e débat sur le nucléaire iranien n’est ni moral ni juridique. Il est politique et sécuritaire. Le problème n’est donc pas de savoir si l’Iran « a le droit de développer un programme nucléaire en toute liberté », mais si, celui-ci représente une menace ou pas pour les pays voisins et le monde. La réponse à cette question vitale est positive : le programme nucléaire iranien est un danger pour la région du Proche et du MoyenOrient, mais aussi pour l’ensemble de la planète. On peut rétorquer que le continent asiatique compte déjà plusieurs pays dotés de l’arme atomique comme la Russie, la Chine, l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël. Même si, dans le cas des deux derniers pays cités il s’agit d’un secret de Polichinelle. Alors pourquoi les efforts iraniens seraient plus menaçants ? Parce que ce pays a une volonté expansionniste et qui est attestée par ses actes en faveur de groupuscules extrémistes ,comme le Hezbollah au Liban, son engagement dans les guerres en Syrie et au Yémen, notamment. Il y a aussi ses agissements belliqueux dans le Golfe arabique qui suscitent beaucoup d’inquiétude pour la sécurité de la navigation maritime, dans une zone où passe une importante partie des tankers pour le ravitaillement en pétrole de beaucoup de pays. A ces considérations fondamentales, il faut ajouter le prosélytisme religieux de la République islamique qui cherche à propager l’islam chiite très minoritaire dans le monde. On le voit le régime politique iranien est aussi le problème car si le programme nucléaire, sous contrôle depuis la signature des accords de 2015, avec les USA, la Chine, la Russie, l’Allemagne, la France et le Royaume uni, est relancé, un conflit direct avec l’Etat hébreux serait inévitable. Israël n’acceptera jamais que l’Iran se dote de l’arme atomique car sa sécurité serait gravement menacée. Ce n’est pas un hasard si c’est Tel-Aviv qui a révélé un site clandestin d’enrichissement de l’uranium en Iran que Téhéran n’avait pas signalé à l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). Les agents de l’AIEA y ont relevé des traces de radioactivité qui confirment l’information donnée par Israël. C’est dans ce contexte tendu que l’Iran a repris ses activités d’enrichissement de l’uranium au grand dam de ses partenaires de l’accord (que les USA ont quitté depuis mai 2018). Les européens (France, Allemagne et Royaume Uni) ont appelé l’Iran à arrêter, mais Téhéran ne veut rien entendre. Il fait du chantage aux européens qui s’étaient engagés à trouver une solution pour contourner les sanctions économiques américaines qui ont plongé le pays dans la récession. L’Iran étouffe économiquement et sa population n’en peut plus d’attendre. C’est pourquoi la hausse du prix de l’essence a déclanché des émeutes dans le pays qui se sont soldées par au moins 100 morts. La rebuffade est aussi un acte politique à usage interne. Mais qu’elle soit pertinente reste à démontrer. Il est vrai que la « question iranienne » est complexe dans un contexte géopolitique marqué par de nombreuses incertitudes concernant la situation politique israélienne ,les prochaines élections présidentielles américaines, la guerre au Yémen etc. Mais, dans tous les cas de figure le chantage iranien ne pourra pas prospérer. Les Européens sont agacés par le forcing de Téhéran et n’ont pas de réelle marge de manœuvre face à l’Amérique de Trump qui pèse par sa puissance militaire et son dollar. Et qui n’a aucun intérêt à soulager le régime iranien. Pourtant la sortie de l’accord de 2015 a été une bévue. L’escalade actuelle en est une conséquence directe. Un bras de fer est en cours et il sera résolu sur le terrain car chacun des protagonistes sait, comme le disait Jean Cocteau : « le tout dans l’audace, c’est de savoir jusqu’où on peut aller trop loin.
Les Européens sont agacés par le forcing de Téhéran et n’ont pas de réelle marge de manœuvre face à l’Amérique de Trump qui pèse par sa puissance militaire et son dollar