L’ALLIANCE DES FORCES DE PROGRES (AFP) De l’Appel du 16 juin 1999 à la création de l’AFP, le 14 juillet 1999

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LA REnCOnTRE AVEC MOUSTAPHA
nIASSE à KEUR MADIABEL, En 1990

Fin Aout 1990, je suis allé rendre une visite de

courtoisie à Moustapha Niasse, dans son vil-
lage natal de Keur Madiabel, pour échanger

avec lui sur la situation politique, d’autant
que je n’avais pas pu recueillir ses conseils
lors de ma « plongée », quelques mois plus
tôt, dans le « chaudron » du Parti socialiste
de Kaolack, où je dirigeai l’Unité industrielle
de la Sonacos-Lyndiane.
Je brossai à Moustapha la situation politique

de Kaolack, qu’il connaissait d’ailleurs parfai-
tement, ainsi que mon analyse personnelle

de la situation politique nationale qui me
conduisait à la conclusion qu’il ne pouvait

pas continuer à rester en marge de la vie po-
litique du Sénégal, au regard de sa riche et

extraordinaire pratique de l’Etat et des affaires
politiques ainsi que de son parcours réussi
dans les affaires privées. Après m’avoir écouté
avec toute l’attention requise,Moustapha, qui
tenait un chapelet à lamain,me réponditqu’il
avait pris bonne note de cette analyse pour
laquelle il me remerciait bien sincèrement,
en me conseillant, tout de même, de rester
encore dans le Parti socialiste qui était une
bonne école, malgré tout, et conclut en ces
termes « Dieu est avec les patients. Gardons
le contact et si Dieu le Veut, le moment venu
nous reparlerons ensemble, toi et moi, de
tout cela ».
LE DéPART DE MOUSTAPHA nIASSE DU
gOUVERnEMEnT LOUM DE 1998
Dès que je pris connaissance de l’événement,
je me rendis chez Moustapha Niasse qui me
reçut tout de suite et je lui dis que je croyais
que le moment était maintenant arrivé pour

concrétiser le projet dont nous parlions de-
puis presqu’une dizaine d’années et surlequel

nous avions continué à échanger, deux ou
trois fois, entre temps. Il en convint en me
demandant, toutefois, de revenir vers lui, au
mois d’octobre 1998, pourlui laisserle temps,
après un peu de repos, de faire face à

quelques engagements internationaux qui
se dessinaient et de réfléchir en profondeur
surles stratégies etles structures éventuelles
à mettre en place.

Il importe ici de signaler que d’autres initia-
tives et mouvements de soutien avaient vu

le jour, dès le départ de Moustapha Niasse
du gouvernement, pour l’appeler, sinon à
créer un parti, au moins à se déclarer candidat
aux prochaines élections présidentielles de
février 2000. Ce fut le cas, entre autres, de
l’Appel à Moustapha Niasse lancé par Seyni

Ba de Keur Madiabel et du Mouvement Po-
pulaire, Républicain etDémocratique (MPDR)

animé par l’avocat Me Massokhna Kane, an-
cien Ministre de la Coopération du Parti Dé-
mocratique Sénégalais (PDS) de Me Abdou-
laye Wade en 1993, le Professeur Yaya Diallo

de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire
(IFAN) et le cousin de Moustapha Niasse, feu
Pape Tafsir Thiam de Saint-Louis.

LA « PLéIADE » ET LA PéRIODE
DE gESTATIOn DE L’AFP
Malgré son calendrier international très
chargé, au mois d’Octobre 1998, et comme

convenu, Moustapha Niasse m’invita à dé-
jeuner pour discuter de la forme administra-
tive de notre éventuel nouvel engagement

politique qui n’avait pas alors été définitive-
ment arrêtée, l’option oscillant entre, d’une

part, la mise sur pied d’un Mouvement « ci-
toyen »républicain, creuset de réflexion cri-
tique et de propositions ouvert à tous les

vents, option correspondant alors à une cer-
taine attente d’intellectuels sénégalais et de

compatriotes de la Diaspora. Et, d’autre part,
la création d’un parti politique, vecteur de
conquête du pouvoir en vue de la réalisation

d’un projet de société socialiste et démocra-
tique, assis sur nos valeurs propres de pa-
triotisme, de solidarité et de foi en Dieu.

