« Nous sommes dans le temps de
tous les possibles pour les jeunes
sénégalais »
❒ Propos recueillis par Mouhamadou M. DIA
LE D.P : La présidentielle de 2024 sera
inédite, dans la mesure où le président
sortant ne sera pas en lice.
Une première avec un jeu plus ouvert.
Qu’en pensez-vous ?
Khafor Touré : En effet, je pense que l’élection présidentielle de 2024 ouvre une nouvelle
séquence de notre expérience démocratique,
car, pour la première fois qui organise le scrutin ne sera pas candidat.
Le Sénégal reste un modèle démocratique
en Afrique, avec la décision historique du président Macky Sall de ne pas briguer un autre
mandat. Le Sénégal conserve son rôle
d’avant-garde, dans la pratique d’une démocratie exemplaire.
L’Afrique, dans sa trajectoire actuelle, a besoin
de ce genre d’exemple pour renforcer l’élan
de rattrapage économique et social, en cours
sur le continent.
Il faut saluer le leadership, la clairvoyance et
le sens aigu des responsabilités du président
Macky Sall qui entre, ainsi, par la grande porte,
dans l’Histoire, définitivement.
Macky Sall est un homme de son temps qui
a réussi à accéder à la magistrature suprême
parce qu’il avait compris les enjeux du moment et le positionnement politique qui s’imposait. De la même façon, après 12 ans de
pouvoir, malgré les multiples appels de la
part de ses partisans pour briguer un nouveau
mandat, il a pris en compte les véritables enjeux du nouveau contexte, et a décidé, souverainement de passer la main.
Une décision qui garantit la paix, la stabilité
et la consolidation de notre démocratie.
Evidemment, cette nouvelle séquence va
consacrer une recomposition politique totale
qui nécessite l’émergence d’un leadership
transformationnel, à la hauteur de la nouvelle
donne nationale.
LDP: Le candidat de BBY, soutenu par une
coalition sans égale, et dont la longévité
est unique au Sénégal, est-il nécessairement le favori ?
KT : Il est le favori, naturellement, si nous
réussissons à garder l’unité, la cohésion, la
discipline et un engagement sans faille, sincère de toutes les composantes de la coalition. Si ces conditions sont réunies, je suis
d’avis qu’il peut même ne pas y avoir de
deuxième tour.
LDP : Par delà de cet enjeu électoral immédiat fondamental, il y a aussi une nouvelle donne politique qui va s’imposer.
Après les séquences sanglantes orchestrées par Sonko et ses partisans, l’irruption massive des jeunes désespérés dans
l’arène politique, pose question. S’agitil d’un épiphénomène ou d’une lame de
fond ?
KT : Le débat sur la jeunesse doit être central.
Quand vous avez 75% de la population qui
a moins de 35 ans, dans un pays de 17 millions d’âmes, ce sujet, doit être au cœur du
débat public. Les questions relatives à la santé
des adolescents, à la santé reproductive, aux
loisirs, à l’éducation et à la formation professionnelle, à la citoyenneté, au volontariat, au
sport etc. doivent être prioritaires. Le devenir
de la nation est en jeu et dépend de la correcte prise en compte de l’aspiration des
jeunes.
L’avenir et la place des jeunes dans la société
doivent être une préoccupation majeure de
tout homme porteur politique national.
LDP : Le débat sur la jeunesse sera incontournable avec aussi l’immigration clandestine, les défits de l’enseignement et
de la formation, de l’emploi des jeunes.
Que faire face à ce casse-tête économique,
sociale et politique ?
KT : Cette question est lié à la première et il
faut dire que beaucoup d’expériences de politique de jeunesse ont été tentées.
Mais les résultats n’ont pas étés à la auteurs
des espoirs. Le Sénégal a été un pionnier
dans l’élaboration de projets pour l’emploi
des jeunes. Il y’a beaucoup de dispositifs opérationnels ; mais aussi de nombreuses insuffisances. Beaucoup d’efforts ont été fait
cependant.
