GESTION DES FORETS TRANSFRONTALIERES ENTRE LA GAMBIE, LA GUINEE BISSAU ET LE SENEGAL Vers l’harmonisation des cadres institutionnels

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Les experts dans le domaine de la gestion transfrontalière des forêts des Républiques du Sénégal, de la Gambie et de la Guinée-Bissau se sont retrouvés à Kaolack (au centre du Sénégal) pour une réflexion approfondie sur l’impact positif de la rationalisation de l’exploitation des ressources forestières. Cela dans le cadre du Programme Régional de Gestion Durable et Participative des Forêts et des Energies Traditionnelles et de Substitution.

Le ministre de l’Environnement et du Développement Durable du Sénégal, le Pr Mame Thierno Dieng qui a présidé cet atelier régional a saisi l’occasion pour saluer cette initiative qui va permettre aux trois pays d’harmoniser leurs politiques en matière de gestion rationnelle des ressources forestières. Il n’a pas manqué de souligner la forte dépendance des pays de la sous région à l’agriculture dont le socle repose grandement sur les ressources forestières. Encore que l’approvisionnement des populations en combustibles ligneux occupe une place déterminante parmi les multiples fonctions que ces ressources remplissent. C’est pourquoi, note-t-il, la prédominance de la biomasse dans le bilan énergétique des pays de la sous région qui constitue un facteur important de dégradation des ressources forestières.

REVENUS DIRECTS DE 27 MILLIARDS ENTRE 2010 ET 2018

 Prenant en exemple le cas du Sénégal dont la situation est comparable à la Gambie et à la Guinée-Bissau, le ministre de l’Environnement du Sénégal a noté que le bois énergie représente, plus de la moitié de la consommation finale d’énergie, tout comme la demande en énergie de cuisson qui constitue aussi un poids important sur les ressources forestières nationales. C’est pourquoi, conscient de l’importance de ce facteur de dégradation, le gouvernement du Sénégal, appuyé par la Banque mondiale, les Pays-Bas et le Fonds mondial pour l’Environnement a mis en œuvre le PROGEDE 1 depuis 1998 pour satisfaire les besoins des populations en combustibles de cuisson tout en préservant les écosystèmes forestiers. Et de poursuivre que dans la consolidation des résultats du PROGEDE 1, le PROGEDE 2 a été financé toujours par la Banque mondiale, le Fonds Nordique de Développement et le Gouvernement du Sénégal. « Ce qui a permis d’avoir des acquis solides dans l’évaluation, la cartographie et l’aménagement des forêts », atteste-t-il. Et d’argumenter « qu’en plus du système mis en place pour assurer une gestion durable des forêts, les populations rurales sont désormais impliquées dans la gestion des ressources de leurs terroirs et les revenus directs générés sont estimés à 27 milliards de FCfa entre 2010 et 2018. Le ministre de l’Environnement du Sénégal est convaincu que seule l’harmonisation des politiques pourrait permettre de venir à bout de l’exploitation frauduleuse et du commerce illégal de bois entre nos pays. « Seuls cette exploitation et ce commerce illégal expliquent les exportations importantes et sans précèdent de nos ressources forestières nationales pour satisfaire une demande en bois sans cesse croissante en Asie », explique-t-il.

STRATÉGIE D’IMPLICATION DES POPULATIONS

 Saluant la prise de conscience des trois pays pour faire face à ce fléau, le Pr Mame Thierno Dieng a souligné la lutte active menée parallèlement par le Sénégal contre ce phénomène dévastateur, à travers la démarche régionale ayant permis le transfert de l’espèce VENE de l’annexe 3 à l’annexe 2 de la Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et Flore Sauvages (CITES), rendant ainsi le commerce international de ce produit fortement réglementé. « Aucun pays pris individuellement ne pourra relever le défi de la gestion durable des forêts et de la lutte contre l’exploitation et le commerce illicites de bois. La concertation dans la gestion, l’harmonisation de nos politiques et stratégies, l’implication de nos populations constituent pour nous des impératifs sans lesquels, les efforts individuels des pays risquent d’être annihilés », lance-t-il, avant de saluer la décision de la République sœur de Gambie qui a pris récemment la décision d’interdire l’exportation du bois à partir de son territoire. Pour ce dernier, le Programme régional de gestion durable et participative des forêts et des énergies traditionnelles et de substitution en préparation, en plus d’être un moyen pour harmoniser les cadres institutionnels de gestion des ressources forestières, sera une réponse forte et adéquate pour lutter contre les effets néfastes des changements climatiques, notamment par la préservation des fonctions d’approvisionnement, de régulation des écosystèmes, ainsi que la pérennisation des services éco-systémiques des forêts. Et de poursuivre qu’il permettra également de réduire les émissions de gaz à effet de serre par la diffusion de foyers améliorés qui reste un puissant levier pour réduire de manière significative la pression sur les ressources forestières.

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