Si notre option, Moustapha Niasse et moi,
était, sans équivoque, pour la création d’un
parti politique, Moustapha prit cependant
deux décisions, la première étant de s’atteler
à la rédaction d’une Déclaration solennelle

surla situation politique, économique et so-
ciale de notre pays, la deuxième de poursuivre

la réflexion en profondeur sur le futur cadre
opérationnel à proposer, en formant un

groupe de réflexion composé de sept mem-
bres, que nous avions surnommé « La Pléiade

», en référence au groupe de sept poètes fran-
çais du seizième siècle, dirigé par Ronsard et

Du Bellay. La « Pléiade » comprenait, outre
moi-même, Me Massokhna Kane, Mamadou
Lyqui jouaitdéjà auprèsdeMoustaphaNiasse

un important rôle administratif et de com-
munication assis sur un bon réseau tissé avec

les médiats, Mamadou « Vieux »Ndiaye, Pro-
fesseur à la Faculté des Lettres et Sciences

Humaines de l’UCAD, deux journalistes de
très grand talent, Mame Less Camara, l’auteur
des extraordinaires éditoriaux signés « Abdou

Sow» de la fin des années 70 etle grand ana-
lyste politique et journaliste, le regretté

Moussa Paye. AdaNdoye, spécialiste des mé-
diats de communication complétaitle groupe

de la « Pléiade ». Entre avril et mai 1999, se
tinrent plusieurs rencontres de réflexion et
d’échanges, autour des deux options, l’une
pour la création d’un Mouvement « citoyen
» défendue avec beaucoup de conviction par
le Professeur Mamadou « Vieux » Ndiaye et

l’autre portée, par moi-même et Me Mas-
sokhna Kane, pour la création d’un parti po-
litique. Le Professeur Mamadou « Vieux »

Ndiaye, pour être en harmonie avec son op-
tion et les journalistes Mame Less Camara et

Moussa Paye, probablement par déontologie
professionnelle, quittèrentle groupe dès que

l’option pourla création d’un parti se précisa,
tandis qu’Ada Ndoye nous accompagnera
jusqu’à l’enregistrement et la diffusion de
l’Appel du 16 juin 1999.
MAIS, JE ME DOIS SOULIgnER, ICI,
qUE LA FAMEUSE InTERVIEW
DU CARDInAL HyACInTHE
Thiandoum, Evêque de Dakar, en mars 1999,
accordée à l’hebdomadaire « Jeune Afrique
» joua un rôle important de catalyseur dans
l’option finale de décision de création d’un
parti. Il avait déclaré :”Moi, j’attendais comme

successeur MoustaphaNiasse. Jusqu’à main-
tenant, il a gardé le silence, et il a eu raison.

Mais le moment va venir où il faudra qu’on
sache où il se situe sur l’échiquier politique.
Il lui faut se positionner dès à présent pour

l’avenir, quandDiouf va se retirer. S’il ne m’ap-
pelle pas, c’est moi qui vais lui téléphoner,

pour le sonder. Pour moi, c’est le candidat
idéal : intelligent, formé par Senghor. Il

connaît le pays, il est l’ami des Arabes et af-
fiche une grande ouverture d’esprit à l’égard

du christianisme.”
LA REnCOnTRE DéCISIVE AVEC
SERIgnE MAMOUnE nIASSE :
Début juin 1999, alors que nous étions très
avancés dans le projet d’Appel du 16 juin, qui
allait, à coup sûr et conformément à l’option
définitive de MoustaphaNiasse et du groupe
de la « Pléiade », déboucher sur la création

d’un parti politique dans les semaines sui-
vantes, je suggérai à ce dernier de prendre

contact avec mon ami Serigne Mamoune
Niasse avec qui j’avais cheminé sur le plan
politique à Kaolack. Je lui parlais des grandes

qualités et de l’expérience de Serigne Ma-
moune qu’il importait d’associer à cette phase

de gestation du projet et qui pourrait être un
allié de taille dont nous aurions grand besoin

à Kaolack et dans toute la région du Sine Sa-
loum, par sa surface sociale et politique, sa

grande combativité ainsi que son engage-
ment dontje pouvais témoigner et être le ga-
rant.

