Dialoguer, comment ne pas être pour
dans un pays dont l’ADN en est mar
qué comme le Sénégal ?
La démocratie l’exige et dans le cas du pays
de la Teranga, politique et culture y conver
gent, rassemblant tous les citoyens à l’ombre
de l’arbre à palabres. Depuis des siècles.
L’appel au Dialogue du nouveau régime
trouve des oreilles attentives naturellement.
Mais, c’est le contexte qui n’est pas propice
avec une accélération des poursuites judi
ciaires, des arrestations et des convocations
intempestives.
De nombreux ministres et dignitaires de l’an
cien régime sont trainés devant les tribunaux
et ne savent plus à quels saints se vouer.
Accusations semblent rimer avec culpabilité
et les versements des cautions avec des in
jonctions impératives.
Le curieux cependant est qu’il y a deux poids
et deux mesures à savoir des cautions accep
tables et d’autres qui ne le sont pas.
Le ministère public devrait éclairer la lanterne
des sénégalais et préciser pourquoi la caution
de Jean est recevable et non celle de Paul.
Quand c’est flou il y a un loup, dit-on.
Une volonté de torturer, d’humilier les uns ?
A l’évidence on ne peut pas dialoguer sans
confiance réciproque. Entre opposants et ré
gime au pouvoir, la suspicion est de rigueur
car il y a eu le précédent de la dissolution.
Ensuite, il y a cette volonté déjà affichée de
renforcer les pouvoirs du premier ministre
qui est considéré comme la bête noire de
l’opposition pour de multiples raisons : ses
menaces, son verbe toujours tranchant,
toutes choses qui pointent une volonté d’en
découdre. Comme du temps ou il était dans
l’opposition. Aujourd’hui, il y’a comme une
volonté de solder les comptes en soufflant
sur les braises ardentes des batailles poli
tiques de 2021 à 2024. Ce passé ne semble
pas passer chez les partisans de la reddition
des comptes, règlement de comptes. C’est
ce qui cultive la méfiance chez de nombreux
opposants qui hésitent.
Pourquoi s’obstiner a vouloir donner plus de
pouvoirs constitutionnels à Sonko ?
Un bicéphalisme à la tête de l’Etat est-il sou
haitable ?
Un modus vivendi entre Diomaye et Sonko
peut suffire, le premier pouvant donner toute
satisfaction au second.
Si le dialogue ne sert que pour habiller ce
deal au sommet, il n’est pas nécessaire. Et
pourtant, il est nécessaire au sens philoso
phique du terme, c’est à dire qu’il ne peut
pas ne pas être. Parce que le Sénégal carbure
au dialogue et a réussi à trouver des solutions
à tous ses problèmes parmi les plus com
plexes par la concertation.
Il en a été ainsi avec le code consensuel de
1992 et lors de la troisième alternence.
Il est maintenant établi que les deux têtes du
pouvoir actuel ont eu à discuter pendant des
mois, avec Macky Sall, avant d’aboutir à un
deal politique qui a permis leur sortie de pri
son et l’organisation des élections présiden
tielles. Ce dialogue secret a accouché de la
situation actuelle. Il y a certes de grandes
difficultés économiques mais le pouvoir po
litique demeure légitime.
Si le dialogue avait pour but de réfléchir sur
les voies et moyens de renforcer la paix so
ciale, de soulager les ménages contre la vie
chère, de booster les chantiers pour
construire l’avenir des jeunes, tout le monde
y souscrirait. Mais, il y a malaise et interro
gations logiques et rationnelles sur ce dia
logue aux contours flous.
Il appartient au pouvoir d’édifier les citoyens.
Et d’expliquer les tenants et les aboutissants
de cette initiative qui ne suscite pas encore
l’enthousiasme débordant des sénégalais.
