L’alerte est donnée par l’Unicef dans un document publié le 7 avril dernier : près d’un million d’enfants
de moins de cinq ans seront exposés cette année à une malnutrition aiguë sévère au Niger, au Burkina
et au Mali, confrontés à des attaques djihadistes.
Les attaques jihadistes font des ravages au Niger, au Burkina Faso et au Mali depuis quelques années. Chaque semaine, des morts sont déplorés parmi les militaires et les populations civiles dans la zone à la confluence des trois pays appelée « Zone des trois frontières ». A cause de cette situation sécuritaire délétère, un drame est en train de se jouer sous le crépitement des armes et la détonation des mines antipersonnels et dont les premières victimes sont les enfants : une malnutrition aigüe sévère. Selon l’Unicef qui a donné l’alerte le 7 avril dernier dans un communiqué, près d’un million d’enfants y sont exposés en cette année 2023. Sui rien n’est fait, ce drame nutritionnel risque de faire plus de victime que les attaques jihadistes elles-mêmes. Le Niger est le pays le plus touché, avec une prévision de 430 000 enfants malnutris aigus sévères cette année. Néanmoins, « c’est 60 000 enfants de moins qu’en 2022, une diminution qui peut être attribuée à la forte mobilisation du gouvernement du Niger, de l’Unicef et de ses partenaires », selon l’organisme onusien. Au Mali en revanche, la malnutrition aiguë sévère devrait augmenter de 18,4 % cette année et a;ecter 367 000 enfants. « L’insécurité et les conflits croissants signifient que la vulnérabilité augmente dans la région et qu’il est de plus en plus di;icile d’aider les communautés dans les zones isolées » confrontées aux attaques djihadistes, a déclaré la directrice régionale de l’Unicef pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Marie-Pierre Poirier, citée dans le communiqué. L’augmentation de l’insécurité alimentaire et des prix des denrées alimentaires a;ecte également la qualité de l’alimentation des jeunes enfants au Sahel, où déjà 82 % des jeunes enfants (6-23 mois) sont en situation de pauvreté alimentaire, ce qui signifie qu’ils ne sont pas nourris avec le régime alimentaire minimum dont ils ont besoin, explique l’Unicef. L’Unicef appelle les gouvernements à « placer la nutrition infantile au premier rang des priorités nationales » et « accroître les investissements nationaux dans la prévention, la détection et le traitement précoces de la malnutrition ». Déjà, au mois de mars 2023, l’Unicef tirait la sonnette d’alarme dans un rapport « Sos Enfants » dans lequel elle soulignait que dix millions d’enfants vivant au Burkina Faso, au Mali et au Niger – soit deux fois plus qu’en 2020 – avaient besoin de toute urgence d’une aide humanitaire, principalement en raison de l’intensification des conflits. Parallèlement, alors que les hostilités entre les groupes armés et les forces de sécurité nationales s’étendent au-delà des frontières, près de 4 millions d’enfants sont menacés dans les pays voisins. Le rapport indiquait qu’Au Burkina Faso, des données recueillies par les Nations Unies ont confirmé que le nombre d’enfants tués au cours des neuf premiers mois de 2022 avait triplé par rapport à la même période en 2021. La plupart de ces enfants ont succombé à des blessures par balles durant des attaques
menées contre leur village, ou ont été victimes d’engins explosifs improvisés ou de restes explosifs de guerre. Les conflits se caractérisent par une violence accrue. Certains groupes armés qui opèrent sur de vastes territoires au Burkina Faso, au Mali et, de plus en plus, au Niger, recourent à des tactiques consistant à bloquer les villes et les villages et à saboter les réseaux d’approvisionnement en eau. D’après des projections récentes, plus de 20 000 personnes vivant dans la zone frontalière entre ces trois pays atteindront d’ici au mois de juin 2023 un niveau d’insécurité alimentaire qualifié de « catastrophique ». Les groupes armés opposés au système éducatif géré par l’État brûlent et pillent systématiquement les établissements scolaires, mais aussi menacent, enlèvent ou exécutent les enseignants. Plus de 8 300 écoles ont fermé leurs portes dans les trois pays, soit parce qu’elles ont été directement prises pour cible et que les enseignants ont fui, soit parce que les parents ont été déplacés ou ont peur d’y envoyer leurs enfants. Plus d’une école sur cinq a fermé au Burkina Faso et 30 % des établissements scolaires de la région de Tillabéri au Niger ne fonctionnent plus en raison des conflits