Ma surprise fut aussi grande qu’agréable
lorsque MoustaphaNiasse me répondit que,
non seulement il avait fait la même analyse
et abouti à la même conclusion concernant
la nécessité d’impliquer Serigne Mamoune
dans l’initiative, mais qu’il avait déjà pris
contact avec ce dernier et qu’il le recevrait à
« Africa Salt», le lendemainmême à 11 heures.
Effectivement, le lendemain, ilreçut Serigne
Mamoune qui approuva, avec enthousiasme
le projet de création d’un parti etl’assura qu’il
s’engagerait à ses côtés, de toutes ses forces

et avec tous ses moyens. Mais, le plus extra-
ordinaire, fut que Serigne Mamoune de-
manda à MoustaphaNiasse, avec insistance,

de prendre contact avec moi et de m’associer
au projet tout en lui faisant, me concernant,
les mêmes recommandations que j’avais

faites à son endroit, sans se douter que Mous-
tapha et moi étions ensemble depuis le début

et qu’il m’avait même affecté un bureau, à «

Africa Salt », dans le même site de Fann Ré-
sidence ! Moustapha fit part à Serigne Ma-
moune de mon implication dans le projet,

depuis l’entame, et me fit demander aussitôt

de les rejoindre, ce que je fis et nous tombe-
rons, Serigne Mamoune Niasse et moi, dans

les bras l’un de l’autre, avec une immense

joie. Nous avons alors scellé ce jour-là, en-
semble, tous les trois, comme un signe du

Destin, le calendrier pourla création du parti
et ses activités ultérieures, commençant avec
l’Appel deMoustaphaNiasse les jours suivants
et la fixation d’une fourchette de dates pour

l’Assemblée constitutive etl’implantation ul-
térieure du parti. C’est pourquoi, Serigne Ma-
moune Niasse dira, plus tard et à plusieurs

occasions, que l’AFP avait été créée par Mous-
tapha Niasse, Madieyna Diouf et lui-même !

Moustapha Niasse me demanda, au début
du mois de mai 1999, de poursuivre, avec Me

Massokhna Kane qui disposait déjà d’un pro-
jet de création de son propre parti qu’il avait

décidé d’abandonner dès lors queMoustapha
allait en fonder un, et Mamadou Ly, le travail
d’élaboration de statuts pourle nouveau parti

en gestation dont il se chargerait, en per-
sonne, de trouver la dénomination. Il de-
manda à Me Abdoulaye Babou, à son arrivée

le 18 juin, de rejoindre ce groupe de travail
sur les statuts, et pour diverses raisons, Me
Babou et moi avons seuls poursuivi le travail
etfinalisé le projetjusqu’au dépôt des statuts

auprès de l’Autorité administrative, avec Ma-

madou Ly qui avait mobilisé la presse pour
l’événement, Moustapha étant en mission
pour le compte des Nations Unies
L’ACTE FOnDATEUR DE AFP :
L’APPEL DU 16 JUIn 1999

Début juin 1999, MoustaphaNiasse avait dé-
finitivement finalisé la rédaction du texte de

sa Déclaration toujours gardée secrète et il
restait à choisirla date définitive etle contexte
de sa publication. L’Appel était intitulé « J’ai
choisi l’Espoir» et Moustapha enregistra sur
trois petites disquettes la version vocale, sous
la supervision technique d’Ada Ndoye, en

notre seule présence, Mamadou Ly et moi-
même, son fidèle et dévoué assistant Paul

Ndour se chargeant de la version papier que

lui avait dictée Moustapha, en trois exem-
plaires uniques, en veillant, comme à son ha-
bitude, aux ponctuations. L’un de ces exem-
plaires papier de l’Appel et l’une des

disquettes furent gardés par Moustapha qui
me remit les autres versions, disquettes et

papier, en me demandant de veiller, person-
nellement, à la diffusion simultanée, par la

Radio et la presse écrite, de l’Appel, le mer-
credi 16 juin 1999, date qu’il avait fini par re-
tenir lui-même. Et je pris toutes les disposi-
tions nécessaires pour mener cette mission

délicate à bonne fin et selon les attentes de
Moustapha Niasse, en suivant, strictement
le scénario que nous avions arrêté ensemble,
avec le concours de feu Souleymane Kane,

son Assistant de l’époque. Pour la petite his-
toire, nous avions décidé de nous rencontrer

