ZONE UEMOA Les contrecoups de la crise sanitaire

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Se signalant depuis plusieurs années par des performances économiques notables traduites par des taux de croissance au-dessus de 6 %, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) va connaître, cette année, un taux de moins de 1 % en raison de la pandémie de la Covid 19.

Ces dernières années, le tissu économique de l’Union Monétaire Ouest Africaine (Umoa) n’a cessé de connaître une amélioration considérable. En 2017 et 2018, l’activité de l’Union a enregistré un taux de croissance de 6,6%. Pour 2019, il a atteint 5,8 %. Une dynamique qui a fini par placer l’Uemoa parmi les zones au plus fort taux de croissance au monde. Ce beau progrès vient hélas de connaître un arrêt brutal à cause la pandémie de la Covid 19 qui, comme les autres parties du monde, n’a pas épargné les économies des huit pays qui composent cette union. En effet, La maladie à coronavirus qui a été déclarée dans la ville de Wuhan en Chine à fin décembre 2019 s’est vite propagée dans plusieurs pays du monde. Elle a eu et continuera d’avoir des répercussions sanitaires, économiques et financières sans précédent à l’échelle mondiale et singulièrement dans l’espace Uemoa. Décrété comme une pandémie le 11 mars 2020 par l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms), tous les Etats membres de la zone Uemoa en sont touchés à ce jour. Ainsi, pour la première fois depuis longtemps, l’espace Uemoa va devoir se contenter d’un taux de croissance de moins de 1 % de son Pib cette année pour une prévision initiale de 6,6 %. Il s’établira plus exactement à 0,9 %, selon le Comité de politique monétaire de la Bceao qui a tenu, le 2 décembre dernier, sa quatrième réunion ordinaire au titre de l’année 2020. « Examinant la conjoncture interne, le Comité a relevé que l’activité économique dans l’Uemoa a légèrement progressé au troisième trimestre 2020, en rapport avec la levée des restrictions de mobilité et les effets des politiques publiques de soutien mises en place. Le PIB de l’Union a progressé de 0,6% par rapport à la même période de l’année 2019, après une baisse de 2,0% un trimestre plus tôt. Pour l’ensemble de l’année 2020, les dernières prévisions situent le taux de croissance du PIB de l’Union à 0,9% contre 5,8% en 2019 », souligne la Bceao. Aggravation des déficits nationaux L’exécution des budgets nationaux sur les neuf premiers mois de l’année 2020 fait ressortir une aggravation des déficits par rapport à la même période de l’année précédente, induite par les effets de la pandémie sur les recettes ainsi que par les mesures de riposte et de relance prises par les Etats. En effet, le déficit budgétaire, base engagements, dons compris, s’est chiffré à 3.742,1 milliards ou 5,5 % du Pib à fin septembre 2020 contre 1.576,3 milliards ou 2,4% du Pib un an plus tôt. Au plan monétaire, la masse monétaire s’est consolidée par rapport au même trimestre de l’année précédente, avec une progression de 15,5 % contre 13,2 %. Cette accélération a été imprimée par les accroissements des actifs extérieurs nets (+19,3%) et par les créances intérieures (+11,8%). Les réserves de change de l’Union se sont établies à un niveau confortable, assurant la couverture de 5,6 mois d’importations de biens et services. Il correspond à un taux de couverture de l’émission monétaire de 74,7% contre 75,3% un trimestre plus tôt. Sur le marché monétaire, les conditions de financement ont poursuivi leur détente, en ligne avec les opérations d’injection de liquidité à taux fixe depuis fin mars 2020 et les effets de la décision de baisse des taux directeurs, le 24 juin 2020. Ainsi, le taux moyen pondéré des opérations hebdomadaires d’injection de liquidités s’est établi à 2,00% au troisième trimestre 2020 contre 2,46% au trimestre précédent et 3,15% un an plus tôt. Abordant la situation de l’inflation dans l’Union, le Comité a relevé que le niveau général des prix à la consommation s’est établi à 2,9 % en moyenne au troisième trimestre, après une hausse de 1,7 % le trimestre précédent. L’accélération du rythme de progression du niveau général des prix est imprimée essentiellement par le renchérissement des céréales locales, des produits de la pêche, des légumes frais ainsi que des tubercules et plantains. Cette évolution s’explique par les perturbations des circuits de distribution dans le contexte de la pandémie de la Covid-19, et de la baisse de la production céréalière de la campagne agricole 2019/2020. Le taux d’inflation sous-jacente est ressorti en hausse à 1,6%, après une progression de 1,2% un trimestre plus tôt. Pour l’ensemble de l’année 2020, le taux d’inflation est projeté à 2,2% après -0,7% en 2019. A l’horizon de huit trimestres, soit à fin septembre 2022, les prévisions situent le taux d’inflation dans la zone de confort (entre 1,0% et 3,0%) définie pour la mise en œuvre de la politique monétaire de l’Union. Sur la base de ces analyses, le Comité de Politique Monétaire a décidé de maintenir inchangés le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres d’injection de liquidité à 2,00% et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal à 4,00%, niveaux en vigueur depuis le 24 juin 2020. Le coefficient de réserves obligatoires applicable aux banques de l’Union demeure inchangé à 3,0%.

STRATEGIE DE RIPOSTE Des mesures d’urgence salutaires mais insuffisantes

Pour faire face à cette pandémie, endiguer sa propagation et limiter ses effets sanitaires, sociaux et économiques qui impactent négativement tant la vie des populations que l’activité des entreprises avec son corollaire de conséquences sur le chiffre d’affaires, la trésorerie, la production, l’emploi, les faillites d’entreprises etc., l’ensemble des pays de l’Union, ont pris des mesures d’urgence. Face à la pandémie de la maladie à coronavirus, les Gouvernements des différents Etats ont pris des mesures socio-économiques visant à atténuer les impacts de la maladie et limiter sa propagation, notamment à soulager la trésorerie et/ou les comptes d’exploitation des agents économiques privés des secteurs formel et informel. D’un coût global estimé à 5 284,93 milliards de Fcfa, ces mesures peuvent être regroupées en mesures sociales d’aides aux ménages et aux entreprises (Fonds de solidarités/Soutien, paiements de factures d’électricité, eau, loyers, etc.), mesures d’accompagnement des entreprises et mesures fiscales et douanières pour les entreprises. Les mesures d’accompagnement des entreprises avaient pour but essentiel de maintenir l’activité économique, soulager la trésorerie des entreprises et préserver l’emploi et l’outil de travail notamment la capacité de production. Outre ces différentes mesures prises par les Etats, les institutions sous régionales telles que la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), la Banque Ouest Africaine de Développement (Boad), le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (Crepmf) ont, d’une part fait des propositions de mesures pour assurer un niveau adéquat de liquidités dans les économies, modérer le coût du crédit, soutenir le secteur privé, atténuer l’impact de la crise sur les couches vulnérables de la population et éviter une récession. D’autre part, elles ont pu allouer des prêts concessionnels d’un montant de 120 milliards, soit 15 milliards par Etat membre, pour le financement des mesures d’urgence liées à la pandémie.

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