Au pas de charge, 48 heures chrono, le président de l’Assemblée par-
lementaire francophone, Amadou Soumahoro, président de l’Assembléenationale de Côte d’Ivoire, a conduit une mission couronnée de succès,
au Bénin.
I
l était à la tête d’une forte délégation de
l’APF composée, entre autres, du secré-
taire parlementaire de l’APF, le député
français Jacques Krabal, de Bruno Fucks, dé-
puté français, de Mme Jaqueline Ngoma, ex-
ministre gabonais de la défense et député,
de députés ivoiriens et belge et de membres
du staff de l’APF, basés à Paris.
Cette mission de haut niveau a rencontré le
chef de l’Etat béninois, Patrice Talon, pendant
plus de deux heures d’horloge, avec qui elle
a passé en revue, toutes les questions liées
à la crise politique qui a éclaté l’année der-
nière et qui avait abouti à la non participation
des partis d’opposition aux élections légis-
latives.
Un débat franc et sans tabous a eu lieu et a
permis au président Soumahoro de mettre
à l’aise son hôte pour favoriser une discussion
féconde sur tous les sujets.
Même ceux qui pourraient fâcher, concernant
l’exclusion, de fait des opposants de la nou-
velle assemblée nationale où ne siègent que
deux partis proches du président Talon.
L’introduction tout en finesse et avec beau-
coup d’humour (« on ne vient pas rendre
visite à un malade avec un linceul et un cor-
billard ») a « détendu l’atmosphère » et permis
de poser les questions incontournables
concernant la mise à l’écart de l’opposition
et des évènements brûlants qui ont secoué
le pays, il y a environ un an.
Le président Talon a saisi la balle au bond
pour faire la genèse de « l’affaire ».
Il a révélé que les décisions qu’il a été amené
à prendre résultent d’un choix opéré par la
septième législature, alors qu’il n’était pas en
fonction.
Les changements ont été votés par les partis
qui siégeaient à l’Assemblée nationale et qui
en sont devenus victimes.
A l’époque, il est vrai que la quasi totalité de
la classe politique béninoise était d’avis qu’il
fallait agir radicalement pour diminuer le
nombre pléthorique de partis dans le pays.
Deux cents (200) formations existaient et « pol-
luaient » l’espace démocratique et, c’est pour
assainir cette situation que des lois restrictives
avaient été votées par la septième législa-
ture.
A la pratique, les difficultés rencontrées par
les opposants ont semblé avoir été favorisées
par le nouveau régime de Talon. Ce dernier
l’a récusé mais a fini par admettre qu’il fallait
y remédier.
C’est chose faite maintenant, à l’issue d’un
dialogue politique qui a permis une révision
constitutionnelle, le vote d’une loi d’amnistie,
une modification de la charte des partis et
l’adoption de lois nouvelles au niveau de
code électoral.
C’est ainsi que la nouvelle loi n°2019-41 du 7
novembre 2019 modifie et complète celle
n°2018-23 du 17 septembre 2018 ;
Le vote de la nouvelle loi s’est fait à l’unani-
mité des 83 députés, appartenant tous à la
majorité présidentielle.
Toujours dans un souci d’apaisement le nom-
bre de députés a été porté à 109 et 24 sièges
sont réservés au femmes.
On est loin de la parité, mais les femmes peu-
vent concourir pour obtenir d’autres postes
de députés.
Il est aussi décidé un financement public des
partis.
Tout cela témoigne de la décrispation ob-
servée sur place par M.Soumahoro et sa dé-
légation.
La longue audience avec le président Talon
a permis à tous les membres de la délégation
de lui poser, directement des questions sur
le statut de l’opposition, le respect des droits
Un débat franc et sans
tabous a eu lieu et a
permis au président
Soumahoro de mettre à
l’aise son hôte pour
favoriser une discussion
féconde sur tous les
sujets.de l’homme, l’état de droit en général et, aussi
la situation des enfants sans état-civil.
Les résultats cités plus haut-et qui sont les
fruits du dialogue social-ont mis en exergue
par le chef de l’Etat béninois qui est apparu
particulièrement conciliant et ouvert.
L’image de l’homme droit dans ses bottes
(sans jeu de mots), s’est effacée au profit d’un
leader responsable, soucieux de tisser les
meilleures relations possibles avec l’opposi-
tion.