à son domicile, le jour de son départ deDakar
pourPretoria, le 12 juin 1999, pourles derniers
réglages avant la diffusion de la Déclaration,
mais il prit l’avion, en compagnie d’Amath
Dansokho, sans que je ne puisse le voir. C’est,
après le décollage de l’escale de Conakry que
Moustapha, équipé parlesNationsUnies d’un
téléphone satellite lui permettant de lancer
des appels même depuis un avion, me joignit
et me passa Amath Dansokho à qui il venait

de faire lire l’exemplaire du texte de la Décla-
ration en sa possession. Et je garde encore

aujourd’hui en mémoire ce que me dit notre

ami commun du Lycée Faidherbe, depuis
l’avion qui les emmenait en Afrique du Sud :
« Madieyna, d’abord, je veux te dire que je
suis très content de te savoir avec notre frère
Moustapha du Lycée Faidherbe, ensuite il
faut noter que cette déclaration que tu gères
va se traduire par un véritable « séisme » dans
le paysage politique sénégalais ! ».
L’Appel du 16 juin 1999 constituait, en réalité,
l’acte fondateur historique de l’Alliance des
Forces de Progrès (AFP) et un nouveau repère
essentiel dans l’action etla carrière politiques
de l’ancien Ministre d’Etat d’Abdou Diouf. Ce
fut aussi un point fort, après les appels de
tant de mouvements spontanés, pour une
mobilisation autour de Moustapha Niasse,
de Sénégalais qui vont s’engager à ses côtés,

hommes, femmes, jeunes de tous les hori-
zons, de toutes les sensibilités politiques,

voire de tous les apolitismes dans un formi-
dable élan, vecteur propre d’espoirs et d’es-
pérances pour un changement attendu dans

l’espoir.

Dès le 16 juin au matin, affluèrent les décla-
rations de soutien et d’adhésion au projet

que Moustapha Niasse annonçait dans son
appel. Je reçus ce matin-là, à « Africa Salt »,
entre autres, Babacar Sedikh Seck, porteur
de la copie de sa lettre de démission adressée,
le jour même, au Parti socialiste et son ami
Abd El Kader Sabara, vieux compagnons de
Niasse, depuis le Mouvement des Jeunes de
l’Union Progressiste Sénégalaise (MJUPS).
Le Docteur Papa Magatte Camara, mon ami

Moustapha fit part à SerigneMamoune de mon implica-
tion dans le projet, depuisl’entame, et me fit deman-
der aussitôt de les rejoindre,

ce que je fis et nous tombe-
rons, Serigne Mamoune
niasse et moi, dans les brasl’un de l’autre, avec une im-
mense joie.

et ainé du Lycée Faidherbe, abandonna son
projet de création d’un parti politique pour
se joindre à Moustapha Niasse, à la suite de
la visite que nous lui avions rendue, à son
domicile du Point E.
De nombreux sénégalais, de tous les horizons,
amis de longue date MoustaphaNiasse pour
certains ou, pour d’autres, simplement

convaincus que, par son profil et son par-
cours, il était porteur de changements pro-
fonds et correspondait à l’homme de la si-
tuation, répondirent à son Appel du 16 juin

et le rejoignirent, dans les jours ou mois qui

suivirent. Sans être exhaustif et que me par-
donnent ceux nombreux que je ne peux nom-
merici, on peut citer son ami l’Ambassadeur

Aly Dioum, ancien Secrétaire permanent de
l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS) de L.
S. Senghor, l’Architecte de talent Cheikh
Ngom, l’ancien Ministre Joseph Mathiam
d’Oussouye, Viviane Emile Badiane et Sylvain

