LE PRESIDENT MACKY SALL A LA RENCONTRE DES ENTREPRENEURS DE FRANCE « Ensemble, œuvrons pour d’autres perspectives de partenariats durables »

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Le Président de la République, Macky Sall invité des Journées du MEDF les 26 et 27 août derniers, s’est
adressé à Geoffroy Roux de Bézieux, Président du Mouvement des Entreprises de France et aux membres
des secteurs privés français et sénégalais. Selon le Chef de l’Etat sénégalais qui avait été reçu en déjeuner
par son homologue Emmanuel Macron, à l’Elysée, « ensemble, œuvrons pour d’autres perspectives de
partenariats durables ». Macky Sall est pour des investissements rentables et mutuellement bénéfiques.

T
«

enir en présentiel un évènement
aussi majeur que la Rencontre des
Entrepreneurs de France dans les
circonstances exceptionnelles de la pandémie
COVID-19 est assurément une gageure et un
acte de résilience », a souligné d’entrée Macky
Sall.
Et d’ajouter : « J’imagine le temps et les efforts
consacrés à l’organisation de ce rendez-vous
dans le respect des règles sanitaires. C’est
une formidable démonstration de résilience
et d’adaptation en ces temps d’épreuve. Je
vous en félicite vivement ».
Il a remercié le Président de Bézieux et à ses
collègues, de l’avoir convié comme invité

d’honneur de leurs assises. « J’y vois le té-
moignage renouvelé de votre attachement

au Sénégal et à l’Afrique, et de l’intérêt que
vous accordez aux relations conviviales de
coopération et de partenariat entre nos deux
pays », a-t-il encore déclaré.

Pour lui, en venant à la rencontre, « j’ai éga-
lement à l’esprit que les bonnes affaires fleu-
rissent dans le terreau fertile de l’amitié et de

la confiance mutuelle ».

Cette année, à travers le thème de la Renais-
sance des entreprises de France, a-t-il pour-
suivi, vous mettez en lumière les enjeux éco-
nomiques, sociaux, et sociétaux de

l’après-COVID, en relation avec la souveraineté

économique, l’urgence de la transition éco-
logique et de la préservation de la biodiver-
sité, des nouveaux modes de consommation

et l’évolution du travail.
« Ces préoccupations nous interpellent tous,
pouvoirs publics, secteur privé et citoyens,
du Nord comme du Sud », a dit Macky Sall.
Selon le Chef de l’Etat sénégalais, voilà plus

de six mois en effet que l’infiniment petit se-
coue le monde entier, mettant à rude épreuve

les systèmes sanitaires les plus sophistiqués,

pulvérisant les taux de croissance écono-
mique, bouleversant les relations sociales,

plongeant les entreprises, travailleurs et mé-
nages dans la précarité.

Cette crise sanitaire majeure, a-t-il martelé,
révèle au grand jour l’impréparation du
monde face aux pandémies, et met à nu les

vulnérabilités et contradictions de notre mo-
dèle de production et de consommation. Au

fond, c’est la question de la finalité même du
développement qui est posée.

« Dans sa quête du progrès l’homme recule
chaque jour les limites de la science et de la
technologie, y compris dans la conquête de
l’espace. Pendant ce temps, sur terre, il

manque de masques, de kits de test, d’équi-
pements de protection individuelle, de lits,

de respirateurs ; autant de nécessités indis-
pensables à sa vie et à sa santé », s’est exprimé

le Président Sall.
A son avis, il urge de repenser notre modèle

de développement, d’apprendre de nos er-
reurs, de redéfinir l’ordre des priorités et de

redonner sens à l’économie réelle, en inves-
tissant plus et mieux dans l’agriculture, l’éner-
gie durable, les infrastructures, la santé, l’édu-
cation et la formation, afin de réaliser un

développement compatible avec le bien-être
de l’homme intégral.
UNE AFRIQUE RESILIENTE
Devant cette pandémie inédite, a-t-il constaté,
l’Afrique, par son expérience des épidémies,

par la jeunesse de sa population et les me-
sures préventives précoces, se montre rési-
liente et combative, déjouant ainsi les som-
bres pronostics qui prédisaient une

hécatombe sur le continent.
Donnant l’exemple de son pays, il a témoigné
que le Sénégal fait face à la crise dans le cadre
d’un Programme de Résilience économique
et sociale (PRES) à hauteur de 1,64 milliard
de dollars, financé par l’Etat, avec l’appui de

partenaires au développement et de dona-
tions volontaires.

