A cause du Covid-19, les écoles ont été fermées entre le 16 mars et le 24 juin. Malgré cette longue pose
de près de trois mois, les acteurs de l’éducation ayant écarté toute idée d’année blanche. Même si la
maladie continue sa propagation, les cours ont repris le 25 juin 2020 pour les élèves des classes d’examen.
Pour les autres potaches, le critère de passage en classe supérieure sera fixé par un comité pédagogique.
Cette situation a conduit à un chamboulement de l’année scolaire car les examens qui se tenaient
d’habitude entre juin et juillet ont été reportés en septembre prochain.
Pour limiter la propagation du Covid-
19, le président de la République a or-
donné la fermeture des écoles à comp-
ter du 16 mars 2020. Mais, très tôt, l’Etat avait
écarté l’idée d’une année blanche. Une posi-
tion partagée par les autres acteurs de l’édu-
cation : syndicats, société civile, parents
d’élèves. D’ailleurs quelques jours après la fer-
meture des écoles, le ministère de l’Education
nationale lance l’initiative « Apprendre à la
maison » permettant ainsi aux élèves en classes
d’examen de continuer les enseignements ap-
prentissages en ligne. Ainsi donc, les différents
acteurs ont travaillé dans le sens de sauver
l’année. Une première date de reprise a été
fixée pour le 2 juin dernier. Près de trois se-
maines de préparation, à la veille, de cette
date, le ministère de l’Education nationale sur
instruction du président de la République, an-
nonce le report à une date ultérieure suite à
la contamination d’enseignants dans la région
de Ziguinchor. Il a fallut attendre le 17 juin der-
nier pour annoncer une nouvelle date de re-
prise pour le 25 du même mois.
Ainsi les écoles qui étaient fermées depuis le
16 mars dernier, ont été ouvertes le 25 juin
pour les élèves des classes d’examen. 551 000
élèves en classes d’examens sont concernés.
Si les cours ont pu reprendre le 25 juin dernier,
c’est grâce à la volonté des pouvoirs publics
mais également des autres acteurs de l’édu-
cation qui ont décidé à tout pris de sauver
l’année scolaire. Ils ont écarté toute idée d’an-
née blanche. Ils fondent leur argumentaire sur
le fait que les évaluations du premier semestre
étaient bouclées dans le moyen secondaire.
Pour les élèves de l’élémentaire, les évaluations
du premier et second trimestre ont été faites
avant l’arrêt des cours.
C’est pourquoi, les acteurs pensent que l’année
scolaire n’est pas menacée. Inspecteur de l’édu-
cation, El Cantara Sarr affirme que l’année n’est
pas hypothéquée. Il donne comme argumen-
taire, le quantum horaire et les évaluations.
Pour répondre à cette question, il est nécessaire
de convoquer quelques éléments liés aux pré-
acquis. Il s’agit du quantum horaire et des éva-
luations. «Avec la Covid-19, le quantum horaire
enregistre un déficit hors grèves de 301 heures.
Avec les cinq plans d’action du G7 de janvier
à mars (environ 94 heures), et la perte générée
par la suspension des enseignements, le déficit
global du point de vue du quantum est de 395
heures soit 31% du quantum horaire prescrit
par le décret 2019-1363 relatif aux trimestres
et à la durée des congés et vacances dans les
établissements scolaires pour l’année scolaire
2019-2020 (1296 heures) », a confié M. Sarr qui
est également le secrétaire général national
des inspectrices et inspecteurs de l’éducation
nationale du Sénégal (Siens). Il précise que le
crédit horaire effectif est d’environ 901 heures.
Pour ce qui reste de l’année scolaire, (juin-juil-
let), il peut être à son avis, attendu un reliquat
potentiel de 194 heures. «Partant, si le calen-
drier de reprise est effectif, nous aurons glo-
balement réalisé le quantum prescrit autour
de 70% », a-t-il expliqué.
Concernant les évaluations, l’inspecteur de
noter que celles du 1er semestre (collège) et
celles des deux trimestres (pour l’élémentaire)
sont réalisées. «S’appuyant sur ces éléments
et tenant compte des difficultés quasi struc-
turelles à réaliser annuellement 900 heures
d’enseignement apprentissage, nous sommes
en droit d’avancer que nous n’avons point en-
core atteint un niveau critique tel qu’on ne
pourrait plus envisager une reprise et validation
de l’année scolaire et de poser que la validité
de l’année scolaire n’est pas hypothéquée», a-
t-il dit.