Alfonse Boyer de Ziguinchor, feu l’Expert-
Comptable Sadia Faty de Bignona, l’Ambas-
sadeur et ancien Ministre Falilou Kane, l’an-
cien Député Khaly Séye de Dagana, dont

l’expérience et la disponibilité nous seront
d’une très grande utilité au moment de la

structuration de l’AFP, « la lionne du Ndou-
coumane », l’ancien Ministre Mata Sy Diallo,

l’économiste et fidèle ami de Moustapha

Niasse, futurDéputé, CheikhBamba Sall, l’an-
cien Ministre feu CheikhHamidou Kane « Ma-
thiara » de Matam, Pape Sagna Mbaye, cadre

de la société « Maersk Line », futur Maire de
Pikine etDéputé de l’AFP, le ProfesseurBouna
MouhamedSeckqui avaitpublié un bel article
d’engagement, dans un quotidien de la place,
le brillant économiste, notre amiBécaye Séne

qui sera en charge des questions écono-
miques,Ousmane Samb de Rufisque, admi-
nistrateur de sociétés et futur Président du

Conseil Régional et responsable de l’AFP de
la région de Dakar, Mactar Sarr, fondateur et
animateur de l’AFP dans Louga département,

Macheikh FatmaNdiayeMbaye, le grand com-
municateur traditionnel, son fidèle compa-
gnon depuis ses premiers pas en politique.

De même, de nombreux universitaires de

renom ainsi que des personnalités de la So-
ciété civile ou des responsables du Parti so-
cialiste ou d’autres formations politiques ma-
nifestèrent leur soutien à MoustaphaNiasse,

à partir du 16 juin, en attente de la création
de son parti. Comme l’ingénieur agronome
Oumar Khassimou Dia, ancien Directeur de
Cabinet du Premier Ministre Habib Thiam,

mon neveu l’ancien Ministre Coumba Ndo-
fène Bouna Diouf, Inspecteur du Trésor, futur

Président du Conseil Régional de la Région
de Fatick, leDocteur Moustapha Kandji, notre

ami du Lycée Faidherbe, pharmacien à Saint-
Louis, El Hadji Malick Gakou, jeune Docteur

en économie, Conseiller technique de mon

grand frère Famara Ibrahima Sagna, Président
du Conseil Economique et Social, l’homme
de grande culture Mademba Diop Mass, le

Professeur Yaya Diallo, le regretté ancien Dé-
puté-Maire de Mbour Abdou Mané, Chérif Le-
hibé Aïdara de Kolda, Me Boubacar Badji de

Ziguinchor, avocat et futur Député, Babacar
Dièye de Thies, Ingénieur EPT, ettant d’autres.
Me Abdoulaye Babou, avocat membre du
Parti socialiste, rejoignit Moustapha Niasse,
le 18 juin 1999. Au mois de novembre, l’ancien
Député de Ziguinchor, Louis Da Costa, qui

avait créé le Front Républicain pour une Al-
ternance Patriotique (FRAP),rejoignit son ami

MoustaphaNiasse avec tous les membres de
son mouvementtrès bien implanté aussi bien
dans la région de Dakar qu’en Casamance.
Nous irons, Moustapha et moi, rendre visite
au PrésidentMamadouDia, à l’ancienMinistre
d’Etat, Président du Conseil Economique et
Social, Magatte Lo, qui demandera à son frère
l’administrateur civil Moustapha Lo et à son
neveu BabacarDiop, de créerles délégations
AFP de Linguère et Guinguineo, à l’ancien
Président de l’Assemblée nationale Amadou
CisséDia et à notre grand frère, l’Académicien
Ingénieur agronome et ancien MinistreDjibril
Séne. Moustapha les informa, directement,

de son projet de création d’un parti, en sol-
licitant leurs prières !

Entretemps, le Parti socialiste avait prononcé
l’exclusion de MoustaphaNiasse de ses rangs,
cristallisant, désormais, les positions etfaisant

de lui un « martyr» auprèsdequi, au contraire,
les sénégalais allaient affluer, conformément
à nos traditions bien ancrées de soutien à la
« victime » présumée. Pour ma part, et afin
que nul n’en ignora, j’avais publié » dans le
journal« Sud quotidien » du 8 juillet 1999, un
article annonçant mon soutien à Moustapha
Niasse signé « Madieyna Diouf, Membre du
Comité central du Parti socialiste » et intitulé
: « De la déchirure à l’Espoir ».
LA CRéATIOn DE L’AFP
Moustapha Niasse m’avait proposé, depuis
le Burundi où il était en mission pour le

compte desNationsUnies, d’appelerle nou-
veau parti« Alliance des Forces de Progrès »,

et non « du Progrès », comme le diront et

l’écriront encore aujourd’hui bien des Séné-
galais et de nombreux journalistes, sans se

soucier de l’importance de la nuance gram-
maticale voulue par son fondateur !