Ce programme, selon lui, nous a permis de :

• soutenir le secteur de la santé par le relè-
vement substantiel du plateau médical,

des tests et un traitement gratuits des ma-
lades ;

• assister les populations en denrées de pre-
mière nécessité et produits phyto sani-
taires ;

• appuyer notre diaspora, si généreuse en-
vers le pays en temps normal, et au-
jourd’hui durement éprouvée ;

• sauvegarder la stabilité macroécono-
mique ;

• soutenir le secteur privé et préserver l’em-
ploi à travers un paquet de mesures fis-
cales, douanières et d’injection de liqui-
dités ;

• enfin, assurer l’approvisionnement continu
du pays en hydrocarbures.
Il reste que pour l’ensemble des pays africains,

les efforts internes ne suffiront pas pour amor-
tir le choc de la crise et relancer la croissance

économique. Il nous faut plus de capacités

financières, a encore ajouté le Président sé-
négalais.

PLAIDOYER POUR UN ALLEGEMENT
CONSEQUENT DE LA DETTE PUBLIQUE
AFRICAINE

« C’est pourquoi avec d’autres collègues, j’ai

lancé un plaidoyer pour un allègement consé-
quent de la dette publique africaine et un

réarrangement de la dette privée selon des
modalités à convenir ; afin de permettre à
nos pays de disposer d’espaces budgétaires
qui seront entièrement consacrés à la riposte

sanitaire, à la résilience économique et so-
ciale, et à la sauvegarde de l’emploi », a-t-il

expliqué.

Il a salué le rôle du Président Emmanuel Ma-
cron qui a contribué à l’adoption par le G20

d’un moratoire sur le service de la dette
jusqu’à la fin de l’année 2020.

« C’est une mesure appréciable, mais certai-
nement insuffisante compte tenu de l’impact

de la crise sur nos économies. Si je prends
l’exemple du Sénégal, d’après nos dernières

estimations, notre taux de croissance éco-
nomique passerait de 6,8 % à 1,1 %. C’est

pourquoi l’Union Africaine souhaite travailler
avec les partenaires pour une extension du

moratoire du G20 jusqu’en 2021 », a-t-il re-
connu.

Pour Macky Sall, à situation exceptionnelle,
mesures exceptionnelles. « Je note ainsi, que
la règle sacro-sainte de discipline budgétaire
selon laquelle le déficit annuel ne doit pas
excéder 3 % du PIB est aujourd’hui écartée
pour faire face à la crise », dixit le Chef de
l’Etat.
C’est dans le même esprit, a-t-il souhaité,
qu’il convient de considérer la question de

l’allègement du fardeau de la dette, pour ac-
compagner l’Afrique dans ses efforts de ré-
silience et de reprise de sa trajectoire d’émer-
gence post COVID.

Au demeurant, avec un montant de 365 mil-
liards de dollars, la dette africaine ne repré-sente que 2 % du volume de la dette mon-
diale.

Il a rappelé également que depuis plusieurs
années, l’Afrique affiche régulièrement des
taux de croissance supérieurs à la moyenne
mondiale.
« En dépit des défis devant nous, les pays
africains sont en grande majorité dans une
dynamique de construction et de progrès.
Ces pays sont stables. Les Gouvernements
sont à la tâche. Il y a une jeunesse instruite,
créative, qui entreprend et qui réussit ; des

millions d’hommes et de femmes qui travail-
lent, qui investissent, qui créent des emplois

et de la richesse », s’est confié Macky Sall.
Selon lui, toutes ces transformations positives
restent dans « l’angle mort » de l’actualité ;
parce que les mutations tranquilles, à l’image
des arbres qui poussent dans la forêt, ne font
pas de bruit. L’Afrique émergente est loin des
stéréotypes qui la présentent comme la face
obscure de l’humanité ; et le risque d’y investir

n’est pas plus élevé que dans beaucoup d’au-
tres régions du monde.

