Le Ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Karim Fofana présidé récemment
un atelier de partage avec les élus locaux, parlementaires et partenaires sur le projet de 100.000 logements
sociaux lancé par le Chef de l’Etat. Le projet 100.000 logements répond à l’ambition de contribuer à l’édi-
fication non simplement de marchés émergents mais de sociétés émergentes construites autour du bien-
être des citoyens, à travers une économie non extravertie.
Selon le ministre, le logement a, de tout
temps, constitué une préoccupation
majeure dans la vie des sociétés ; la
nôtre n’y fait pas exception. Il y représentait
déjà un enjeu important durant la période
coloniale qui a vu la création des deux cités
Castors, de la SICAP et de l’OHLM devenue
SNHLM. Depuis l’indépendance, a-t-il rappelé,
les politiques menées en la matière n’ont ja-
mais permis de satisfaire une majorité de Sé-
négalais qui sont locataires et se transmettent
ce statut de génération en génération. Il est
temps qu’un tel statut cesse d’être l’horizon
indépassable de tant d’individus.
En 2011, révèle –t-il, la demande en logements
était estimée à 300.000 unités. Elle a ensuite
augmenté de 15.000 chaque année.
« Lors du Conseil présidentiel sur le logement,
tenu le 20 août dernier, le président de la Ré-
publique a réitéré son souhait de voir la pro-
priété d’un logement ne plus être réservée à
une minorité de privilégiés. Car en démocra-
tiser l’accès répond à une exigence de justice
sociale. Notre combat, en tant qu’acteurs po-
litiques est, aujourd’hui, d’augmenter le
champ des possibles particulièrement au pro-
fit des plus vulnérables d’entre nous », a dit
M. Fofana.
Dans notre pays 94,6% des travailleurs sont
dans le secteur informel et 80% des employés
du secteur formel gagnent moins de 315.000
francs CFA par mois fait remarquer le ministre
de l’Habitat.
Ainsi, dans la mise en œuvre du programme
de construction de 100.000 logements sur
cinq ans, il a fallu d’abord régler la question
du prix en activant le levier du foncier gratuit
et de l’aménagement ; a indiqué le ministre.
« Les aménagements et réalisations supportés
par l’Etat sont estimés à 3,5 millions de francs
CFA par maison. L’Etat du Sénégal prendrait
donc en charge des coûts d’aménagement
d’une valeur de 350 milliards, par le biais de
mécanisme innovants ».
« En outre, le programme 100.000 logements
devrait rapporter potentiellement 3,5 millions
de taxes, impôts et droits douaniers par mai-
son soit, là encore, 350 autres milliards de re-
noncement fiscal », selon lui.
La création du Fonds de l’Habitat Social et de
la Société d’Aménagement foncier et de Ré-
novation urbaine (SAFRU) participe de cette
ambition de dynamiser l’offre et d’accompa-
gner la demande, a dit le ministre.
« L’affectation des 2800 hectares du pôle ur-
bain de Daga Kholpa à la SAFRU va permettre
la prise en charge des travaux d’aménagement
évalués donc à 3,5millions par logement, afin
de faciliter l’accès à un foncier sécurisé. Ainsi,
des assiettes seront aménagées gratuitement
et mises à la disposition de promoteurs sé-
lectionnés afin de ne pas dépasser 12 millions
comme prix unitaire des logements propo-
sés ».
OFFRIR DES FACILITES AUX REVENUS
FAIBLES
« L’équipe de la SAFRU a déjà procédé à la
délimitation d’une superficie d’environ 500
hectares et démarré l’évaluation des impenses
en vue du paiement et de la prise de posses-
sion qui devrait intervenir incessamment ».
L’Etat du Sénégal compte, avec ces facilités,
offrir aux ménages à revenus faibles, irréguliers
ou non documentés qui payent des loyers
compris entre 60.000 et 100.000 francs CFA,
la possibilité d’acquérir une villa ou un ap-
partement, en location-vente à un prix abor-
dable, explique le ministre aux participants.
« Aujourd’hui, la plateforme mise en ligne
pour recueillir les inscriptions enregistre 236
658 demandeurs et plus de 10 000 Sénégalais
se sont inscrits sur les fiches physiques mises
à disposition par nos services. Cela montre
tout l’intérêt de nos compatriotes d’ici et de
la diaspora.
En termes d’équité territoriale, le programme
100.000 logements sera réalisé à 60% sur l’axe
Dakar-Thiès-Mbour et à 40% dans les métro-
poles d’équilibre, les villes de plus de 10 000
habitants qui seront identifiées à partir du
plan national d’aménagement et de dévelop-
pement du territoire ».
« Nous sommes, aujourd’hui, sur la bonne
voie puisque 90 % des matériaux de construc-
tion de logements économiques sont fabri-
qués au Sénégal. La production va du ciment
au fer en passant par les carreaux, la peinture,
les portes, les fenêtres.
Le secteur privé national mais aussi de plus
en plus d’entreprises étrangères consentent
des investissements pour proposer ces pro-
duits », a rassuré M. Fofana.
Pour lui, il est nécessaire, en cette période de
relance post-covid, de s’inscrire dans l’indus-
trialisation de la construction car 100.000 lo-
gements, ce sont 7 millions de mètres carrés
de carreaux, 7 millions de mètres carrés de
tuiles, 600.000 portes et 400.000 fenêtres,
200.000 kit sanitaires à fabriquer chez nous
au Sénégal.
Ce sont aussi 634.000 emplois directs et in-
directs à créer et 1,5 point de croissance en
moyenne sur les cinq prochaines années.
« A travers votre charge consistant à contrôler
voire orienter pour les uns, et prolonger pour
les autres, l’action de l’Exécutif, vous êtes,
chers amis parlementaires et élus locaux, un
maillon essentiel de cette chaine d’efficacité
devant changer la vie d’une grande partie de
nos concitoyens », a-t-il lancé aux représen-
tants du peuple.