Le 46 ème président des USA a commencé son mandat sur les chapeaux de roue. Pandémie du covid, oblige ! Ce bilan, en cours vers les 100 jours, si on peut dire, est remarquable : la vaccination contre la covid avance à pas de géant (plus de 75 millions d’Américains vaccinés ), les multiples décrets Trump (contre les musulmans, la séparation des enfants réfugiés et/ou immigrés avec leurs parents, la construction du mur à la frontière mexicaine etc.) sont abrogés. Plus important encore le vote par la chambre des représentants d’un plan de relance économique d’un montant de 1900 milliards de dollars pour continuer à lutter contre la covid et aider les ménages avec des chèques de 1400 dollars, entre autres mesures y compris l’augmentation à 15 dollars du taux horaire de l’équivalent du SMIG. Cette dernière mesure qui est populaire ne rencontre pas le soutien des élus républicains et une bataille les opposeraient aux démocrates pour le vote du plan de relance Biden. Y aura-t-il compromis ? Wait and see ! Biden donc était entrain de faire un sans faute sur le plan domestique, en respectant ses promesses de campagne, en ayant pour objectif ultime de réconcilier les Américains divisés par la présidence Trump. Il était aussi entrain de réussir un come-back diplomatique international, en réintégrant l’Accord de Paris sur le climat, en annonçant des fonds pour l’OMS et en se disant prêt à négocier pour un retour dans l’ «accord sur le nucléaire iranien ». Mais cet élan vient de subir un premier accroc, pour ainsi dire, avec le choix de publier le « rapport de la CIA sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Kashoggi ». Parce qu’il ne met pas en lumière des preuves irréfutables qui impliquent le Prince Héritier MBS, tout en l’accusant d’avoir « validé » l’opération, à la suite du raisonnement selon lequel « tout ce qui se fait dans ce domaine dans le pays est porté à sa connaissance ». C’est un peu léger pour cibler un allié majeur des USA que la Maison Blanche ne peut pas « sanctionner » et n’a pas sanctionné car les enjeux politiques et économiques sont énormes. C’est un premier faux pas que l’Administration Biden a commis, à vouloir se venger de MBS qui avait tissé des relations approfondies et personnelles avec Trump. C’était aussi un peu trop de la part des Saoudiens. Biden s’est aussi un peu vengé de Netayanhu -qu’il a fait poireauter avant de l’appeler au téléphone car le premier ministre israélien avait affiché un soutien indécent à Trump. Dans ce cas aussi Biden a été obligé de se plier à la Realpolitik. Les relations entre les USA et Israél transcendent les hommes qui occupent momentanément le pouvoir. Le problème est que le « faux pas saoudien » va rester une épine dans les pieds du successeur de Trump car « la veuve de Kashoggi « demande à ce que MBS soit puni ? Riyad a démenti le rapport de la CIA et les personnalités saoudiennes « sanctionnées » sont plutôt des sous-fifres. Tout ceci démontre que Biden, un homme d’Etat aussi expérimenté a laissé ses sentiments personnels interférer dans ses décisions de chef de l’Exécutif. Cependant ce couac diplomatique n ‘est pas sans conséquence car les USA, ont enlevé les Houtis de leur liste des organisations terroristes et cela les a galvanisés. Des attaques ont visé un aéroport saoudien et même la capitale Riyad. Maintenant le grand gagnant, dans cette affaire, est bien l’Iran qui soutient les Houtis et va continuer de pousser à la roue. Dans une région encore en ébullition, il fallait, peut-être se hâter lentement. D’ailleurs Biden a été obligé d’autoriser le bombardement, en Irak, de partisans de l’Iran. Privilégier la politique domestique, pendant les premiers 100 jours, est un choix lucide. C’est le moment où jamais de faire passer des lois majeures qui vont marquer le mandat. A cet égard la réforme de l’immigration doit être une priorité. Si cette réforme n’est pas réglée maintenant, elle pourrait être ciblée par les républicains lors des élections sénatoriales et pour la chambre des représentants de 202. Avec Trump qui vient de faire sa rentrée politique en Floride, requinqué par son acquittement dans son procès pour destitution. Il est la figure de proue d’un parti de l’éléphant miné par les extrémistes de droite plus fidèles que jamais à Trump. Le duel Biden/Trump continue