Les arabisants retrouvent leur placedans le système éducatif formel

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ORGANISATION DU BACCALAUREAT ARABE

Depuis 2013, le baccalauréat arabe est instauré dans le système éducatif sénégalais. Jusque-là, les élèves en enseignement arabe qui voulaient décrocher ce diplôme reconnu par l’Etat, devaient aller poursuivre leurs études dans les pays Arabes. Une vieille doléance venait ainsi d’être satisfaite.

Le 6 février 2023, l’Université Cheikh Ahmadou Bamba de Touba (Ucab) a été
inaugurée par le Khalife général des
Mourides, en présence du Chef de l’Etat Macky
Sall. En réalité, il s’agit d’un complexe avec
trois pôles : enseignement coranique ou Institut du coran, enseignement traditionnel des
sciences religieuses et enseignement supérieur qui comprend 3 UFR et 3 instituts. Autrement dit, un élève peut y faire tout son
cursus du primaire à l’enseignement supérieur. Jusqu’en 2013, ce n’était pas possible
pour la simple et bonne raison que l’élève en
question qui voulait avoir le bac arabe, devait
aller dans les pays arabes pour espérer décrocher le fameux sésame. Pour un pays à
dominante musulmane (95 %) qui compte
et qui a compté d’éminentes personnalités
lettrées en arabe, cela faisait tache. Ainsi, pendant longtemps, les arabisants ou arabophones ont dénoncé le fait que l’arabe a toujours fait l’objet d’un usage marginal dans le
système éducatif o;iciel.
Leur revendication a été entendue par le Président Macky Sall qui, en 2013, a pris le décret
2013-913 du 1er juillet 2013, portant création
et organisation du baccalauréat. Cette annéelà donc, pour la première fois dans l’histoire
du pays, un baccalauréat en arabe est organisé par l’État. Chaque année, au même titre
que les candidats de l’enseignement du français, ceux d’arabe préparent leur examen
dans les mêmes conditions.
Ce baccalauréat, qui concerne les séries L
(littéraire), S1 et S2 (scientifiques), ouvre les
portes des universités publiques aux élèves
des écoles franco-arabes et règle par la même
occasion la question de l’équivalence de ce
diplôme dans les pays étrangers. C’est une
transformation majeure : auparavant, de
nombreux baccalauréats de statuts divers
étaient organisés par les établissements privés, mais ils n’étaient pas reconnus. Seul le
lycée franco-arabe public Cheikh Fadilou
Mbacké était habilité à organiser un baccalauréat reconnu par l’État et par conséquent
par l’enseignement supérieur public. Dans le
même ordre d’idées, l’École nationale d’administration (ENA) qui forme une partie des
élites administratives sénégalaises ouvre une
section arabe pour les besoins de la diplomatie politique, économique et culturelle.
Enfin, à l’autre segment du système éducatif,
un décret du 7 juin 2013 réorganise le Certificat de fin d’études primaires (CFEE). Celuici comporte à présent deux options : une option française où l’arabe et l’éducation
religieuse sont des épreuves facultatives ;
une seconde option exclusivement francoarabe. Ces réformes sont couronnées par le
projet de création d’une université arabo-islamique publique dédiée aux bacheliers en
langue arabe. Ainsi, L’État va désormais recruter ses propres maîtres coraniques également à côté de ceux qui o;icient dans l’enseignement classique musulman sénégalais.
Du coup, plus besoins pour les élèves en
arabe d’aller en Egypte (université Al Azhar
notamment), au Soudan, en Arabie Saoudite,
au Koweït, en Iran pour espérer décrocher le
sésame qui leur permettrait de participer aux
concours nationaux. Ce que les arabisants
ont fort apprécié. « Cette décision du Chef
de l’Etat restera gravée dans la mémoire collective des arabisants, longtemps victimes
d’une marginalisation, d’une exclusion et
d’une non reconnaissance de leurs aptitudes
et compétences, pour le seul tort d’avoir acquis leur parchemin dans une langue autre
que celle de Molière », avait déclaré, à
l’époque, Gadiaga, coordonnateur national
de la Convergence des Arabophones Républicains. Selon lui, cette instauration du baccalauréat arabe libère les arabisants qui se
sentent désormais comme des citoyens à
part entière. Il ajoute qu’avant, chaque association avait son propre baccalauréat, ce qui
ne facilitait pas aux détenteurs l’accès à l’enseignement supérieur à l’étranger et même
au Sénégal.
Le débat au Sénégal où les arabophones ont
longtemps été en marge de la vie institutionnelle et du pouvoir, car peu recrutés dans les
grands corps publics à cause notamment de
la barrière que constituait la non-organisation
du baccalauréat arabe par l’Etat est clos.

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