PROBLEMATIQUE DES INONDATIONS AU SENEGAL Une gestion post-catastrophe en débat

0
398

Les différents régimes qui se sont succédé au Sénégal ont toujours
été confrontés, avec des fortunes diverses, aux problèmes créés par
les inondations.

Le Sénégal a enregistré de fortes préci-
pitations en début septembre qui ont

entraîné de nombreux dégâts et des
pertes en vies humaines. Une situation qui
a ravivé la polémique autour de la gestion
des inondations par l’État décliné à travers

le Plan décennal de lutte contre les inonda-
tions (Pdli 2012-2022). Pour une restructu-
ration et un ménagement des zones d’inon-
dations, le président Macky Sall nouvellement

élu avait initié une politique de gestion des
risques d’inondation visant à préserver les

vies humaines, à réduire les incidences né-
gatives aux plans économique et environne-
mental. C’est ainsi qu’il a créé le ministère de

la restructuration et de l’aménagement des

zones d’inondation (Mrazi) en 2012, exclusi-
vement dédié à la gestion des inondations.

Il devrait favoriser la coordination de tous les
acteurs impliqués et corriger les impairs des
entités créées auparavant et qui ont montré

leurs limites. Il s’agit entre autres de la com-
mission nationale de gestion prévisionnelle

des inondations (Conagpi) créée en 2001 qui
sera remplacée par la commission nationale
de prévention, de supervision et de suivi de
la lutte contre les inondations (Cnpssli) en
2007 qui, à son tour, sera supplantée par le

comité national de lutte contre les inonda-
tions (Cnli) créé en 2010. Pour structurer, ren-
forcer l’intervention de l’État et venir à bout

de cette problématique récurrente, il a initié

le Programme décennal de gestion des inon-
dations (Pdgi)

LE PDGI : UNE RÉPONSE STRUCTURANTE
PLANIFIÉE

Le Programme décennal de gestion des inon-
dations (Pdgi) qui couvre la période 2012-

2022 est un « programme national intégré et

cohérent axé sur l’atténuation notable et du-
rable des effets des inondations ». D’un mon-
tant global de 766,988 milliards de F Cfa, sa

mise en œuvre inclut à la fois le Projet de
Gestion des Eaux Pluviales et d’adaptation
au changement climatique (Progep) financé

à hauteur de 65 milliards F Cfa, un projet in-
tégré novateur de gestion durable des inon-
dations, ainsi que les projets de construction

de réseaux de drainage par l’Onas pour un
volume global de 30,225 milliards de F Cfa.
Pour son exécution, un planning a été élaboré
décliné en Plan d’urgence de trois phases:
Une phase d’urgence 2012-2013 de 66,375
milliards de F Cfa, une phase à court terme
2014-2016 dotée de 250,603 milliards de F
Cfa et une phase à moyen et long termes

pour la période 2017-2022 avec une enve-
loppe de 450,009 milliards de F Cfa. La pre-
mière phase qui couvre la période 2013 2014

devrait permettre l’identification des zones
d’inondation critiques, le recensement de

tous les sinistrés et le relogement des popu-
lations installées dans les zones d’inondation

à libérer dans l’urgence (bas fonds, voies
d’eau, lits des lacs et mares). Elle s’est aussi
fixé comme objectifs l’élaboration d’études

de restructuration et d’aménagement des

zones d’inondation et la réalisation des ou-
vrages structurants et durables de drainage

et de stockage des eaux pluviales dans les
zones prioritaires. Dans le cadre de la phase
à moyen et long termes (2017-2022), plusieurs

autres projets du Programme décennal ré-
partis en ouvrages de drainage et de stockage

continueront à être financés et exécutés par

l’État. Selon l’ancien Premier ministre, Ma-
hammad Boun Abdallah Dionne, « beaucoup

d’efforts ont déjà été consentis dans la réali-
sation d’ouvrages structurants à travers le

pays, des travaux qui ont permis d’obtenir
des résultats notoires dans la lutte contre les
inondations, particulièrement dans la région
de Dakar où le plus gros des investissements
a été réalisé ». Dans ce cadre, le Chef de l’Etat,

en conseil des ministres, a instruit les minis-
tres concernés en relation avec les maires

des communes ciblées à l’échelle du territoire

national, d’exécuter la matrice d’actions prio-
ritaires adoptées pour faire face aux inonda-
tions au titre de l’année 2020, de lui soumettre

un rapport détaillé sur l’état de mise en œuvre
du Programme Décennal de Lutte contre les

Inondations « qui sera rendu public » et d’ac-
corder une priorité spéciale à la restructura-
tion et à la rénovation des quartiers inonda-
bles. En outre, il a décrété le samedi 5 août