A CAUSE DU COVID-19, LE DÉFICIT
DU QUANTUM HORAIRE HORS GRÈVES
ESTIMÉ À 301 HEURES
« Au niveau du Syndicat autonome des ensei-
gnants du moyen secondaire du Sénégal
(Saemss), nous prenons acte de l’annonce de
la reprise des cours le 25 juin prochain, car
nous ne voulons pas d’une année blanche »,
renseigne Saourou Sène, secrétaire général
dudit syndicat et par ailleurs coordonnateur
du G7 (Groupe des 7 syndicats les plus repré-
sentatifs dans l’éducation). Selon lui, si toutes
les conditions sont réunies, il ne voit pas pour-
quoi ne pas redémarrer les enseignements-
apprentissages, d’autant plus que tous les au-
tres secteurs de la vie socio-économique ont
repris leurs activités.
Joint au téléphone, le secrétaire général du
Syndicat unitaire et démocratique des ensei-
gnants du Sénégal (Sudes), Amadou Diaouné,
dit être en phase avec la décision du gouver-
nement de reprendre les cours le 25 juin pro-
chain. « Nous avons estimé qu’il fallait sauver
l’année scolaire en reprenant les cours en deux
phases. Donc, nous sommes en phase avec
le gouvernement », déclare-t-il.
Les parents d’élèves abondent dans le même
sens. Les responsables interpellés annoncent
unanimement leur adhésion à la décision du
gouvernement de rouvrir les écoles. « Nous
adhérons à la décision prise par le ministère
de l’Education nationale de reprendre les cours
le 25 juin prochain. Nous avons toujours de-
mandé la reprise des enseignements », sou-
ligne Abdoulaye Fané, président de l’Union
nationale des parents d’élèves et d’étudiants
du Sénégal (Unapes). Selle Guèye Carrere, pré-
sidente de l’Union départementale des Asso-
ciations de parents d’élèves (Ape) de Dakar et
membre de la Fédération nationale des asso-
ciations de parents d’élèves (Fenapes), est du
même avis. « Les Ape ont donné leur avis. Nous
sommes pour la reprise des cours, car nous
voulons que les enfants soient dans les écoles
et non dans la rue», confie-t-elle.
Finalement, les cours ont repris le 25 juin der-
nier comme prévu par les autorités. Mais, il a
fallu le respect du protocole médical comme
recommandé par le ministère de la Santé.
Dans ce cadre, des dispositions ont été prises
et ont conduit à une campagne nationale de
distribution de matériels et d’équipements de
protection, de solutions hydro alcooliques, la
désinfection des écoles. L’autre mesure, c’est
la réduction du nombre d’élèves par salle de
classe (20 potaches) pour respecter la distan-
ciation sociale.
Réaménagement du calendrier scolaire
La reprise tardive des cours a conduit le ministère de l’Education nationale (Men)
à réaménager le calendrier scolaire. Ainsi donc, au cours d’un point de presse
tenu le 18 juin dernier, Mamadou Talla a retenu la date du 20 août pour les
examens du Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee) et de l’Entrée en sixième.
Quant à l’examen du Bfem, il est acté à partir du 14 septembre 2020, avec une
session de remplacement le 15 octobre. Pour le baccalauréat général, l’épreuve
anticipée de philosophie démarre le 12 août avant de se poursuivra à partir du 2
septembre prochain. Les examens professionnels du Cap, du Bep et du Bts auront
lieu du 3 août au 30 septembre prochain.
Le ministre de l’Education nationale n’a pas oublié les classes intermédiaires. Il a
indiqué qu’elles bénéficieront d’un traitement spécifique. Pour cela, il que des
comités pédagogiques seront créés pour définir les critères d’admission des élèves
en classe supérieure. Sur ce point, il a précisé que les propositions de passages
seront faites avant le 31 juillet.
Lors de cette rencontre, le ministre de l’Education nationale a avancé que la pro-
chaine année scolaire commencera au Sénégal dans la première semaine du mois
de novembre 2020.