus d’une décennie, de continuer à agir pour promouvoir le dialogue et la concertation en vue de favoriser la paix dans toute l’Afrique. Sa dernière action sur le terrain a été menée en République Démocratique du Congo (RDC) où, sans avoir réussi à faire signer un accord aux leaders politiques alors profondément divisés, il a, tout de même, rallumé la flamme de l’espoir. Edem Kodjo a toujours aimé relevé les défis les plus redoutables sur le plan diplomatique et politique et n’a jamais hésité à donner le meilleur de lui-même pour la cause panafricaine. Il n’a jamais accepté la balkanisation du continent qui empêche son développement économique et la conquête d’une vraie émancipation des peuples. En vérité, c’est la fibre panafricaniste enracinée dans l’homme de foi qu’il était qui a été le moteur de son engagement politique qui n’était que le moyen de réaliser l’unité des cœurs et la fraternité pan-humaine que magnifient l’Appel des Saintes Ecritures et son ouvrage sur les pères de l’église en est une illustration. Edem Kodjo était un aîné cher avec qui j’ai tant partagé au plan intellectuel. Il y a un an, je me préparais à me rendre à Lomé pour participer à un Colloque organisé par son ONG PAX AFRICANA quand la terrible nouvelle de son AVC m’a été transmise. Depuis nous espérions le miracle qui ne s’est finalement pas produit et c’est son fils Patrick Kodjo qui est cadre à la BCEAO à Dakar qui me donnait, régulièrement de ses nouvelles. Je restais en contact aussi avec sa vaillante femme, Valentine. L’épreuve a été longue et éprouvante, mais sa femme et tous les membres de sa famille l’ont subie avec foi et courage. Aujourd’hui, mon ami Edem nous a quittés, mais son œuvre demeure et va rester un héritage précieux pour tous les Africains conscients de l’exigence panafricaine, seule voie pour arracher le continent des griffes de la pauvreté, des pandémies et du désespoir. Pour conquérir l’émergence économique, en restant fidèle à la grande Espérance. Repose en paix grand frère. L’Afrique t’est reconnaissante. Que Dieu t‘accueille en son Paradis.

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