Et de lancer un appel : « à tous nos parte-
naires, publics et privés, mon message reste

le même : posez un nouveau regard sur
l’Afrique et les africains. Ceux qui continuent
de percevoir et d’analyser les dynamiques
africaines à travers des paradigmes et des
paramètres périmés, risquent d’être surpris
et en retard sur les rendez-vous de demain. »
OPPORTUNITES ET INVESTISSEMENTS
EN AFRIQUE

Pour une économie mondiale essoufflée,

l’Afrique en construction est une source d’op-
portunités et d’investissements, selon Macky

Sall. « C’est aussi un acteur qui demande des
rapports de partenariat plus qualitatifs, plus
justes et plus équitables, pour une croissance
et une prospérité partagées ».
Le Sénégal, a-t-il affirmé, veut rester dans

cette dynamique avec la Phase II du Plan Sé-
négal Emergent sur la séquence 2019-2023.

Le Programme d’Actions prioritaires (PAP) de
cette Phase II porte sur des secteurs cibles

comme les infrastructures, les mines, l’éner-
gie, y compris l’exploitation du gaz et du pé-
trole, le transport, l’agriculture et l’agro bu-
siness, la construction, avec un programme

quinquennal de 100 000 logements, le tou-
risme, la finance, les industries et l’économie

numérique.
Il a reconnu que la pandémie COVID-19 nous

a révélé des points de vulnérabilités poten-
tielles, qui nous exposeraient à des pénuries

en cas de rupture de fret ou de rétention de
certains produits par les pays exportateurs
pour satisfaire leurs propres besoins. Il en est

ainsi de l’agriculture et de l’industrie phar-
maceutique, entre autres. « Pour parer à de

telles éventualités, nous avons entamé un
processus d’ajustement et d’accélération du
PAP du PSE II, à travers un Programme de
Relance de l’Economie nationale.
Il s’agit, en tenant compte du fait que la
COVID-19 est encore là pour un certain temps,
de faire vivre l’économie toutes précautions
sanitaires prises. Ainsi, nous allons adopter

en septembre le Programme d’Actions Prio-
ritaires ajusté et accéléré (PAP2a). Il s’agira

de donner une sur-priorité à la souveraineté
alimentaire (agriculture, élevage et pêche),
pharmaceutique et sanitaire, et de booster

en même temps l’industrialisation de l’éco-
nomie, le numérique, le tourisme, le loge-
ment, en favorisant davantage l’équité terri-
toriale et l’inclusion sociale. Parallèlement,

les projets stratégiques des infrastructures
et de l’énergie seront poursuivis ».
D’ici 2023, le PAP2a requiert un financement

de 22,4 milliards d’euros dont le tiers est at-
tendu du secteur privé local et étranger.

Aux opérateurs français, il a rappelé que nous

avons en commun une langue et une tradi-
tion juridique, en plus de la proximité géo-
graphique, et plus de 250 entreprises fran-
çaises opèrent au Sénégal, pour plus de 30

000 emplois créés. Voilà ce qui nous permet
de travailler ensemble sur des projets divers,
parfois sophistiqués, comme celui du Train
Express Régional dont la première phase est
en cours d’achèvement.
Les atouts sont là, non négligeables. Tout
comme il y a des défis à relever. Défis de la
compétition et de l’obligation de résultat. Le
cercle des partenariats s’élargit en Afrique,

de sorte qu’il ne peut plus y avoir ni d’exclu-
sion, ni d’exclusivité sur le continent. De plus,

les gouvernants sont tenus par des exigences
de délai et de qualité dans l’exécution des
projets. Chaque projet doit être exécuté dans
les normes et livré à l’échéance convenue.
A son avis, le vrai enjeu de la coopération
avec l’Afrique aujourd’hui, ce n’est plus le
débat sur l’augmentation de l’aide publique

au développement, mais comment les gou-
vernements des pays partenaires pourraient

soutenir les initiatives d’investissement privé
par la facilitation de l’accès au crédit et des
mécanismes de financement appropriés.

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