A six mois de l’échéance présidentielle(si tout se passe comme prévu) c’est le grand retour des vétérans
putshistes comme François Bozizé et Michel Djotodia dans le pays.
D’autres candidats potentiels qui
étaient en hibernation sortent du bois
comme Anicet Dologélé, Martin Zi-
guélé, Karim Meckassoua, voire Jean Serge
Bokassa qui pourrait être pénalisé par un
«handicap patronymique » dans un pays où
les dérives de « l’Empereur » sont encore
fraîches dans les mémoires.
La vérité oblige à reconnaître que le président
au pouvoir Faustin Archange Touadéra est
largement au-dessus de la mêlée et se place
en pole position pour obtenir un second
mandat.
Certes avec la présence de Bozizé qui, logi-
quement ne devrait pas pouvoir présenter
sa candidature, étant sous sanction onu-
sienne « pour crime contre l’humanité et in-
citation au génécide », le parti Kwa Na
Kwa(KNK) devient l’objet de bien des convoi-
tises. Même si, sa longue absence du pays a
distendu ses liens avec ses anciens cama-
rades.
Bozizé y a encore des partisans, mais Toua-
déré,aussi. Dans la propre famille de Bozizé
des querelles intestines ont creusé des fossés
difficiles à combler.
Autre écueil de taille pour le général putshiste,
le rejet des chefs d’Etat des pays voisins qui
avaient souhaité et agi en conséquence pour
précipiter sa chute.
Bozizé hors course, Touadéra n’a pas de rival
de taille qui pourrait l’inquiéter.
Il a un bilan honorable et peut revendiquer
une conduite des affaires de l’Etat marquée
du sceau de la clairvoyance et du souci de
réconciliation nationale.
Il a joué sa partition pour la signature des ac-
cords de Khartoum qui sont une première
pour la Centrafrique avec la présence de re-
présentants de 14 groupes armés qui ont ac-
cepté de signer avec le pouvoir en place à
Bangui.
Le président Touadéra a paraphé l’accord
lors d’une cérémonie solennelle organisée
le 6 février 2019 au palais présidentiel à Ban-
gui.
Ce fut un geste de haute portée politique qui
a suscité beaucoup d’espoir pour les popu-
lations et pour tous les amis de ce pays qui
a beaucoup souffert des conflits de toutes
sortes.
Cet accord est une victoire politique majeure
pour Touadéra qui s’est imposé comme un
homme d’Etat respectable et respecté.
Faut-il préciser que la communauté interna-
tionale (union africaine et ONU) a béni cet
accord et ses représentants étaient sur place
dans la capitale soudanaise.
François Bozizé n’y était pas car il est consi-
déré persona non grata par l’ONU qui a voté
des sanctions contre lui, lesquelles demeu-
rent. Pour le moment il faut saluer les efforts
louables déployés par le régime Toudéra et
souhaiter que l’appétit de pouvoir qui semble
pousser tous ces « revenants » en Centrafrique
soit mesuré et mis en branle, si on peut dire,
dans le cadre de la compétition démocratique
pour solliciter les suffrages des citoyens.
L’espoir est permis, mais la persistance
d’actes de violence dans le pays doit aussi
pousser à la vigilance.
La communauté internationale a un rôle im-
portant à jouer pour calmer les esprits et
mettre en garde tous les candidats potentiels
qui ont rappliqué dans le pays, les uns nos-
talgiques d’un fauteuil perdu, les autres at-
tirés par des opportunités réelles ou fantas-
mées. La situation qui prévaut en Centrafrique
est encore précaire .Il faut le savoir et agir,dès
maintenant pour éviter toute dérive qui pour-
rait déclencher un incendie politique et/ou
social.
Le sens des responsabilités des membres de
la « classe politique » ne peut pas être pris
pour argent comptant.
Le passé trouble du pays pousse à penser le
contraire.
L’ONU et la CPI ont des cartes à jouer et des
mises en garde à proférer .Le temps de le
faire, c’est maintenant.