Au nom de la République et de la Démocratie

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Le Sénégal est à la croisée des chemins. Les possibilités et les potentialités de
son développement,  ainsi que son évolution démocratique, attestent en effet
que nous sommes à un tournant décisif de l’histoire de notre pays. Les
performances dans la construction des bases de notre décollage économique
et social sont incontestables. C’est dans ce même contexte que nous assistons
à la mise à l’épreuve de notre modèle démocratique avec l’apparition de
courants politiques dont le projet manifeste est de rompre notre pacte
républicain. Le pari de la démocratie est de trouver une issue pacifique aux
nécessaires conflits qui s’expriment dans les sociétés humaines. Un tel pari
postule la primauté de l’état de droit, la défense intransigeante de l’unité
nationale et l’attachement sans réserve à la paix civile.
La stabilité durable du Sénégal tient à ce référentiel explicitement admis d’un
commun accord entre toutes les parties prenantes au jeu démocratique. Or,
nous faisons face aujourd’hui à un phénomène fréquent dans les démocraties,
une sorte de pathologie dont le symptôme est l’émergence de groupes
politiques qui tirent profit des libertés publiques tout en s’inscrivant dans une
démarche objective de subversion. Cette dérive politicienne intervient dans un
contexte d’exacerbation des appétits de groupes d’intérêt au fur et à mesure
que le Sénégal s’approche des échéances de l’exploitation des ressources
gazières et pétrolières.
Témoins et acteurs de multiples combats de notre peuple, adossés à nos
expériences plurielles, nous sommes dépositaires de toute la légitimité qui
nous autorise à penser lucidement cette variante de l’anarcho-populisme
incarné par la coalition Yewwi. Personne ne peut prétendre s’être investi plus
que nous contre les inégalités aussi criardes qu’absurdes entre les nations et à
l’intérieur des nations, dans un monde marqué par la vacuité idéologique et la
désorientation générale où le primat de la force génère colères, crises, conflits
et autres formes de crispation. C’est la raison pour laquelle nous avons salué et
soutenu les politiques de vaste rassemblement fondées sur l’exigence de
stabilité dans une sous-région en convulsions. Il n’y a pas d’alternative, en
dehors de cette option, pour opérer les réformes de fond porteuses de progrès
économique et social qui répondent significativement aux attentes citoyennes,
en particulier celles de la jeunesse. Il convient de rappeler que cette option
n’est pas nouvelle dans le courant des forces démocratiques et républicaines
de notre pays. Déjà, dans le contexte de la domination coloniale, se posait, au

sein du mouvement africain et international pour l’émancipation des peuples,
le débat sur les options stratégiques entre la voie de la violence dans la prise en
charge des luttes de libération et celle du recouvrement de nos droits par les
moyens pacifiques de la démocratie. Les acteurs politiques sénégalais ont
toujours été fidèles à cette seconde option en faisant prévaloir, en toutes
circonstances, le souci majeur de la sauvegarde à tout prix de la paix civile dans
la droite ligne de notre histoire et du génie de notre peuple reconnu comme
orfèvre dans l’ingénierie sociale d’un vivre-ensemble de qualité. Les combats
politiques menés dans ce sens ont donné lieu à des acquis démocratiques de
grande envergure faisant aujourd’hui du Sénégal un modèle de pays libre où les
citoyens exercent sans aucune entrave une entière souveraineté de décision
dans le choix de leurs dirigeants. Toute notre expérience de ces deux dernières
décennies en atteste. Pourquoi dès lors s’acharner à nous installer dans des
logiques de violences inouïes autant dans le discours que dans le
comportement là où toutes les possibilités d’un accès paisible à toutes les
fonctions électives sont garanties par la loi avec une veille citoyenne et
médiatique sur tous les lieux de vote du pays ? Aussi, personne ne peut
comprendre la logique de défiance permanente avec tous ces crimes
provoqués dans un environnement de violence et une stratégie volontariste de
chaos. Nous ne pouvons accepter que cette belle trajectoire démocratique
réalisée au prix d’énormes sacrifices soit parasitée par des formes
d’intervention politique de nature à compromettre les grandes expériences de
dévolution pacifique du pouvoir qui nous valent respect et admiration partout
à travers le monde. Ici et maintenant, il faut dire non à cette menace de
déstabilisation de notre dispositif démocratique. Plus que jamais attachés à
l’exercice de toutes les libertés dans notre pays, nous demeurons tout aussi
intraitables en nous opposant avec toute l’énergie qu’il faut aux poussées de
l’irresponsabilité.
A l’école de l’histoire, et attentifs aux bruits de fond d’un monde agité, nous ne
pouvons laisser prospérer les dérives qui ont plongé des familles dans le deuil
et ailleurs déstructuré des nations. C’est la raison pour laquelle nous invitons
les ultras de l’opposition à se ressaisir pendant qu’il est encore temps pour se
recadrer en rejoignant le camp de la démocratie et de la République. Il doit être
mis un terme aux appels irresponsables à la violence auxquels se livre en
particulier une partie de l’opposition tous les jours avec les conséquences
dramatiques qui en découlent en pertes en vies humaines et en dommages aux
citoyens.