Le 14 juillet 1999, se tint dans les locaux d’«

Africa Salt», à Fann-Résidence,très bien amé-
nagés à cet effet par notre neveu, l’extraor-
dinaire et imaginatif Karim Haraty qui jouera

un rôle primordial dans l’organisation et la

logistique de l’AFP, aussi bien durant les pre-
miers mois que pendantles campagnes pré-
sidentielles de 2000 et 2007. A ma grande sur-
prise, au moment de rejoindre l’Assemblée

générale constitutive, MoustaphaNiasse me
demanda de la présider, en insistantlorsque

« Madieyna, d’abord, je veux te dire que je suis
très content de te savoir avec notre frère
Moustapha du Lycée Faidherbe, ensuite il faut
noter que cette déclaration que tu gères va se
traduire par un véritable « séisme » dans le
paysage politique sénégalais ! ».

je lui fis remarquer qu’un tel honneur lui re-
venait, naturellement, lui le fondateur et

unique porte-drapeau de notre formation.
Mais c’était sa façon élégante de remercier
l’ami et grand frère que j’étais depuis que nos

destins s’étaient croisés en 1952 au Lycée Fai-
dherbe de Saint-Louis où j’étais son ainé de

deux ans, pour le travail accompli ayant
conduit à l’Appel du 16 juin et durantla phase
de gestation du projet, et de lui témoigner
sa confiance, aux yeux de tous les camarades.
Et c’est ainsi que j’eus le grand privilège, à
tout jamais inscrit, en encre indélébile, dans
ma relation de « granit » avec Moustapha
Niasse et dans toutes mes actions ultérieures
au sein de notre formation, de présider cette
réunion historique au cours de laquelle les

Statuts etle Règlementintérieurfurent adop-
tés et l’Alliance des Forces de Progrès offi-
ciellement créée. Dans le Bureau restreint

formé de cinq membres proposés par Mous-
taphaNiasse élu SecrétaireGénéral et adopté

à l’unanimité et par acclamations, j’étais le

CoordonnateurNational, poste que Mousta-
pha avait imaginé et qui n’existait pas dans

les autres partis, Mamadou Ly, Secrétaire per-
manent chargé de l’Administration et de la

Communication, Me Massokhna Kane et Me
Abdoulaye Babou, membres, le choix de ces
deux juristes étant dicté par des raisons de

stratégie de riposte éventuelle en cas de blo-
cage juridique de nos statuts.

L’Assemblée générale constitutive du 14 juillet
1999 adopta le Communiqué N°1 de l’AFP

suivant qui fut diffusé le même jour etfitl’ac-
tualité nationale et même internationale dans

une certaine mesure, en considération de la

notoriété de son Secrétaire général, et ali-
menta les débats, presqu’un mois après l’Ap-
pel du 16 juin : « Répondant à l’Appel lancé

le 16 juin 1999 par M. Moustapha Niasse in-
titulé « J’ai Choisi l’Espoir », nous, Sénéga-
laises et Sénégalais, citoyens de la Répu-
blique, nous nous sommes réunis à Dakar,

le 14 juillet 1999, en Assemblée Générale

constitutive de l’Alliance des Forces de Pro-
grès, pour la formation d’un parti politique,

conformément à la Constitution du Sénégal

et aux lois en vigueur. En procédant à la créa-
tion de l’Alliance des Forces de Progrès, nous

avons tenu à traduire notre engagement dans
la réalisation d’une société démocratique,
libre, socialiste,transparente et solidaire. Les

statuts de l’Alliance des Forces de Progrès se-
ront déposés, conformément à la loi, auprès

des services compétents du Ministère de l’In-
térieur, en vue d’obtenir le récépissé devant

lui permettre de fonctionner comme parti
politique. L’Alliance des Forces de Progrès se
veut le parti des partisans de l’espoir, le parti
de la renaissance sénégalaise, un parti au
service du développement concerté, dans
un Sénégal uni et évoluant dans des relations

de bonne entente et de coopération avec ses
voisins. ».

