La formation des journalistes est un défi planétaire, pour les outiller à faire leur travail (informer juste et vrai, commenter avec objectivité, pour permettre aux lecteurs-citoyens de s’approprier les informations avec perspicacité et lucidité).Ce qui se passe actuellement au Sénégal révèle combien les médias peuvent tomber dans la désinformation, en mettant en exergue une propagande insidieuse qui prend la forme d’une « action judiciaire » visant « ceux qui ont détourné des deniers publics et doivent rendre des comptes à la justice ».C’est ainsi que l’essentiel des couvertures médiatiques se focalise sur les convocations judiciaires, les sommes colossales (en milliards de francs CFA) détournées, et surtout les anciens dignitaires du régime précédent qui se débattent dans les griffes de la machine judiciaire.Après la mise sur pied expresse de la Haute Cour de justice, composée de 7 membres du parti Pastef et d’un membre du parti APR, les choses se sont emballées : deux anciens ministres sont déjà incarcérés (mandat de dépôt), un placé sous bracelet électronique et assigné à domicile, un autre a payé une caution pour rester libre, et un autre fait face aux juges au moment où ces lignes sont écrites.D’autres dignitaires, dont un député, sont déjà envoyés en prison, pour attendre la fin de l’instruction judiciaire concernant leur dossier.Ces « cas » font saliver une certaine opinion publique et les choux gras des médias qui se disputent les scoops, sans se douter qu’ils se font manipuler en agissant de la sorte.En effet, ils bafouent la présomption d’innocence des personnes accusées, jetées en pâture à l’opinion, composée, en grande partie, d’analphabètes qui assimilent « arrestation, mise en dépôt, paiement de caution » à culpabilité.Cette dérive des médias favorise la propagande du nouveau régime, qui instrumentalise la reddition des comptes et les accusations portées contre certains dirigeants de l’ancien régime, pour détourner ainsi l’attention des jeunes, notamment, sur leur incapacité à respecter leurs promesses, à résoudre la question de l’emploi, le casse-tête de la demande sociale, le paiement à temps des bourses d’étudiants, le bouclage des chantiers laissés par le gouvernement sortant sur les campus des universités, les autoroutes, etc.Depuis plus d’un an, le duo Diomaye/Sonko n’a ni inauguré un chantier, ni posé une seule première pierre ; les bourses de solidarité – qui soulageaient les ménages les plus défavorisés – ont été arrêtées.Il n’a trouvé aucune solution à la déferlante de l’émigration clandestine, par vagues de pirogues à l’assaut de l’océan Atlantique vers l’Europe.Ce qui démontre combien les jeunes sont désespérés.Sonko et Diomaye n’ont pas fait renaître l’espoir, loin de là.Et c’est cette réalité, qui pointe l’échec, que la chasse aux sorcières – qu’est devenue la reddition des comptes – cherche à masquer.Les médias tombent dans le panneau en ne parlant que de cela, en oubliant les vrais enjeux concernant la « rupture promise », la gestion saine et vertueuse, la liberté de la presse (soit dit en passant, jamais auparavant celle-ci n’a été aussi menacée au Sénégal, où les médias sont sevrés de publicités et pris à la gorge par le système fiscal).S’il faut couvrir les développements liés à la reddition des comptes, il faut aussi passer au peigne fin l’ensemble de l’action gouvernementale. SANS PARTI PRIS !Pour informer aussi objectivement que possible les citoyens.Une vigilance de tous les instants est indispensable pour conforter une presse libre, crédible, parce que rigoureuse dans sa démarche.Le combat doit cibler la formation des journalistes et les recrutements.L’éthique et la déontologie professionnelles sont fondamentales dans l’exercice de ce métier difficile, qui exige rigueur et courage.Tous les pouvoirs tendent à gagner le plus de terrain possible.Il faut leur opposer les droits des citoyens à la liberté de penser et d’expression, qui va avec.Et donc rejeter toutes les formes de manipulation.
LA SURMÉDIATISATION MANIPULATRICE
