Malgré les circonstances
exceptionnelles liées à la sévère
pandémie de la Covid 19, le
leadership du Président de la
République s’est une nouvelle
fois illustré à travers les
initiatives qu’il a prises pour
asseoir, avec ses pairs africains,
la stratégie continentale globale
de lutte et plaider l’annulation
de la dette du continent
durement éprouvé.
L’ampleur de l’impact de la pandémie de
la Covid-19 sur l’économie mondiale
avec ses conséquences immenses a
plombé tous les secteurs d’activité de tous les
pays. Toutes les chaînes de production inter-
nationales sont perturbées, induisant une
baisse de la demande en matières premières,
les économies nationales à l’arrêt, les entre-
prises en difficulté si elles ne sont en dépôt de
bilan voire en faillite, les travailleurs en chômage
partiel et les moins chanceux massivement li-
cenciés. On relève partout une forte récession
de l’activité économique; notamment ceux du
continent. Lors de sa deuxième réunion ordi-
naire au titre de l’année 2020, le Comité de po-
litique monétaire de la banque Centrale des
Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a passé en
revue les récentes évolutions de la conjoncture
économique internationale et régionale ainsi
que les facteurs de risque pouvant affecter les
perspectives à moyen terme, l’inflation et la
croissance économique de l’Union.
LES ÉCONOMIES NATIONALES
DUREMENT IMPACTÉES
Pour les membres du Cpm, l’activité écono-
mique de la sous-région a connu une forte ré-
cession à cause de la pandémie. Les mesures
(fermetures de frontières et confinement) prises
par les Etats à travers le monde pour limiter la
propagation de la covid 19 ont fortement per-
turbé les chaînes de production, de distribution
et de commercialisation, ainsi qu’une montée
des incertitudes entourant les perspectives.
Pour la zone Uemoa, les premières estimations
font ressortir une diminution de 3,9 % de la
croissance du PIB, qui se situerait à +2,7 %
contre une progression de +6,6 % initialement
prévue pour 2020. Une étude de la Cedeao
évalue la perte cumulée de ressources finan-
cières pour des scénarios projetant le terme
de la crise à la fin juin 2020, à la fin septembre
2020 et à la fin décembre 2020 respectivement
à 36,4 milliards de dollars, 63,2 milliards de
dollars et 73 milliards de dollars.
Selon le Fonds Monétaire International, le taux
de croissance de l’économie mondiale ressor-
tirait de -3,0% en 2020 contre 2,9% en 2019.
Au titre de la conjoncture interne, M. Koné et
compagnie relèvent ainsi que l’activité écono-
mique a connu un fort ralentissement, car selon
eux, le PIB de l’Union a progressé, en glissement
annuel, de 3,3% au premier trimestre 2020,
après les 6,5% un trimestre plus tôt. Egalement,
l’exécution des budgets dans les Etats membres
de l’Uemoa au premier trimestre 2020 a forte-
ment ressenti, les contre coups de la pandémie
avec l’augmentation du niveau général des prix
à la consommation (inflation). Aussi, pour at-
ténuer les impacts de la covid 19, les gouver-
nements de l’espace communautaire ont en-
gagé des plans de riposte qui se sont traduits
par une baisse des recettes et une hausse des
dépenses, entraînant une aggravation du déficit
budgétaire. Et, pour eux, ce déficit budgétaire,
base d’engagements, dons compris, ressortirait
à 922,1 milliards ou 4,5 % du PIB à la fin mars
2020 contre 222,5 milliards ou 1,1% du Pib à
la même période de l’année précédente.