2020, le Plan national d’organisation des se-
cours (Orsec) ; ouvrant ainsi une phase ex-
ceptionnelle d’organisation et de coordination

des secours aux populations.. Il a aussi de-
mandé aux ministres impliqués ainsi qu’à

l’administration territoriale et aux élus locaux
d’intensifier les opérations de pompage des

eaux et de déployer dans l’urgence l’assis-
tance attendue de l’Etat aux populations si-
nistrées. Pour son effectivité, il a alloué une

enveloppe budgétaire d’urgence, d’un mon-
tant de 10 milliards de F Cfa, destinée au ren-
forcement de l’efficacité des opérations de

pompage et des systèmes d’assainissement,

ainsi qu’à l’appui social immédiat aux popu-
lations sinistrées à hauteur de 03 milliards

de F Cfa.
Il a également rappelé au Gouvernement, la

nécessité de poursuivre la mise en œuvre op-
timale du Programme Décennal de Lutte

contre les inondations et d’accélérer la for-
mulation de la deuxième phase du Projet de

Gestion des Eaux Pluviales et d’adaptation

au changement climatique (Progep). En at-
tendant la publication dudit rapport, force

est de constater que le phénomène des inon-
dations persistent et continuent d’installer

désolation et calamités chez les populations
sinistrées. Une problématique récurrente que

pourrait expliquer l’insuffisance voire l’ina-
déquation d’un dispositif législatif et régle-
mentaire. Sous ce rapport, rares sont les com-
munes au Sénégal qui disposent de plan

d’urbanisme de détail, de système d’infor-
mation géographique ou de plans d’occupa-
tion et d’affectation des sols. Pis, selon les

prévisions des services météorologiques, les

activités pluvio-orageuses d’intensités varia-
bles vont persister sur la quasi-totalité du

pays. Par conséquent, cela requiert une vigi-
lance d’autant plus que les phénomènes mé-
téorologiques pourraient aggraver la situa-
tion des zones inondées et/ou celles

soumises à des risques d’inondations aussi
bien dans les zones urbaines et rurales du
pays.

Plan décennal de lutte contre les inondations (Pnli)

La mise en œuvre du plan décennal de lutte contre les inondations (Pdli)
devrait permettre d’identifier les goulots d’étranglement, de situer les

responsabilités et d’envisager sereinement des perspectives plus ras-
surantes au profit exclusif des populations impactées. Ce programme

d’anticipation se résume en dix points que sont:

  • La validation du Programme décennal de Gestion des Inondations
    composé de trois phases (une phase d’urgence : 2012-2013, une
    phase court terme 2014-2016 et la phase moyen et long terme 2017-
    2022).
  • La validation du budget de la phase d’urgence 2012-2013 qui s’élève
    à 66 milliards de FCFA et la nécessité de réaliser des études plus
    approfondies afin d’évaluer de manière plus précise le budget global
    de tout le programme, estimé pour le moment, à 767 milliards de
    Francs CFA.
  • L’intégration du budget de la phase d’urgence dans la Loi de Finance
    2013, en invitant les partenaires au développement déjà impliqués,
    à apporter leur contribution au financement de cette phase d’urgence,

    en particulier la construction de canalisation pour le drainage des
    eaux pluviales.
  • L’organisation, par le Ministère de l’Economie et des Finances, d’une
    conférence des bailleurs de fonds pour le financement du Programme

décennal de Gestion des Inondation 2012-2022.

  • L’actualisation et la validation du Plan national d’Aménagement du
    Territoire avant l’hivernage de 2013.
  • La finalisation et la validation au plus tard, en juin 2013, des Plans
    Directeurs d’Urbanisme en préparation et concernant 12 communes
    et communautés rurales prioritaires et la mise en cohérence des

Plans Directeurs d’Assainissement avec les Plans Directeurs d’Ur-
banisme.

  • L’implication plus importante et plus efficace des Collectivités Locales,
    partenaires privilégiés du gouvernement dans la mise en œuvre du
    Programme décennal de Gestion des Inondations.
  • La redynamisation de la politique de l’habitat social, notamment par
    une implication plus importante du secteur privé national, de la
    Caisse de Dépôt et de Consignation, de la Caisse de sécurité sociale
    et de l’Ipres
    .
  • La mise en place d’un Observatoire national sur les inondations,

pour assurer un rôle de suivi et de veille de ce phénomène, en y as-
sociant notamment les Elus locaux, les Universitaires et les Experts.

  • La mise en place, sous la tutelle de la Primature, avant la mi-novembre

2012, d’une structure de coordination des actions relatives aux phé-
nomènes des Inondations. M. DIEYE

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here