L’ASSASSINAT DE DANIEL FORRESTIER, EX-AGENT DE LA DGSE : LA DIAGONALE SANGLANTE

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LE BARBOUZE, LA PRÉSIDENCE DU KAZAKHSTAN, LES MILIEUX CORSES ET L’ALIBI CONGOLAIS

Daniel Forrestier a été découvert, criblé de 5 balles le 21 mars dernier, aux abords du lac Léman. Ainsi a pris fin la carrière rocambolesque d’un ex-agent de la DGSE (services de renseignements français) qui, après 14 ans de service, a basculé dans une retraite très active et lucrative qui l’a propulsé jusqu’au palais présidentiel de l’État du Kazakhstan.

Le luxe insolent qui est le quotidien des dignitaires de cet État pétrolier (et gazier) a dû lui faire péter les plombs. Forrestier était chargé de la sécurité de la fille chérie du président qui s’appelle Dariga Nazarbaeiva qui est, actuellement à la tête du Sénat, à la suite de la démission de son père, après 30 ans de règne.

La fille choyée pourrait prétendre au trône, lors des élections prévues en 2020. Mais, le pater Nourousultan Nazarbaebayev tient encore le pays, comme nous le verrons, plus loin.

Eh oui,il y a des dynasties communistes comme en Corée du Nord et à Cuba, et des régimes inclassables comme au Gabon ou, au Kazakhstan où des successions « démocratiques » sont mijotées de père en fils ou…en fille. Même si, du côté de Astana, ce scénario n’est pas gravé dans le marbre.

Ajoutons, sur ce point que la RD Congo avait innové avec Kabila père et fils et d’autres pays suivent des voies plus complexes, pour retrouver les pratiques monarchiques ancestrales.

Travailler dans ce genre de pays, très particuliers, n’est pas sans risque et Forrestier a pu mettre les pieds dans un engrenage mortel, en se mettant à dos, beaucoup de monde, du côté de Astana.
 Mais, aussi de l’Ile de Beauté, et nous y reviendrons.

Le curieux est que la presse française, après son assassinat, n’a pas creusé de ce côté là. Elle n’a même pas mis en exergue le côté fantasque du personnage qui parlait beaucoup trop et mettait mal à l’aise nombre de ses contacts et/ou ex-employeurs.

Dans son premier métier et dans les suivants, la discrétion est une règle d’or, comme le silence qui scintille des reflets du métal jaune.

Il avait affirmé, publiquement, qu’il « connaissait des affaires qui se sont déroulées à Genève et ailleurs et qui, si elles étaient révélées au grand jour, éclabousseraient jusqu’au sommet de l’État français ».

Affirmation péremptoire qui met l’eau à la bouche des lecteurs mais qui peut, aussi rendre très nerveux certains de ceux qui avaient loué et rémunéré les services de Forrestier. Et, pas seulement en France !

Une enquête de police élémentaire aurait tenté d’établir la liste de ses clients et une investigation journalistique, digne de ce nom, aurait aussi creusé dans ce sens, si on peut dire. À l’évidence ceux qui souhaitaient que le quidam la ferme, une fois pour toute, sont nombreux.

Et, comme dans les romans d’Agatha Christie, le détective Hercule Poirot aurait passé au peigne fin les alibis des uns et des autres. Mais pourquoi donc, la presse française a-t-elle privilégiée le « filon congolais » ? Et aucune autre piste ?

Par paresse journalistique, très caractéristique des pisse-copies de l’Hexagone, dont les organes ont des moyens financiers limités pour mener des enquêtes longues et complexes. Malheureusement, aussi, par tendance xénophobe et même raciste envers l’Afrique où, il faut cibler des « potentats », diaboliser des régimes et leur chercher des poux, à chaque occasion.

Pour ces gens-là, la nébuleuse du Kazakhstan est trop éloignée, ce vaste territoire de l’ex-Union soviétique, un « espace mystérieux où la raison démocratique » n’a pas encore déployé ses lumières. Ensuite, il y a le manque de courage, car ces pays, comme le Kazakhstan, sont riches et prospères et ont, donc les moyens d’agir. Quant aux pays africains, des « ex-colonies françaises », considérés comme des « États infantiles », aucune crainte, aucun respect, aucune considération.

Sans une telle grille de lecture, le traitement médiatique de l’affaire Daniel Forrestier, côte hexagonal, serait incompréhensible.

Daniel Forrestier est un ex-agent de la DGSE (direction générale de la sécurité extérieure française) française et membre de son « service action », celui qui mène les opérations les plus sensibles et les plus secrètes.

Il avait pris sa retraite et s’était reconverti dans la « protection de personnalités », entre autres activités. Il a été retrouvé abattu de cinq balles le 21 mars, dans un endroit proche du lac Léman.

