Une nasse tissée avec patience
Le Procureur de la République a lors de
son point de presse du 29 juillet, posé
sur la table un fait majeur. L’état est
resté le maître des horloges et, dans son choix
de faire face aux turpitudes de l’opposant
Ousmane Sonko a privilégié le passage par
les voies que lui ouvraient les outrances populistes du leader des Patriotes, celui menant
à lui opposer tout simplement l’article 80,
beaucoup plus contraignant que n’importe
quelle affaire de moeurs ou de diffamation.
Déjà le premier communiqué du Procureur
hier, entamait son propos par ce “depuis un
certain temps, il a été relevéà l’encontredu
sieur Ousmane Sonko, des actes, déclarations,
écrits, images, et manoeuvres sur plusieurs
supports et en diverses circonstances”, pour
asséner que “ces éléments, outre les lourdes
conséquences sur l’ordre public, l’intégrité
des personnes et des biens, sont constitutifs
de faits pénalement répréhensibles”. “Depuis
un certain temps”, c’est le premier point de
la nasse que l’on tisse, ça permet de poser
les limites de l’imprescription. Il semble aujourd’hui clair qu’un plan se déroulait un plan.
Comme si le Proc’ leur avait donné le bâton
avec cette histoire de téléphone, alors que
cela ressemble à une fausse piste ouverte
pour que les avocats aient un os à ronger,
avec ces histoires de contumax et de médisance.
Évidemment que cela ne pouvait pas porter sur une affaire de vol de portable. C’est
un dossier plus corsé sur lequel la SU travaille depuis de longs mois. Le Procureur
de la République a donc informé les Sénéglais que “C’est en ce sens que dans l’optique de renforcer la sécurité sur l’ensemble
du territoire national, d’assurer la protection des personnes et des biens et en parfaite symbiose avec les forces de défense
et de sécurité, nous avons menés des opérations d’investigations, lesquelles ont
identifié Ousmane SONKO, comme étant
l’élément instigateur de tous ces troubles”.
Avec patience, le pouvoir a documenté
toutes les sorties d’Ousmane Sonko, depuis le mois de Février 2021, où à la suite de sa convocation par la section de
recherches de la gendarmerie de Colobane, le leader du
PASTEF, a tenu à son domicile un point de presse au cours
duquel il a appelé ses partisans à se « mobiliser », en tenant
les propos suivants « Le combat s’annonce mortel, le mot
n’est pas de trop nous ne sommes plus au temps de la
révolte au salon, nous résisterons par tous les moyens possibles la confrontation démarre demain ». Cette documentation se termine par son appel fait depuis Ziguinchor, où
selon le Procureur de la République, “il appelle
non seulement ses militants à rejoindre la capitale
mais aussi à se préparer à livrer le combat final
communément appelé « thioki fin » ; c’est ainsi
que des milliers de jeunes se sont donnés rendezvous dans la capitale où, on a assisté à des scènes
de violence inouïes.” Fin de citation.
L’important ce sont les 6 nouveaux chefs d’accusation. Le vol est une simple mèche, mais c’est
Sonko lui-même qui s’est conduit comme un kamikaze ou du moins comme un martyr islamiste
palestinien, qui se serait mis une ceinture d’explosifs et qui aurait confié le détonateur aux Israéliens.
Au fond cela se déroule comme prévu lors de la
levée de son blocus, comme si le régime et la Justice s’en fichaient de ses histoires de sodomie ou
d’accusation mensongère. Elles sont devenues
des roues de secours.
C’est maintenant le mortal combat pour lui et ses
avocats le savent mieux que tout le monde. Ils auraient dû lui conseiller de se rendre, pour remettre
les aiguilles des horloges dans le sens d’une possible éligibilité de leur client. Encore aurait-il fallu que ses conseils
aient quelque influence sur un homme tellement persuadé
de sa bonne étoile et de son “bouclier de partisans fanatisés”,
à tel point qu’il se coyait intouchable. Parce que l’adage dit
bien que “lou yengueutou, liko yeungueul moko eupeu
dolé”. C’est toute la force d’un état que le Procureur a étalée
lors de ce point de presse pour rendre le mandat de dépôt
incontournable et inéluctable.
“il appelle non seulement
ses militants à rejoindre la
capitale mais aussi à se
préparer à livrer le combat
final communément appelé « thioki fin » ; c’est
ainsi que des milliers de
jeunes se sont donnés rendez-vous dans la capitale
où, on a assisté à des
scènes de violence
inouïes.” Fin de citation.
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