Le président angolais, Joao Lourenço, a annoncé la tenue prochaine d’un dialogue entre le président Tshisekedi et le mouvement rebelle M23, qui a lancé une offensive meurtrière dans la région congolaise du Kivu.Mandaté par l’Union africaine (UA), le président angolais réussirait un coup diplomatique remarquable si les responsables étatiques congolais et les rebelles du M23 acceptaient de se retrouver autour de la table de négociation.Ce que Kinshasa refusait jusqu’ici, alors que l’homme fort de la région qui soutient le M23, le président rwandais, Paul Kagamé, y est favorable depuis un bon moment.D’ailleurs, Kagamé avait accepté de rencontrer Tshisekedi, dans ce sens, à Luanda, au mois de décembre dernier.Le président congolais avait fait faux bond.Cette fois-ci, c’est le président congolais qui s’est rendu à Luanda et a rencontré le médiateur de l’UA.On peut comprendre la démarche de Kinshasa dans le contexte de l’évolution de la guerre au Nord-Kivu, qui est marqué par l’avancée des rebelles, ayant déjà conquis des villes stratégiques comme Goma et Bukavu.Le conflit sanglant a provoqué des milliers de morts et des centaines de milliers d’exilés, dans une région où les appétits miniers attirent aventuriers et mercenaires.Il y a un véritable risque de généralisation du conflit, que redoute la communauté internationale, qui s’engage de plus en plus pour pousser à la désescalade et à un dialogue fécond.Pour ce faire, les Occidentaux (Américains, Anglais, Allemands, Français, etc.) ont interpellé Kagamé pour qu’il freine ses troupes et le M23 qu’elles soutiennent.Le ralentissement de l’avancée des rebelles est lié à cette « offensive diplomatique », renforcée par l’action personnelle du président congolais qui n’a pas ménagé ses efforts, après un premier moment de crispation.Le médiateur angolais est crédible et respecté, ce qui lui permet de se faire entendre par tous les belligérants.Son pays est aussi une puissance économique régionale qui a des moyens connus de tous.Sa neutralité est un atout majeur pour pouvoir rassembler les protagonistes de cette guerre « longue durée » qui déstabilise une bonne partie des Grands Lacs.Au grand dam des populations, pour qui les immenses richesses minières sont une sorte de malédiction.Un autre fait marquant à mettre en exergue est la double explosion qui a endeuillé la manifestation du M23, à Bukavu, il y a 13 jours (le 27 février), causant 11 morts et 60 blessés.Cela a certainement dessillé les yeux des rebelles, qui ont compris que la seule conquête d’une localité ne garantit pas une sécurité durable.La critique des armes peut être une étape, mais enraciner la paix exige une adhésion des populations, en tout cas de leur majorité.
L’Angola annonce un dialogue direct Kinshasa/M23