Le lundi 23 août 1999, nous reçûmes, à Fann-
Résidence, avec plaisir et soulagement, notre

récépissé cependant daté du 13 août 1999,
en présence de plusieurs autres camarades
et amis informés par Mamadou Ly et par le
Secrétaire général qui décida de tenir une
conférence de presse dès le lendemain, 24
Aout 1999, dans un grand hôtel de la place.
Et, le mardi 24 Aout 1999, c’est en présence
de tous les membres fondateurs de l’AFP, de

très nombreux militants, d’amis et de mem-
bres de sa famille, que Moustapha Niasse

s’adressa à la presse, au «Novotel» de Dakar,

pour annoncer avoir reçu le récépissé de re-
connaissance de l’AFP, présenter son parti et

en dérouler le programme, dont le premier
jalon, approuvé par des acclamations d’un
auditoire en délire, était sa candidature à
l’élection présidentielle de février 2000. A une
question d’un journaliste sur sa position s’il
arrivaittroisième à l’issue du premiertour de
la présidentielle de février 2000, Moustapha
Niasse, réaffirmant son option irréversible

pour l’alternance démocratique et le chan-
gement, répondit, sans détour ni hésitation,

qu’il appellerait, dans ce cas de figure, à voter,

au second tour, pour le candidat de l’oppo-
sition le mieux placé, sans citer Abdoulaye

Wade ou un autre éventuel candidat !
Le Logo de l’AFP fut l’œuvre du neveu de
Moustapha Niasse, le regretté Momar Kébé

Ndiaye, fondateur du Groupe de Communi-
cation « Management Communication Inter-
national, (MCI)», aussi brillant qu’efficace et

discret, qui nous proposa, Moustapha et moi,

une dizaine de très belles et modernes ma-
quettes qu’il avait créées lui-même et étalées

dans le salon du domicile de Moustapha.
De nombreux jeunes rejoignirent Moustapha
Niasse, dès l’Appel du 16 juin1999 ou sitôt la

création de l’AFP, et mettront en place le Mou-
vement National des Jeunes du Progrès

(MNJP), sous la supervision réussie du Minis-
tre CoumbaNdofèneDiouf,tels MbayeDione,

Mathématicien futur Maire de Ngoundiane,
le pharmacien Docteur Malick Diop, Zator
Mbaye futur responsable des Jeunes de

Dakar, Député et Ministre Conseiller du Pré-
sident de la République, etc. De même pour

les cadres qui vont créer et animer l’Alliance
Nationale des Cadres pourle Progrès (ANCP)
avec à leurtête MorDieng jusqu’en 2006, puis
l’IngénieurInformaticien, le Ministre Alioune
Sarr, assisté parle regretté feu Massini Thiam,
l’Universitaire Jeanne Lopis Sylla, le brillant
économiste, feu MameBirameDiouf,Babacar
Diagne et d’autres. Le Mouvement National
des femmes pour le Progrès (Mounfep) sera
monté, sous la coordination de l’expérimenté
ancien Député Abdou Mané, dirigé et animé,
outre par sa Présidente Mata Sy Diallo, par
MaimounaGueye Fall de Dagana, la chimiste
Diariétou Sarr de Diourbel, feueNdéye Fatou
Ndiaye de Ziguinchor, AdjaNdéye Awa Thiam
deDakar, Yéya Ly Cissé et Eléne Tine de Thies,

Suzanne Tisseira qui deviendra Ministre Se-
crétaire général Adjoint du Gouvernement,

en 2000 et d’autres grandes militantes de
l’AFP. Le Professeur Papa ModyNiang, créera

et animera, l’Alliance Nationale des Univer-
sitaires du Progrès (ANUP),tandis que leMaire

de la Sicap, Cadre de l’ANCP, Santy Séne Agne
en fera de même avec l’Alliance Nationale
des Handicapés pour le Progrès (ANHP).

NB:Dans un prochain article intitulé, «Du
Congrès d’investiture de Kaolack, le 15
janvier 2000, à l’alternance de mars 2000
»,j’évoquerai les grands moments de l’AFP
qui ont abouti à l’historique alternance de
mars 2000.

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