I mpossible n’est pas malien ! On craignait un affrontement fratricide entre candidats membres du même parti présidentiel (RPM) pour le fauteuil de président de l’Assemblée nationale ; mais, à la surprise générale, Moussa Timbiné a été le seul et unique candidat du RPM. Il a fait face à l’ancien premier ministre Moussa Mara et a triomphé par 134 voix contre 8. Il se hisse ainsi au Perchoir laissé vacant par Isiaka Sidibé qui avait décidé de ne pas se présenter pour un deuxième mandat. Pourtant, avec un bilan flatteur, dans le contexte politique très difficile du Mali, Sidibé avait des atouts à faire valoir. Mais l’homme -qui avait été choisi parc ses collègues députés et qui avait élu – respire la sérénité et a toujours privilégié l’action digne et lucide. Il est resté fidèle à ses principes jusqu’au bout et a été ovationné par ses collègues députés. Il passe donc la main à un jeune (Timbiné est âgé de 46 ans) enseignant de formation et ancien président de l’association des élèves et étudiants maliens. Pourtant l’élection de Timbiné est un coup de théâtre dans la mesure où l’homme n’était pas élu député, après le second tour. C’est à la suite des « corrections « effectuées par la cour constitutionnelle qu’il a été repêché, si on peut dire. L’action de la cour constitutionnelle a été vivement contestée dans la rue, notamment à Bamako. Avant les « corrections » de la cour, le RPM (rassemblement pour le Mali) n’avait que 43 élus. Il se retrouvera avec 51 députés après coup. Moussa Timbiné est « un miraculé » de cette dernière vague. Tout va bien qui finit bien donc pour lui qui aura la lourde tâche de diriger un Parlement qui n’a jamais été aussi « pluriel », avec plus de 20 formations politiques représentées. Mais Timbiné connaît l’Hémicycle car il était premier vice-président lors de la précédente législature. Il a de très bonnes relations avec le chef de l’Exécutif, IBK qui a appuyé sa candidature. Toutefois, il devra faire ses preuves et, faire respecter les prérogatives de l’Assemblée nationale qui doit certes légiférer, mais aussi contrôler l’action gouvernementale et être le porte-voix des sollicitations populaires. C’est un travail d’équilibriste qui demande doigté et courage politique dans un pays fragile, en proie au terrorisme. Maintenant les législatives sont derrière nous, l’Assemblée est renouvelée mais les défis politique, sécuritaire et terroriste demeurent et doivent être relevés. L’Assemblée doit y jouer, pleinement, sa partition.