FRANCE/G5 SAHEL Les questions qui fâchent

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Le président macron vient d’organiser un sommet dans la ville de Pau, avec les chefs d’Etat du Niger, Issoufou, du Mali, IBK, du Burkina, Kaboré, du Tchad, Déby et de Mauritanie, Ghazouani. Il s’est agi, entre le président français et ses pairs du « G5 Sahel » de mettre en exergue leur engagement à combattre, de manière déterminée, les terroristes-jihadistes qui conduisent des attaques meurtrières quotidiennes dans les différents territoires. La mise au net n’a souffert d’aucune entorse et les activistes qui ont essayé de soulever des manifestants pour faire croire à un « rejet » de la présence française au Sahel ont été mis à nu. Il n’y a pas de sentiment anti-français majoritaire au Sahel. C’est une fiction, relayée par des fake news, des infox et de la propagande certainement orchestrée par les terroristes eux-mêmes. La bataille contre les islamistes est à mener, aussi, sur le terrain de la communication, de la lutte contre la pauvreté et pour le développement économique. Le terreau du Sahel est fertile pour les recruteurs de terroristes, avec des pays où règne la misère, l’analphabétisme et l’obscurantisme. Le facteur le plus décisif, si on peut dire, est la pauvreté qui gangrène tout et qui, s’il n’est pas combattu efficacement, empêchera toute lutte décisive contre les terroristes. L’opération BARKHANE qui prolonge SERVAL, avec 4500 hommes -qui vont être renforcés par 220-, fait des résultats. Mais on est loin du compte sur un territoire plus que grand que toute l’Europe. La vérité crue est que la France fait beaucoup ; mais c’est encore très peu pour éradiquer le fléau terroriste. Le soutien conséquent de l’union européenne se fait désirer, l’Amérique opère une base de drones au Niger, mais exprime des velléités de désengagement. Le fardeau que porte la France est trop lourd et l’horizon de la fin de l’opération est indiscernable. Si les succès militaires se multiplient, le moral des troupes restera haut et les opinions publiques continueront d’être positives. Mais si le nombre de morts continue de grimper l’opération Barkhane pourrait s’inviter dans la prochaine campagne électorale pour la présidentielle française. Dans les pays du théâtre d’opération où vont se dérouler des joutes électorales, comme au Burkina, au Niger, au Mali, le débat est incontournable. Les démagogues s’en donneront à cœur joie pour dire n’importe quoi. La vérité est qu’au Sahel, la France apporte une aide appréciable aux pays agressés. Sans sa présence, le Mali serait occupé, voire coupé en deux. Le chanteur Salif Keita qui dénonce la présence française n’a qu’à donner la recette d’une éventuelle victoire malienne contre les terroristes, avec les seuls moyens de l’armée nationale qui était en déroute. Lorsque le gouvernement malien a fait appel à la France ? Chanter est une chose ; faire la guerre en est une autre. Les pays de la ligne de front ont besoin de l’aide internationale :Barkhane, Minusma, forces américaines et européennes pour faire face à une menace barbare. La France n’a pas osé imposer l’élargissement du G5 Sahel. Elle s’est contentée d’une action commune avec Barkhane. On verra sur le terrain, mais il est permis de penser que le nombre n’y est pas, les moyens indispensables, non plus. Une autre question qui fâche est la corruption qui se métastase dans ces pays de la ligne de front. Les terroristes font aussi des affaires :trafic de drogue, d’êtres humains, d’armes et de … terroristes. En effet ceux dont les têtes sont mises à prix sont exfiltrés ou arrêtés et utilisés comme monnaie d’échange. D’aucuns sont bien à l’abri dans l’immensité désertique. C’est dire qu’il ne s’agit pas seulement d’obtenir des chefs d’Etat africains de s’engager derrière la France, mais de lutter contre la corruption, la mal gouvernance, le non respect des règles démocratiques. Cet engagement qui met en balance leur propre pouvoir est plus difficile à prendre, et pourtant, sans cela, l’efficacité de la lutte antiterroriste reste problématique. La lutte anti-terroriste est complexe. Elle implique beaucoup d’acteurs, dans des contextes difficiles, comme c’est le cas au Sahel. Mais la victoire est possible, mais elle exige une sensibilisation et une mobilisation des populations des pays concernés. S’entretenir entre chefs d’Eta, c’est bien ; Donner la parole aux populations, pour mieux les écouter et les associer aux décisions, est un impératif catégorique.

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