Au lendemain du coup d’Etat des officiers de Kati ,le Mali se trouve dans une situation grosse
d’incertitudes.
IBK et Boubou Cissé sont prisonniers des militaires, le calme règne à Bamako et l’Armée
semble obéir aux mutins.
Ces derniers ont demandé à la population de reprendre ses activités.
Mais, sur le plan international ,c’est l’unanimité qui prévaut pour dénoncer le coup de force
et exiger des mutins qu’ils regagnent les casernes et libèrent le président Ibk et son premier
ministre.
La CEDEAO ,l’union africaine(UA),l’ONU ,l’UE ,la France ,les USA ont tous condamné le
putsch et sommé les militaires de déposer les armes et de restaurer l’ordre légal et
républicain.
Et les mesures de rétorsion commencent à tomber :la CEDEAO a fermé toutes les frontières
de ses Etats membres voisins du Mali, et l’UA a suspendu le pays.
Au moment où ces lignes sont écrites ,le conseil de sécurité de l’ONU est entrain de se réunir
sur le Mali.
La pression est donc maximale sur une junte composée certes d’officiers ,mais qui auront
toutes les peines du monde à faire face presque au monde entier.
Faut-il rappeler que le Mali est déjà en proie à une insécurité endémique ,à un terrorisme
jihadiste et à des heurts communautaires sanglants ?
De facto ,le pays est divisé entre un Nord où l’Etat est peu présent et un Sud où se déploie
la République ,si on peut dire.
L’ONU y entretient des casques bleus d’environ 13 hommes et la France une force,
Batkhane de 5100 soldats qui couvre l’ensemble du Sahel.
Dans ce contexte spécifique ,il y a peu d’espace pour un régime putschiste rejeté par la
communauté internationale.
Les mutins ont intérêts d’agir vite pour donner des gages de ne pas vouloir s’éterniser au
pouvoir ,en favorisant, par exemple la formation d’un gouvernement civil composé de
personnalités crédibles et respectables.
Mais si l’ivresse du pouvoir s’empare d’eux et qu’ils pensent qu’ils peuvent braver le monde
entier ,leur chute sera rapide et spectaculaire.
Car le temps des régimes putschistes est révolu en Afrique.
Il faut craindre que l’entrée dans la danse du M5 qui annonce une « fête du peuple » demain
soit grosse de dérives populaires et populistes.
Certes le régime de IBK est une honte et la CEDEAO n’aurait jamais dû être tendre avec
lui ;mais ce n’était pas la terreur.
La corruption ,le népotisme et l’affairisme l’avaient gangréné et c’est pour quoi ,on ne peut
le regretter.
Le problème est qu’il faut y mettre un terme par la voie légale et c’est possible .lA
dissolution de l’Assemblée nationale s’imposait depuis longtemps ,tout comme le
changement de premier ministre.
C’est ce chemin que doit prendre la junte rapidement et annoncer un calendrier précis.
La fin de l’année devrait être un horizon indépassable, avec dès maintenant ,le transfert de
« pans entiers » du pouvoir à un gouvernement majoritairement civil.
Il n’est sûr qu’une telle pilule puisse être avalée par la communauté internationale .Mais elle
ouvrirait les portes d’un dialogue réaliste ,si on ose dire.
Le temps est compté et toute tentative de confiscation du pouvoir ,en jouant la montre
,serait suicidaire.
C’est ce qui a perdu IBK.
Les sanction décidées par la CEDEAO et l’UA, en attendant celles de l’UE ,vont être
durement ressenties par les populations maliennes qui sont approvisionnées à partir des
ports d’Abidjan, de Dakar et de Conakry.
Le port de Nouakchott pourrait être utilisé dans ce nouveau contexte car la Mauritanie est
frontalière avec le Mali et n’est pas membre de la CEDEAO ?
Quoiqu’il en soit ,le Mali, pays enclavé va souffrir de la fermeture des frontières de la
Guinée ,du Sénégal ,du Burkina, du Niger et de la Côte d’Ivoire ,tous pays membres de la
CEDEAO et partageant des centaines de kilomètres de frontières avec lui.
Il y a aussi et surtout l’existence d’une infrastructure routière, portuaire et naguère
ferroviaire qui est bâtie dans le cadre d’une interdépendance économique structurelle.
Les partenaires du Mali ressentiront aussi le choc ,mais c’est bien le Mali qui souffrira le plus.
On le voit ,ce coup d’état ouvre un chemin d’incertitudes qui obscurçit l’horizon dans une
région où le flou se conjugue avec l’immensité désertique.
Il n’y a plus ni visibilité ,ni lisibilité.
Cette parenthèse de pronunciamiento devrait être la plus courte possible dans l’intérêt bien
compris des maliens et de les habitants de la sous-région.
L’entrée en scène, demain ,du M5,va ,peut-être aidé ,à y voir un peu plus clair.