Et, il ne s’agit pas d’un effet d’optique ou d’un
numéro de charme politique car toutes les
personnes rencontrées, pendant le séjour, à
l’exception d’une seule(un ancien député),
ont reconnu que le dialogue en cours est réel
et sincère.
M.Soumahoro, en chef de mission conscien-
cieux a tenu à rencontrer des personnalités
de tous bords : membres de la société civile,
ambassadeurs francophones à Cotonou (la
rencontre a eu lieu à la résidence l’ambassa-
deur de France en présence de l’ambassadeur,
de ceux de RD Congo, du Maroc), le président
de la Cour suprême, le ministre de la justice,
l’agence nationale chargée de la lutte contre
la corruption, le président de la commission
nationale des droits de l’homme, des ONG
nationales et internationales et une déléga-
tion des journalistes et professionnels des
médias du pays.
Les échanges ont été sans concession pour
dénoncer la situation de l’année dernière et
se féliciter du nouveau climat de dialogue et
de paix.
La quasi totalité des intervenants a magnifié
la nouvelle donne politique qui témoigne de
la maturité des citoyens et de la volonté des
leaders de tourner la page de la confrontation
pour ouvrir celle du dialogue et de la concer-
tation bénéfiques pour tous.
Le président de l’APF s’en est félicité et a
exhorté ses différents interlocuteurs à conti-
nuer à œuvrer dans le sens de la consolida-
tion de l’Etat de droit, de l’enracinement de
la démocratie et du dialogue permanent.
La crise de l’année dernière est derrière nous,
comme l’a affirmé le président Patrice Talon
dont les propos ont été corroborés par les
opposants. Quid maintenant de l’Assemblée
nationale où l’opposition n’est pas représen-
tée ?
Elle est légale, même si, elle n’est pas repré-
sentative de la réalité et de la diversité poli-
tiques qui la caractérise. La prochaine étape
seront les élections municipales du mois de
mai qui pourraient rétablir un certain équilibre
politique, notamment en vue de la présiden-
tielle.
En effet, l’introduction du parrainage rebat
les cartes et, ce d’autant qu’il devient impé-
ratif d ‘obtenir 10% de parrainages sur les 83
députés et/ou 77 maires.
Pour les députés, en toute logique politique,
il n’y a aucun espoir pour les éventuels can-
didats opposants.
Avoir des édiles est donc, pour eux la seule
voix de salut.
Sauf si une volonté d’ouverture extrême pous-
sait les partis de la majorité présidentielle,
seuls disposant d’élus parlementaires à ac-
cepter de parrainer des opposants.
Est-ce envisageable ? Rien n’est moins sûr !
Mais les élections municipales pourraient ou-
vrir la porte aux opposants, étant entendu
que d’ores et déjà 11 partis ont obtenu les
documents nécessaires pour briguer les suf-
frages des électeurs au mois de mai.
En vérité les municipales vont être le nouveau
baromètre de la démocratie béninoise, si on
peut dire et vont apporter la preuve ou non
de la volonté d’ouverture prônée par Talon.
Il suffira que les élections soient transparentes
et démocratiques.
L’APf et l’OIF, en général vont observer le pro-
cessus électoral avec beaucoup d’attention.
M. Soumagoro et sa délégation ont donc
quitté le Bénin, rassurés et confiant quant à
la volonté des citoyens béninois de corriger
le tir et de restaurer leur pratique démocra-
tique dans toute sa plénitude.
La « mise sous alerte » sera réévaluée au
mois de juillet, lors de la réunion de l’APF
prévue au Maroc, à Rabat.
Il faut signaler la mobilisation du président
de l’Assemblée nationale du Bénin, M. Louis
Vlavonou et de ses collègues qui ont réservé
un accueil chaleureux à M. Soumahorou et
à sa délégation.
La francophonie est d’abord et avant tout
une grande famille où l’on se parle franche-
ment et de manière fraternelle, pour résoudre
tous les problèmes.
C’est un tel leadership que le président de
l’APSF a su incarner pour mener, tambour
battant, et avec succès, sa mission à Porto
Novo et à Cotonou, au Bénin.Le président de l’APF s’en est félicité et a exhorté
ses différents interlocuteurs à continuer à
œuvrer dans le sens de la consolidation de l’Etat
de droit, de l’enracinement de la démocratie et
du dialogue permanent.