Il y’a nécessité d’intensifier les programmes
les plus pertinents et le renforcement de la
gestion de l’allocation des ressources dédiés
aux programmes jeunes. Il y’a les solutions
structurelles : la stimulation de notre économie et du secteur de l’emploi en conséquence, les investissements massifs dans la
formation et l’apprentissage, le développement plus soutenu de l’esprit d’entreprise et
la mobilisation des financements. Cela permettrait d’avoir un écosystème entrepreneurial favorable à la création d’emploi. Il faut
enfin une réforme de la gouvernance du soussecteur jeunesse, emploi professionnel. Avec
un dispositif institutionnel harmonisé ?
LDP : Dans ce contexte difficile avec les
jeunes, que doit faire le candidat de BBY ?
KT : Si le candidat réunit les conditions évoquées plus haut et s’il présente un programme jeunesse convainquant, il a des
chances de bénéficier de la mobilisation des
populations.
La longévité de BBY s’explique par l’expérience, la stature d’homme d’état et le sens
des responsabilités des pères fondateurs de
la coalition, notamment le président Macky
Sall, le président Moustapha Niasse et feu
Ousmane Tanor Dieng qui ont toujours étés
fidèles à leur serment de gagné ensemble et
de gouverner ensemble.
Aussi bien le candidat, et toute la nouvelle
génération qui doit l’accompagné, s’il veulent
garantir les victoires futures, devront s’inspirer
de modèles et de la recette qui a fait duré
BBY.
LDP : Le Sénégal s’emble être l’otage de
la politique qui dans ses dérives, impacte
négativement le fonctionnement de l’économie nationale.
Est-ce le prix de la démocratie ?
KT : Je pense qu’il faut approfondir la réflexion sur le cas Sonko. Il faut s’interroger
sur pourquoi un homme sans un grand vécu
politique, sans expérience dans ce domaine
en soie arrivé à mobiliser autant de jeunes
survolter, difficiles à canaliser avec un discoure politique sans pertinence.
Ma réflexion c’est qu’il faut avoir conscience
qu’on a besoin de mobilisation des jeunes,
mais bien formé, bien éduqué et capable de
porter l’avenir du pays et de rivaliser avec les
meilleurs du continent et d’ailleurs.
Il faut écouter et comprendre les préoccupations de ces jeunes. Eviter à l’avenir les phénomènes comme sonko, ne pourra être possible que si les aspirations des jeunes sont
sérieusement prises en compte par les gouvernants. L’état a fait beaucoup mais doit
encor faire d’avantages.
Je fais parti de ceux qui ont toujours pensé
que s’occupé de la jeunesse est le principal
« ingrédient » de la paix et de la stabilité.
Sur les messages à adresser aux jeunes, il
faut mettre en exergue que nous sommes
dans le temps de tous les possibles pour un
jeunes éduquer, formé, qualifié quelque soit
sa couche sociale. Ce qui nécessite une démocratie sociale, la circulation des élites, le
distribution des postes de responsabilité sur
la base de la compétence et du mérite.
LDP : La dissolution du parti PASTEF annonce t’elle d’autres mesures pour limiter
le nombre pléthorique de formation politique qui dépasserai 300. Le nombre de
candidat à la candidature au sein de BBY
dépasse la dizaine. On pourrai atteindre
le nombre de 20 candidature ou plus pour
l’élection présidentielle du 25 février Quel est votre analyse ?
KT : Le Sénégal est un pays qui a la particularité de souffrir d’une sorte de maladie de
ces hommes politiques qui tous ou presque,
rêve de devenir président de la république.
La conséquence de la prolifération des parties
politiques, c’est que nous avons des entrepreneurs politiques mais non des politiques
dont la vocation est de servir l’intérêt général.
Il faut qu’on arrive à réduire les parties politique à 10. Je sais que cela parait irréaliste
aujourd’hui mais en réalité avec les coalitions
qui s’imposent 3 à 4 grandes formations politiques pourraient émerger.
Le jeu politique pourrait ainsi être animé par
3 ou 4 grands pôles.
C’est un chantier que tous les acteurs doivent
avoir le courage de faire aboutir. Il faut le savoir cette prolifération des partis a un coût
économique, social et politique.
Nous sommes dans un débat politique permanent, une sorte de campagne électorale
sans fin qui est toxique pour un pays.