Les heurts qui ont suivi le prononcé du verdict de l’affaire de viol présumé ayant opposé Ousmane Sonko à Adji Sarr ont entrainé des
dégâts aussi bien humains que matériels dont les conséquences risquent d’impacter la fête de la Tabaski prévue en fin juin et de perturber
le calendrier des examens scolaires.
Choquantes et repoussantes, les
images du saccage des campus pédagogique et social de l’Université
Cheikh Anta Diop (Ucad) ont laissé peu de
gens insensibles. Bâtiments et véhicules calcinés, meubles et équipements de bureaux
réduits en miettes, archives brûlées, c’est à
une véritable opération de destruction massive à laquelle ont procédé les manifestants
qui voulaient exprimer leur courroux suite à
la condamnation de l’opposant Ousmane
Sonko à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse. Ce jeudi 1er juin et le
lendemain vendredi, les partisans du maire
de Ziguinchor ont allumé beaucoup de foyers
de tension, affrontant violemment les Forces
de défense et de sécurité des heures durant.
En plus de l’Université Cheikh Anta Diop de
Dakar, des véhicules de particuliers ont été
brûlés, des magasins de grande surface dévalisés, des infrastructures comme le Ter et
le chantier du Brt vandalisés, des bus de
Dakar Dem Dikk réduits en cendres…
Depuis, c’est la désescalade, mais les stigmates de ces deux jours de violence restent
visibles et la peur habitent toujours certains
acteurs notamment les vendeurs de mouton.
Pour cause, on est à quelques jours de la Ta
baski et la plupart des points de vente sont
situés dans des zones de tension. D’ailleurs,
dans aucun de ces points de vente habituels
on ne voit l’ombre d’un mouton. Ce qui fait
dire au président de la Maison des éleveurs
du Sénégal, Ismaëla Sow, que de sérieuses
menaces pèsent sur la fête du mouton. À l’en
croire, la peur est en train de gagner les acteurs majeurs. « Le business n’est possible
que dans une ambiance de paix. Et ce n’est
pas le cas actuellement. Les jeunes détruisent
et ramassent tout sur leur passage. Et si la situation reste tendue à Dakar et dans les autres
capitales régionales, les gens hésiteront à
venir », a-t-il expliqué à nos confrères du journal Le Soleil. L’impact immédiat sera, selon
lui, l’absence de marchés, car les zones jadis
aménagées pour l’opération Tabaski sont des
cibles particulières des manifestants. « Quand
les jeunes manifestent, ils ne restent pas sur
place. La foule avance et essaie de faire le
tour de la ville. Cette situation ne rime pas
avec la vente de moutons », ajoute-t-il. Pour
lui, à défaut d’un climat calme et apaisé, des
milliards d’investissements peuvent être perdus. « La plupart des éleveurs, impliqués dans
l’opération Tabaski, ont bénéficié de crédits
bancaires. Aujourd’hui, s’ils font l’objet d’attaques, ils seront ruinés et auront des ennuis
tout le reste de leur vie », souligne M. Sow.
La situation, affirme-t-il, ne restera pas sans
conséquence pour les ménages, car si les
éleveurs n’arrivent pas à s’installer dans les
capitales régionales, les prix vont exploser.
PEUR SUR LES EXAMENS SCOLAIRES
En plus de la disponibilité hypothétique du
mouton, les chefs de ménages auront à affronter une autre menace : la fin de l’année
scolaire. A Dakar comme à Ziguinchor, des
écoles, en plus des universités, ont été vandalisées. Par exemple, à l’Ucad, les cours ont
été suspendus et le campus social fermé. Aujourd’hui, ce « Temple du savoir » est devenu
un lieu fantomatique. Et personne ne sait
quand est-ce que les enseignements reprendront. Le Ministre de l’Enseignement supérieur a visité les lieux le mardi 6 juin dernier
pour constater l’ampleur des dégâts. Même
si le Pr Moussa Baldé a exhorté les autorités
universitaires à tout faire pour que les enseignements reprennent, tout porte à croire que
ce ne sera pas une mince affaire. On estime
à près de 200 milliards de Fcfa l’enveloppe
nécessaire pour réparer les blessures de
l’Ucad.
Quant aux écoles, face à la réticence des parents d’amener leurs enfants à l’école, le Ministre de l’Education nationale a cru bon de
sortir un communiqué demander la poursuite
des cours. En effet, l’année scolaire est à son
dernier virage, le mois de juin et juillet étant
consacrés aux examens de fin d’année (Bac,
Bfem et Cfee). En encourageant les écoles à
poursuivre les enseignements, le Ministre de
l’Education nationale essaie ainsi de sauver
une année scolaire qui, globalement, n’a
connu aucune perturbation majeure cette
année. Pour l’instant, seules des écoles des
régions de Dakar et de Ziguinchor ont pâti
des manifestations, particulièrement la capitale du sud où on a dénombré une vingtaines d’établissements saccagés dont les
deux principaux lycées de la région.
577 millions de pertes pour la Sonatel
Abdou Karim Mbengue, directeur de la communication de la Sonatel, déplore les pertes
subies par la Sonatel : des véhicules, du matériel informatique et 309 kiosques partenaires
money ont été vandalisés. La société est obligée de redéployer le personnel dans d’autres
entités de la compagnie.
Mamadou Bocar Sy, président de l’Apbef, affirme que 14 banques ont été victimes d’actes
de vandalisme qui ont touché une trentaine de leurs agences. « la Société générale a
été la plus durement touchée avec 5 agences. Des distributeurs de billets ont été détruits
et des incendies signalés. » M. Sy estime à 3 milliards de FCfa les dommages subis par
les institutions financières.
M. Baidy Agne, président du Cnp, a déploré les actes de violence survenus le 1er juin où
des entreprises de divers secteurs ont été pillés et vandalisés. Les conséquences sont
désastreuses et l’arrêt des activités économiques généralisées pendant trois jours à
causer des pertes financières considérables pour les entreprises.