La contre offensive ukrainienne, annoncée avec beaucoup de buzz, dans la presse
occidentale, n’a pas été un « game changer ». Loin de là ! Le conflit s’enlise dans une
forme de guerre de tranchées, meurtrière et sans issue.
❒ Par Mouhamadou M. DIA
Les ukrainiens qui continuent de souffrir d’énormes pertes en vies humaines
reconnaissent qu’ils n’avancent pas
beaucoup.
A cause de la défense russe, plus efficace,
parce que mieux organisée.
Avec des champs de mines qu’ils (les russes)
ont eu le temps de poser, sur de grandes surfaces.
Les ukrainiens font des attaques diversifiées,
sur le front, par drones, aussi et des bombardements qui font très mal.
Mais, rien de décisif, face à des russes qui accusent des pertes nombreuses, mais arrivent
à tenir dans les zones occupées du Donbass.
Et, évitent que certaines attaques sporadiques ne fassent trop de dégâts à Moscou
que les ukrainiens réussissent à atteindre.
Dans cette configuration, la propagande mobilise les deux belligérants, vingt quatre
heures sur vingt quatre.
Et, aussi les interventions sur le front diplomatique.
La guerre russo-ukrainienne est, à cet égard,
un conflit planétaire.
Par ses répercussions économiques, sociales,
boursières, financières etc.
Nouveau rebondissement pénalisant pour
certains pays africains dépendants des céréales ukrainiennes, avec le retrait de Moscou
de l’accord qui permettait l’exportation du
blé ukrainien, par la mer noire.
Ayant créé cette nouvelle situation, poutine
a promis des dons de céréales à certains pays
africains, comme l’Erythrée, le Mali, entre autres, lors du deuxième sommet Russie/Afrique
qui vient de se tenir à Saint-Petersbourg
(27/28 juillet). Il a aussi promis des aides, sans
trop s’avancer, car Moscou souffre des sanctions économiques et financières dures que
lui imposent les pays occidentaux.
Poutine peut compter sur des alliés : l’Iran,
la Chine, la Corée du Nord, la Syrie et des
pays africains comme le Mali, la Centrafrique
et, le Burkina.
Mais ils n’ont pas la force de frappe nécessaire
pour réduire les effets des sanctions.
C’est pour quoi, Moscou veut négocier, mais
refuse de se présenter en demandeur.
L’Arabie Saoudite a compris qu’une brèche
était ouverte et que le dialogue devait être
favorisé.
Sinon, cette guerre sans fin va hypothéquer
le boom économique qui permettait aux pays
du Sud, d’entrevoir le bout du tunnel. Pour
rêver d’une émancipation économique
grosse de tous les possibles pour les peuples,
si longtemps spoliés, colonisés, exploités.
La croissance mondiale ralentit et c’est un
très mauvais signe pour tout le monde.
Cette guerre est toxique et ne peut être gagnée, ni par la Russie, encore moins par
l’Ukraine. C’est ce qu’un regard lucide impose
à tout analyste et, il urge donc d’arrêter le
massacre et de geler le front, avant que le
Général Hiver ne s’en charge, dans quelques
mois.
De nombreuses vis humaines pourraient être
épargnées.
Evidemment, Kiev ne peut accepter le statut
quo ante, et la poursuite de l’annexion russe
d’une grande partie du Donbass.
Mais, que faire, lorsque la « critique des
armes» arrive à une impasse ?
Il ne faut jamais oublier que la guerre est la
continuation de la politique, par d’autres
moyens (Clausewitz). Il faudrait revenir donc
à la politique pour trouver une solution acceptable par Moscou et Kiev.
Il y a urgence politique, avec les élections
américaines en vue et qui pourrait tout changer, si, par exemple, Trump revenait aux affaires.
Pour le moment, il a beaucoup d’ennuis judiciaires, mais reste, largement en tête des
sondages pour la primaire républicaine.
Ce conflit est véritablement mondial tout en
restant localisé en Europe.
L’enlisement que tout le monde peut constater est le pire scénario qu’il faut redouter.
Agressé, l’Ukraine est légitime dans sa guerre
patriotique, pour libérer son territoire ; mais
n’en a pas les moyens.
Même avec l’aide massive de l’OTAN qui se
garde bien de franchir la ligne rouge de la cobelligérance.
Kiev demande toujours plus d’aide mais n’arrive pas à obtenir des avions F16, par exemple.
Parce que Joe Biden freine des quatre fers.
L’histoire enseigne que tous ceux qui se sont
battus avec les russes et qui se sont aventurés
sur son immense territoire, y ont laissé des
plumes.
Aujourd’hui encore, cette invincibilité est garantie plus que jamais, si l’on peut dire.
Avec plus ou moins 6000 ogives nucléaires.
Les leaders africains ont joué la carte diplomatique et demandé à Poutine et Zelenski
de s’asseoir à la table de négociation.
Leur démarche est sincère et leur neutralité
relative est un atout.
L’Occident a intérêt à soutenir leur démarche,
pour mettre fin à ce conflit qui fait tâche de