LE PRÉSIDENT MACKY SALL PLAIDE
L’ANNULATION DE LA DETTE
AFRICAINE…
Le président Macky Sall a été le premier leader
du porté le plaidoyer pour une stratégie d’an-
nulation de la Dette des pays africains assortie
d’un Plan de rééchelonnement de la dette
commerciale du continent. Dans cet optique,
plus de 14 pays africains ont engagé le combat
avec lui et appelé à une mobilisation citoyenne
collective pour l’annulation de la dette exté-
rieure de l’Afrique. En effet, le service de la dette
absorbe en moyenne 14% des revenus des
pays africains. Dans le cadre de la coopération
internationale, une réunion restreinte en visio-
conférence du bureau du Sommet de l’Union
Africaine élargi aux chefs d’Etat de l’Éthiopie,
du Sénégal et du Rwanda s’est tenue le 3 avril
dernier pour faire le point sur l’impact de la
pandémie et de définir une position africaine
commune pour la riposte à la pandémie, tant
à l’échelle continentale qu’en rapport avec les
partenaires bilatéraux et multilatéraux. C’est
également dans cette logique que l’initiative
pour l’annulation de la dette africaine a été
mise en place pour soutenir cet appel lancé
par le chef de l’État Macky Sall. Cette initiative
qui a été officiellement lancée à Dakar a réuni
des dirigeants politiques, des acteurs de la so-
ciété civile, des artistes, des syndicalistes et
journalistes africains. Ce comité d’initiative de-
mande l’annulation totale et sans conditions
de la dette extérieure africaine pour une amé-
lioration quantitative et qualitative des systèmes
d’éducation et de santé afin de garantir l’accès
universel aux services sociaux de base. Selon
le président Macky Sall dont le plaidoyer sur
l’annulation de la dette publique par les par-
tenaires bilatéraux et multilatéraux a eu un
écho favorable auprès de ces derniers, l’avè-
nement de ce nouveau départ qu’il appelle de
ses vœux doit « mettre l’humain et l’humanité
au cœur des relations internationales ». D’où
l’urgence de « considérer les questions de santé
publique au même titre que la paix, la sécurité,
l’environnement, la lutte contre le terrorisme
et autres criminalités transfrontalières ». Dans
une tribune, Abdoulaye Daouda Diallo, ministre
des Finances et du Budget du Sénégal a ré-
pondu aux arguments des opposants à la re-
quête d’annulation des créances institution-
nelles des pays africains dans le contexte de la
pandémie du Covid-19 portée par le président
de la république du Sénégal, dont son homo-
logue béninois, Romuald Wadagni, ministre de
l’Économie et des Finances de la République
du Bénin,. Selon lui, l’appel du président Macky
Sall pour l’annulation de la dette des pays afri-
cains est vertueux et bien fondé d’autant plus
que les projections pessimistes « ont amené
les institutions régionales et sous-régionales à
définir une position commune sur le traitement
de la dette dans le cadre des initiatives pour
faire face aux conséquences sanitaires et éco-
nomiques de la Covid-19 ». Qui plus est, le com-
muniqué final de la session extraordinaire des
chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao
du 23 avril, qui « soutiennent l’initiative de
l’Union africaine (UA) de négocier avec les par-
tenaires pour une annulation de la dette auprès
de créanciers publics et des institutions mul-
tilatérales, est sans ambiguïté ». Par conséquent,
tout en rappelant que l’endettement respon-
sable se mesure à l’aune du respect à date des
échéances d’engagements financiers, il pense
que « l’Afrique doit disposer d’un espace bud-
gétaire supplémentaire pour faire face aux effets
durables de la crise et les annulations de la
dette auprès des créanciers institutionnels sur
des niveaux importants permettront d’obtenir
des marges de manœuvres conséquentes pour
un tel refinancement, en plus de pouvoir être
utilisées pour des investissements structurants
et à fort impact sur la croissance et l’emploi ».
…
L’UNION AFRICAINE FAVORABLE
À UN « ALLÈGEMENT »
En tout état de cause, qu’il s’agisse de moratoire
ou d’une annulation de la dette, il est désormais
admis que la covid 19 va avoir de graves consé-
quences économiques et sociales pour le
monde. Selon le Fonds monétaire international
(Fmi), l’économie mondiale connaîtra une ré-
cession cette année, avec la baisse de 3% de
la croissance mondiale aux conséquences so-
ciales évidentes (pertes d’emplois). En outre,
elle perdrait quelque 9000 milliards de dollars
en 2020 et 2021. D’autres sources indiquent
que cette perte pourrait avoisiner les 12000
milliards de dollars. L’Union africaine a calculé
que le continent aurait besoin de 200 milliards
de dollars au moins pour faire face à la pandé-
mie du coronavirus et ses conséquences éco-
nomiques et sociales. Au nom de l’organisation
continentale, les quatre envoyés spéciaux choi-
sis par le président en exercice de l’Ua, Cyril
Ramaphosa avaient co-signé une tribune le 11
avril dernier, avec d’autres personnalités, pour
demander un « allégement » de la dette de
l’Afrique, sous la forme d’un moratoire du ser-
vice de la dette pour deux ans. Une position
jugée trop modérée de l’Union africaine car,
de même que la feuille de route qui leur a été
assignée par le président sud-africain qui ne
fait aucune allusion à l’annulation de la dette,
le terme annulation ne figure pas une seule
fois dans leur texte. Selon certains analystes,
le président Ramaphosa et ses envoyés spé-
ciaux se sont contentés de reprendre, à
quelques détails près, l’appel lancé par la
Banque mondiale et le Fmi, quelques jours au-
paravant. Ainsi, le moratoire proposé par le
G20, qui va suspendre et non pas effacer le ser-
vice de la dette de 77 pays pour un montant
de 14 milliards de dollars, n’est pas la réponse
appropriée. Cela représente moins de 200 mil-
lions de dollars pour les 182 pays éligibles. Pour
eux, « même si tout le montant du moratoire
était pour les pays africains, il représenterait
7% des besoins calculés par l’Union africaine
! Même comparé au service de la dette de
l’Afrique en 2020, projetée à 44 milliards de dol-
lars, le moratoire pour les 77 pays représente
31,8%, soit un peu moins du tiers ». Selon le
communiqué des ministres des Finances et
des gouverneurs des Banques centrales du
G20, le moratoire de six mois, serait éventuel-
lement reconduit pour six mois supplémen-
taires.