« J’ai érigé le dialogueen principe de gouvernance »

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des maires et des présidents de conseil
départemental au suffrage universel direct
constituent deux innovations majeures ;

  • le dialogue social, qui a donné naissance
    au Haut Conseil du dialogue social et aux
    conférences sociales ;
  • et tout récemment les concertations nationales sur la lutte contre la vie chère.

C’est dans le même esprit que j’ai instauré le
28 mai comme Journée du dialogue national.
Aujourd’hui, mes chers compatriotes, le besoin
de concertation est encore plus pressant, alors
que le monde entier continue de subir les
conséquences cumulées de la pandémie
COVID-19 et d’une guerre majeure, dont personne ne peut prédire ni l’étendue, ni la fin.
S’y ajoutent pour nous, la menace immédiate
liée à l’avancée du terrorisme dans le sahel,
qui a fini d’atteindre des pays jusque-là épargnés.
En outre, l’échéance électorale présidentielle
de février 2024 s’impose d’elle-même comme
sujet de dialogue.
Je voudrais dire ici que le gouvernement prendra toutes les dispositions nécessaires pour
organiser une élection paisible, démocratique,
libre et transparente, comme notre pays sait
si bien le faire ; y compris en janvier et juillet
2022.
Je n’oublie pas le défi de la jeunesse, de la formation, de l’emploi et de l’entreprenariat. Nous
avons beaucoup fait dans le cadre d’instruments comme les Centres de formation, la
Convention Etat-Employeurs, la DER/FJ, le
3FPT, l’ANPEJ et le Programme XËYU NDAW
ÑI.
Mais il reste évidemment beaucoup à faire
pour améliorer l’employabilité des jeunes et
vaincre le chômage.
Autre défi qui mérite concertation : l’exploitation prochaine de nos ressources gazières et
pétrolières.
Toutes ces questions nous interpellent en tant
que nation, au-delà de nos différences et de
nos divergences.
Il est donc de notre devoir de nous retrouver
pour délibérer sur nos affaires communes,
dans le respect de nos acquis démocratiques,
le respect des règles qui fondent la nation sénégalaise, l’Etat de droit, la République et ses
Institutions, le respect de notre Justice, le respect de nos Forces de défense et de sécurité,
le respect des biens publics et de la propriété
privée, le respect de nos confessions religieuses
et de leurs guides.
C’est tout cela qui forme notre modèle de société que nous avons la responsabilité individuelle et collective de faire vivre et protéger.
Le régime de liberté que nous avons choisi va
de pair avec l’exigence de responsabilité. Il n’y
a pas de démocratie sans liberté, comme il ne
peut y avoir de liberté sans responsabilité.
Toute liberté a comme contrepartie la responsabilité qui en limite les abus.
C’est dire que ce dialogue doit marquer notre
engagement individuel et collectif de raviver
les valeurs qui fondent notre vivre ensemble
dans la paix, la stabilité et l’harmonie sociale.
Adhérer à ces valeurs, c’est bannir la violence
physique et verbale, ainsi que les discours haineux et la stigmatisation.
Chaque violence physique, chaque violence
verbale, chaque mot de haine, chaque bien
privé ou public saccagé, et au-dessus de tout,
chaque sénégalais tué laisse une blessure profonde à notre pays, à notre humanité, et à la
nation sénégalaise.

Sur le volet dialogue politique, je vous
recommande de mener les concertations de
façon à consolider nos acquis démocratiques
par de nouveaux consensus sur le Code
électoral, le processus électoral et les droits
civiques et politiques.