L’enquête sur ce meurtre est confiée aux limiers de la police judiciaire de Lyon et, il se trouve que ces mêmes policiers étaient déjà en charge d’une autre affaire à laquelle Forrestier était mêlé : « le projet d’assassinat de l’opposant congolais Ferdinand Mbaou ».

Cette affaire, pour le moins floue, Forrestier en a toujours nié l’existence, avec force face aux enquêteurs. Il s’y ajoute qu’un seul et unique témoignage anonyme constitue la carotte que les policiers ont a se mettre sous la dent. C’est très peu !

Mais la justice française avait quand même mis en examen Daniel Forrestier et Bruno Susini dans cette affaire. Bruno Susini est un compère, ex-collègue de Forrestier. Il y a un troisième homme, non identifié « placé » sous le statut de témoin assisté.

Mis en examen, Forrestier était sous contrôle judiciaire, au moment de son assassinat. Toutefois, le fait qu’il n’ait été que placé sous contrôle judiciaire, dans une affaire aussi grave, montre que la justice n’avait assez de preuves contre lui.
Autrement, elle aurait demandé la mise en détention de Forrestier.

DES QUESTIONS INCONTOURNABLES :

Pourquoi le pouvoir congolais de Sassou Nguesso -qui est cité dans cette affaire-déciderait-il, subitement, de chercher à éliminer Ferdinand Mbaou, « un opposant réfugié en France depuis plus de…20 ANS » ?

Ferdinand Mbaou, ancien chef de la garde de l’ancien président du Congo, Pascal Lissouba (1992/1997) est totalement oublié dans son pays. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis son départ en exil. L’évident est qu’il ne constitue aucune menace pour le pouvoir en place. Curieusement la presse française ne se pose pas cette question ?

Elle ne se pose pas, non plus, celle de savoir si les autres activités de Forrestier ne lui avaient pas attiré des ennuis ? Il faut noter que, dès sa mise en examen, la présidence du Kazakhstan qui l’employait pour assurer la protection de la fille du chef de l’État, l’a licencié.

Depuis, la situation politique, dans ce pays indépendant en 1991, à la suite de l’éclatement de l’URSS, a évoluée. Le président Nourousultan Nazerbayev a démissionné ; mais reste président du conseil de sécurité du pays (l’instance dirigeante) et chef du parti au pouvoir. On le voit, pour quelqu’un qui a démissionné, il tient, encore fermement les rênes du pouvoir.

Sa fille, naguère protégée par Forrestier est devenue présidente du Sénat, en remplaçant Kassim Jomart-Tokaiev, nouveau Président de la république. La fille se trouve donc en ligne directe de succession, car le président du sénat remplace le président en cas de vacance du pouvoir, ou de démission. Les élections présidentielles sont prévues en 2020.

On peut, cependant, se poser la question de savoir si Forrestier, qui était au cœur de la famille au pouvoir n’était pas une gêne pour telle ou telle raison ?
On l’a dit, plus haut : l’homme parlait beaucoup et pouvait donc susciter des doutes de la part de ses ex-employés.

Dans certains milieux, les doutes sont mortels car, pour les supprimer, on efface, aussi, ceux qui les font naître. La piste du Kazakhstan ne peut être écartée. Comme celle des milieux corses, non plus !

Forrestier, comme son collègue Susini y ont des relations douteuses et potentiellement sulfureuses. Les enquêteurs doivent creuser et, ce d’autant que la signature de l’assassinat renvoie aux exécutions maffieuses ; le modus operandi est similaire, voire même un peu trop.

CONCLUSION PROVISOIRE :

La piste congolaise n’est pas solide. On peut la suivre, mais sans occulter les autres, du côté de Astana, la capitale du Kazakhstan et de l’Ile de Beauté, du côté des truands.

Pour mener une telle enquête, il faut de la volonté, des moyens et du temps. Qui peut penser qu’il s’agit d’une surpriorité pour les limiers de Lyon ?
Toutefois un coup de théâtre peut, toujours, donner un coup de pouce, si on peut dire, aux enquêteurs, les moins virevoltants qui soient.

L’assassinat de Forrestier ne clôt pas les affaires auxquelles il était mêlé. Au contraire ! Il ouvre des pistes nouvelles, si on ose dire.

La scène du crime et l’« histoire » de la personne assassinée sont une mine d’informations, pour qui se donne la peine d’ouvrir les yeux et de se creuser les méninges. Comme Hercule Poirot, Sherlokh Holmes, Colombo etc.

Un indice : Daniel Forrestier était « écrivain » de romans policiers. Il était plongé dans la fiction. La réalité a donc dépassé la fiction.

AFFAIRE A SUIVRE !

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