Certaines personnes, dans une logique de division pour mieux régner, ont subtilement installé dans nos esprits des idées fallacieuses. Résultat ? Nous en venons à nous regarder comme des ennemis : journalistes d’un côté, patrons de presse de l’autre.
On nous a fait croire que si nous sommes toujours pauvres, c’est à cause de nos patrons. Qu’ils nous exploitent, qu’ils vivent sur notre dos, qu’ils bloquent notre évolution.
Mais prenons un moment pour discuter, calmement et honnêtement.
Sur quelle base avons-nous intégré ces maisons de presse ?
N’est-ce pas nous qui avons négocié nos contrats ?
N’avons-nous pas accepté les conditions proposées ?
Ne sommes-nous pas liés par un contrat, librement consenti, qui précise nos droits et devoirs ?
À quel moment a-t-il été dit que c’était leur rôle de nous rendre riches ?
Où est-il écrit qu’ils ne devraient pas tirer profit de l’entreprise qu’ils ont bâtie ?
Étions-nous là lorsqu’ils se battaient, parfois seuls, pour créer ces structures ?
Avons-nous contribué à leur mise en place ? Leur avons-nous apporté assistance, soutien ou aide dans les moments difficiles ?
Pouvons-nous nous permettre, moralement, de leur en vouloir quand ils tardent à payer, alors qu’eux-mêmes injectent souvent leurs propres ressources pour nous permettre de produire ?
Nous savons tous que ce sont, pour la plupart, des entrepreneurs qui investissent dans ces entreprises de presse — souvent sans retours garantis — juste pour nous offrir un cadre d’expression.
À un moment donné, ne serait-ce pas de la pure méchanceté que de leur reprocher leur réussite ?
Ont-ils volé leur statut social ? Ne l’ont-ils pas mérité, à force de sacrifices, d’efforts et de travail ?
Pourquoi ne pas nous en inspirer, au lieu de cultiver l’aigreur ?
Pourquoi ne pas rêver, nous aussi, de bâtir, de créer, d’oser, comme eux ?
Il faut savoir raison garder.
Et je terminerai par ceci :
Ces patrons de presse, malgré leurs défauts et limites, sont parfois de vrais patriotes. Car il faut être profondément généreux pour accepter de créer, de financer, de former, et même de révéler des talents — parfois jusqu’à se faire éclipser par ceux qu’on a portés.
S’ils étaient aussi égoïstes, opportunistes ou méchants qu’on le dit, ils ne l’auraient jamais fait.
Respect à vous