Je saisis l’occasion pour renouveler mes condoléances émues aux familles endeuillées, et souhaiter prompt rétablissement aux blessés.
Si besoin en était, je voudrais vous rassurer
que l’Etat est et restera debout, pour protéger
la nation, la République et ses Institutions.
Ensemble, avec toutes les composantes socio
politiques éprises de paix, de stabilité et de
cohésion nationale, nous avons le devoir solidaire de défendre notre modèle de société,
qui nous ressemble et nous rassemble.
C’est l’une des raisons d’être fondamentales
de ce dialogue national. Il y va de notre intérêt
commun. Comme je l’ai rappelé dans mon
message du 31 décembre 2022, nous sommes
parce que le Sénégal est. Nul ne doit s’imaginer
plus grand ou plus fort que cette nation qui
nous abrite tous.
Mesdames messieurs,
Ici et maintenant, c’est la nation qui nous parle,
car elle exige la paix. C’est chacune et chacun
de vous qui parle avec votre Sénégal que vous
aimez, car vous prolongerez ici par vos mots,
par vos suggestions, par votre respect des valeurs du dialogue, notre aspiration à la paix, à
la démocratie et au Sénégal de progrès économique et social qui saura prendre en charge
son avenir.
Mesdames, messieurs, distingués participants,
D’autres défis nous interpellent, dont l’exploitation de nos ressources pétrolières, gazières
et minières. L’expérience en Afrique prouve à
suffisance que ces ressources suscitent souvent la convoitise, des rivalités géostratégiques
et des actes malveillants, allant de la piraterie
au sabotage, voire au terrorisme.
Comme gouverner c’est prévoir, nous souhaitons le meilleur en nous préparant au pire.
C’est pourquoi nous avons considérablement
renforcé les capacités opérationnelles de nos
Forces de défense et de sécurité, afin qu’en
tout temps et en tout lieu, elles soient à la hauteur de leur mission de veille sur nos ressources
naturelles.
Je tiens à renouveler ici ma ferme détermination pour l’exploitation sécurisée, transparente,
inclusive et durable de nos ressources.
Ainsi, selon les dispositions de la Constitution
issue du référendum de mars 2016, « Les ressources naturelles appartiennent au peuple.
Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses

conditions de vie. L’exploitation et la gestion
des ressources naturelles doivent se faire dans
la transparence et de façon à générer une croissance économique, à promouvoir le bien-être
de la population en général et à être écologiquement durables ».
En application de cette norme constitutionnelle, le gouvernement a adopté une série de
mesures, comprenant :

