Le nouveau pouvoir sénégalais a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections législatives anticipées à la date du 17 novembre.
Ce choix ne devrait surprendre personne au vu du camouflet subi par ce même pouvoir, avec le rejet du projet de loi constitutionnel visant la suppression du conseil économique, social et environnemental (CESE) et du Haut conseil pour les collectivités territoriales (HCCT).
Ce qui surprend, cependant, c’est le fait que Bassirou Diomaye Faye ait adressé une lettre officielle au président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop pour fixer la date du DPG(discours de politique générale) du premier ministre, Ousmane Sonko, au 13 septembre.
Et s’est adressé à la nation, la veille, pour dissoudre l’Assemblée.
Cette lettre présidentielle était donc un leurre qui devient une tache indélébile sur la crédibilité de son auteur et/ou signataire.
Elle (cette lettre) a permis de piéger l’opposition parlementaire qui ne pouvait pas imaginer le chef d’Etat être capable d’un tel acte.
Les prétextes soulevés par Diomaye permettent d’esquiver le vrai débat, à savoir la hantise de Sonko de faire face à la représentation nationale, comme l’y oblige l’article 55 de la Constitution sénégalaise pour faire son discours de politique générale, en tant que chef du gouvernement.
Il est vrai qu’il y aurait passé des moments très difficiles et l’humiliation d’une motion de censure.
C’est la peur qui a dicté et la tromperie et la fuite en avant avec la dissolution qui ouvre un horizon incertain.
Car rien ne dit que le pouvoir minoritaire a les moyens de conquérir une majorité, dans le nouveau contexte politique sénégalais.
Les jeunes ont beaucoup été déçus par les actes posés ,ces cinq derniers mois, par Sonko et son gouvernement :les licenciements massifs de contractuels au port de Dakar et dans d’autres sociétés publiques ,les arrêts de chantiers au niveau du BTP ,les nominations peu convaincantes, sans appel à candidature comme promis, le népotisme constaté (la fille d’un ministre nommée DG),les accusations graves de marché de gré à gré, notamment à l’ONAS,(le DG sortant, accusant ouvertement son ministre),sans oublier la sortie au vitriol de Cheikh Oumar Diagne contre les confréries sénégalaises.
Il faut aussi rappeler les révoltes des jeunes ambulants, les tensions à Colobane et à Petersen, bref rien de rassurant pour mener campagne en toute sérénité.
Il s’y ajoute une ambiance délétère avec les départs massifs par les pirogues vers les îles Canaries. CHAQUE JOUR !
Qui témoignent d’un désespoir généralisé chez des jeunes, candidats à des actions kamikazes pour risquer leur vie dans l’océan Atlantique.
L’arrivée d’un nouveau pouvoir n’est manifestement pas signe de jubilation.
La dissolution actée, il faut donc rebattre les cartes et aller à la conquête de l’électorat ;
Les opposants, même divisés en de multiples coalitions, ont un même objectif : imposer la cohabitation à ce régime incompétent qui a déçu les sénégalais.
Les initiatives de « setsettal, » sont l’exemple type d’un manque de vision, car il y a des décennies que cela a été déjà fait.
Face au défi du chômage massif des jeunes, ces derniers attendent des projets nouveaux, mobilisateurs et féconds.
Pas de défoncer des portes ouvertes !
Les jeunes ne peuvent pas attendre et ce qu’ils ont vu en cinq mois, ne les galvanise pas.
Aux opposants de proposer autre chose et de commencer par recueillir les propositions des jeunes eux-mêmes. De les mobiliser et de les « propulser » comme des fers de lance de l’action politique, repensée, si on peut dire.
Exploiter l’échec du pouvoir et cibler son « Projet » fantôme est un devoir moral et politique.
La bataille de Novembre commence aujourd’hui et les opposants sont en pole position.
Toutes les insuffisances du pouvoir sont un carburant à exploiter avec inventivité, rigueur et détermination.
Pour accélérer sur la voie de la victoire du renouveau.