Autrement dit , il apparait pour la première fois au Sénégal des partis politiques
bénéficiant de tous les avantages de la légalité dont le leader décide en même
temps de se soustraire à toute obligation de réserve et de retenue que la loi
pourrait lui imposer pour assumer son option de recourir aux moyens de la
violence pour la conquête du pouvoir. Or, c’est précisément pour que
l’engagement politique ne se traduise en termes de vie ou de mort que la
démocratie a été inventée comme moyen pacifique de lutte pour la conquête
du pouvoir.
Cette responsabilité est d’autant plus grave à assumer que le Sénégal n’a
jamais été aussi exposé à des risques d’insécurité au regard de ce qui se passe
dans son environnement immédiat. Dans certaines circonstances historiques
qui mettent en jeu la République et ses institutions, l’Etat, son autorité et sa
crédibilité, l’unité nationale et la paix civile, aucun compromis n’est
envisageable entre la logique démocratique et celle anti-démocratique. En la
matière, « les conciliateurs sont toujours des liquidateurs ». Et quand, dans la
dernière période, la presse nous apprend, sans être démentie de l’arrestation
de membres du MFDC, présents à Dakar, la veille de la manifestation autorisée
du 8 juin ; quand la sûreté urbaine a pu appréhender les membres d’un groupe
appelé « Force spéciale » chargés de perpétrer des attentats contre la Centrale
électrique de Cap des biches et d’autres attaques, il y a de quoi s’inquiéter et
prendre l’exacte mesure des dangers encourus par notre pays.
C’est pourquoi, nous lançons un appel solennel et pressant à toutes forces
démocratiques et républicaines, sans exclusive, pour la mise en place d’un
front républicain capable de faire barrage à la vague dévastatrice que nous
promettent les groupes fascisants de l’opposition radicale. Nous ne devons un
seul instant perdre de vue que l’Etat faible nous met en péril. C’est une fois ce
principe de base posé et admis par tous qu’il peut être envisagé, comme il se
doit dans tout processus de modernisation démocratique continue, de revisiter
notre système sans complaisance et pourquoi pas (?), de mettre à l’ordre du
jour des débats de fond sur les chantiers institutionnels dans notre pays.
Dans une telle perspective, nous nous engageons à prendre un certain nombre
d’initiatives qu’exige la situation politique nationale.
Ont signé :
Landing Savané (AJ)
Samba Sy, Ministre, Secrétaire général du (PIT-S)

Aymérou GNINGUE (Député, Maire de Merina DAKHAR)
Abdoulaye Makhtar Diop (Député) (SURS)
Nicolas Ndiaye (Député) (LD)
Katy Cissé Wone (juriste)
Mamour Cissé (PSD/JANT BI)
Thierno Lo (Coalition ADIANA)
Pr Pape Demba Sy (UDF)
Aliou Dia (DAAN DOOLEYI)
Abdou Fall (Alternatives citoyennes Andu Nawle)
Me Ousmane Sèye (CPE)
Jean Leopold Gueye (CNNO)
El Hadj Momar Sambe (RTAS)
El hadj Ndiaye Diodio (TSTA)
Ibrahima Badiane (UFN)
El El Hadj Hamidou Kassé (Philosophe)
Tidiane kounta (Economiste)
Demba Dieng (Enseignant à Genève)
Abdoulaye DIENG (Expert culturel)
Soro Diop (Philosophe, journaliste)

Contact :
Ibrahima Badiane : 77 632 30 08

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