  • la révision de nos Codes minier, pétrolier
    et gazier, en intégrant les normes de l’Initiative pour la Transparence des Industries
    extractives à laquelle j’ai fait adhérer notre
    pays en 2013 ;
  • les lois sur le partage des recettes tirées
    de l’exploitation future des hydrocarbures
    entre les générations actuelles et futures,
    et sur le contenu local, pour soutenir la
    participation du secteur privé national
    à l’exploitation de nos ressources naturelles ;
  • la création d’un registre des bénéficiaires
    effectifs dans le secteur extractif ;
  • et la modification du Code général des
    impôts pour étendre l’obligation de déclaration des bénéficiaires effectifs à l’ensemble des secteurs de la vie économique
    au Sénégal.
    Au demeurant, nos efforts en matière de gestion transparente des ressources extractives
    ont été reconnus par l’ITIE. Je ne reviendrai
    pas ici sur les excellentes appréciations dans
    l’évaluation d’octobre 2021 du Conseil d’administration de l’ITIE sur le Sénégal.
    Dans la même dynamique, nous avons mis
    en place en 2016 le Comité d’Orientation stratégique du pétrole et du gaz, COS-PETROGAZ,
    chargé de conseiller le Président de la République et le gouvernement sur toutes les questions liées aux filières pétrolière et gazière.
    Je présiderai d’ailleurs prochainement une
    réunion élargie du COS-PETROGAZ, pour faire
    le point sur :
  • l’état d’avancement des projets pétroliers
    et gaziers et la stratégie « gas to power »,
    production d’électricité à partir du gaz domestique ;
  • le bilan et les perspectives de développement du contenu local dans le secteur
    des hydrocarbures et des Mines ;
  • les résultats, orientations et impacts économiques et sociaux attendus de la politique nationale de gestion des ressources
    pétrolières et gazières ;
  • et la gouvernance des entreprises et
    agences publiques du secteur de l’énergie.
    Je rappelle également que nous avons créé
    en 2017 l’Institut national du pétrole et du
    gaz.
    L’INPG a formé à ce jour 78 ingénieurs et techniciens déjà opérationnels. Notre objectif est
    d’élargir le spectre des formations pour intégrer
    d’autres corps de métiers, y compris des juristes
    hautement qualifiés dans ce domaine complexe ; parce que si nous voulons maitriser au
    mieux l’exploitation de nos ressources, il nous
    faut disposer d’un capital humain diversifié et
    de qualité.
    En outre, à la faveur de la loi sur le contenu
    local, je souhaite que le secteur privé national
    investisse davantage dans la chaine de valeurs
    de la filière gazière et pétrolière afin de créer
    de nouvelles opportunités d’emplois et d’activités génératrices de revenus pour nos jeunes.
    Je veux redire ici la disponibilité constante du
    gouvernement à échanger sur l’exploitation
    de nos ressources naturelles sur une base
    saine, sereine et informée. Aucune question
    n’est tabou.
    De la même manière, en plus des questions
    politiques et celles spécifiques des ressources
    naturelles, ce dialogue national pourrait porter
    sur d’autres sujets, notamment économiques
    et sociaux.
    A l’épreuve de la pandémie COVID-19 et de la
    guerre en Ukraine, et malgré une conjoncture
    économique difficile, le gouvernement a pris
    un ensemble de mesures de soutien aux ménages et aux entreprises ; mesures d’ordre fiscal, subventions des prix de denrées de première nécessité et hausse des salaires, en plus
    de l’appui aux couches sociales les plus vulnérables à travers les Bourses de sécurité familiale.
    L’État a également fait un effort considérable
    de réduction des dépenses publiques, en particulier sur son train de vie.
    Au cours de ce dialogue, nous pouvons échanger sur les voies et moyens de mieux soutenir
    notre secteur privé, atténuer le coût de la vie
    et optimiser la dépense publique.
    S’agissant du format du dialogue, tirant parti
    de l’expérience passée, nous pourrions reconduire les mêmes Commissions, à savoir :
  • politique ;
  • économique et sociale ;
  • cadre de vie et environnement;
  • paix et sécurité ;
  • ressources naturelles ;
  • bonne gouvernance et lutte contre la
    corruption ;
  • administration, décentralisation et territorialisation des politiques publiques ;
  • enfin, Commission de synthèse.
    Sur le volet dialogue politique, je vous recommande de mener les concertations de
    façon à consolider nos acquis démocratiques
    par de nouveaux consensus sur le Code électoral, le processus électoral et les droits civiques et politiques.
    J’ai désigné mon Haut Représentant, Monsieur Moustapha Niasse, ancien Président de
    l’Assemblée nationale, pour me représenter
    au dialogue et en assurer la conduite si vous
    en convenez.
    S’agissant de sa structuration, je souhaite
    qu’elle soit inclusive, en intégrant aux blocs
    composés de la majorité présidentielle, de
    l’opposition et des non-alignés, les représentants des guides religieux et coutumiers, ainsi
    que ceux de la société civile.
    Je resterai, pour ma part, attentif à vos conclusions. Encore une fois, je vous remercie pour
    le temps et les efforts appréciables que vous
    allez consacrer à ces assises.
    C’est une grande cause, plus grande que chacun de nous ; parce qu’elle est nationale,
    qu’elle nous engage toutes et tous, et fait de
    chacun de nous un acteur indispensable de
    notre réussite collective.
    Je suis confiant que nous pouvons y arriver,
    si nous puisons dans la sagesse de nos anciens et le génie créateur de notre peuple.
    Je vous y encourage vivement et souhaite
    plein succès aux travaux du dialogue national.

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