Le peu d’enthousiasme suscité
par la 25e Conférence des
parties à la convention cadre
des Nations-Unies sur les
changements climatiques (COP
25) qui s’est tenue récemment à
Madrid (Espagne) a remis au
goût du jour la problématique
de la prise de conscience
environnementale et du respect
des engagements souscrits par
les plus grands pollueurs et
autres grands décideurs du
monde pour lutter contre le
chaos climatique.
La 25e conférence des parties à la
convention cadre des Nations-Unies
sur les changements climatiques (COP
25) s’est tenue à Madrid (Espagne) dans un
contexte géopolitique particulier d’urgence
climatique. A l’opposé des précédents som-
mets, le début timide de la Cop 25 pourrait
s’expliquer selon certains experts climato-
logues par le peu de temps qui avait séparé
le renoncement in extrémis du Chili au profit
de l’Espagne pour organiser un sommet de
cette envergure qui en général nécessite de
longs mois de préparation. L’importance de
la rencontre de Madrid se mesurait à l’aune
des immenses enjeux pour débattre sur le
changement du climat. En outre, cette Cop
technique devrait servir de cadre aux acteurs
pour passer à la loupe cette grande préoccu-
pation du nouveau millénaire qu’est la dura-
bilité (développement durable) et pour faire
avancer certains points de discussions mais
aussi et surtout pour mesurer l’engagement
des Etats à réduire les émissions de gaz à effet
de serre (Ges), l’adoption d’un accord sur le
marché international de carbone et la recons-
titution du fonds d’adaptation. En outre, elle
devrait préparer la Cop 26 prévue l’année pro-
chaine en Ecosse. Une Cop qui, elle, sera émi-
nemment politique du moment où il y est
aussi attendu un engagement plus fort des
Etats. Quatre ans après les accords et les pro-
messes faites lors de la conférence sur le climat
de l’Onu à Paris (Cop 21), qui avait fixé comme
objectif de limiter le réchauffement de la pla-
nète à 1,5 °C, les Etats n’ont pas encore été au
rendez-vous de leurs engagements. Madrid,
qui devrait être le moment pour faire le point
sur les engagements environnementaux des
États et partant, d’agir, a accouché d’une sou-
ris. Sous ce rapport, les positions harmonisées
du groupe africain et des pays les moins avan-
cés qui subissent le plus les effets des chan-
gements climatiques n’ont toujours pas fait
le poids face aux grandes puissances super
pollueurs et autres grands groupes multina-
tionaux. Pourtant, la question était sur toutes
les lèvres avant le déplacement sur Madrid
d’autant plus que leurs attentes étaient fortes
et les négociations de leurs délégations âpres.
En tout état de cause, la spécificité de leurs
préoccupations environnementales pour la
protection de la biodiversité et la lutte contre
les changements climatiques nécessitaient
la mise en place de stratégies adéquates pour
convaincre les parties prenantes à la Cop 25
à agir dans l’urgence. Aussi, le seul effondre-
ment qui menace la planète dans la prochaine
décennie est celui de nos volontés et non les
discours catastrophistes contre productifs de
fin du monde tenus par certaines climato-
septiques. Comme l’a du reste souligné un
récent rapport de l’Onu qui a recommandé
aux Etats, notamment les plus grands pol-
lueurs que sont l’Ue, les Usa, la Chine et l’Inde,
de multiplier par cinq leurs efforts, pour parer
aux effets des changements climatiques (pers-
pective de réchauffement de 3 degrés) et des
énergies fossiles.
ENJEUX DE L’ACTION CLIMATIQUE
Le Secrétaire général des Nations-Unies, An-
tonio Guterres, avait pourtant réitéré la veille
de l’ouverture de la conférence de l’Onu sur
le climat (Cop 25) que 2019 allait se hisser
dans le top 5 des années les plus chaudes. Il
avait aussi dénoncé l’insuffisance des efforts
consentis pour l’atteinte des objectifs. En
effet, les progrès réalisés depuis sont très ti-
mides et tellement loin du compte, fruit du
manque de volonté politique de mettre un
prix sur le carbone. A cela s’ajoute la volonté
d’arrêter les subventions sur les combustibles
fossiles, d’arrêter la construction de centrales
au charbon à partir de 2020 ainsi que celle
de taxer la pollution au lieu de taxer les per-
sonnes. Selon le patron de l’Onu, « depuis
de nombreuses décennies, l’espèce humaine
est en guerre contre la planète et la planète
est en train de se défendre. Nous devons ar-
rêter notre guerre contre la nature, et la
science nous dit que nous pouvons y arriver.
Nous devons limiter la hausse des tempéra-
tures mondiales à 1,5 degré Celsius, atteindre
la neutralité carbone d’ici à 2050 et réduire
les émissions de gaz à effet de serre de 45 %
par rapport à 2010 d’ici à 2030 ». Pour lui, «
il suffit d’arrêter de creuser et de forer, et tirer
parti des vastes possibilités offertes par les
énergies renouvelables et les solutions fon-
dées sur la nature ». Mais leurs préoccupations
semblent être ailleurs que dans la lutte contre
les émissions de gaz à effets de serre à l’origine
du réchauffement climatique de la planète
Terre et la protection de la biodiversité. Tou-
tefois, la lutte contre le changement clima-
tique est un combat gagnable. C’est dans l’or-
dre du possible et du réalisable. Pour ce faire,
il faut donner des motifs d’espoir aux popu-
lations sur les possibilités de succès. Autre-
ment dit, pour mobiliser les énergies, il ne
s’agit pas de faire peur ou de tenir un discours
effondriste pour agir. Sous ce rapport, déjà
68 Etats s’étaient engagés lors de la confé-
rence de l’Onu sur le climat qui s’est tenue
en septembre 2019 à réduire leurs émissions
de Ges. Toutefois, il est à regretter que le flop
de la rencontre des chefs d’Etats des 12 et 13
décembre dernier, qui devraient permettre
aux Etats du G20, qui représentent 80 % des
émissions de gaz à effet de serre, de faire de
grandes annonces sur la question lors de la
dernière Cop 25 et durant toute l’année 2020.
…les positions harmonisées du groupe
africain et des pays les moins avancés qui
subissent le plus les effets des changements
climatiques n’ont toujours pas fait le poids
face aux grandes puissances super pollueurs et
autres grands groupes multinationaux.