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Allocution de Monsieur MoustaphaNiasse, Secrétaire général de l’AFP

Camarades membres du Secrétariat Po
litique Exécutif de l’Alliance des Forces
de Progrès,
Mes chers Camarades congressistes,
Chers invités,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais tout d’abord m’incliner devant
la mémoire de Seydina Mouhamadou Makh
tar Laye, Khalife général des Layènes et du
Président Badio Camara, deux grandes fi
gures de notre pays qui ont excellé, l’un dans
le spirituel, l’autre dans l’art de vivre et de
dire le Droit.
A tous nos frères et sœurs de la chrétienté,
aux Gens du Livre, je présente mes condo
léances émues, suite au rappel à Dieu de Sa
Sainteté le Pape François. Il a marqué son
magistère par une sensibilité profonde au
sort des plus démunis, notamment des nom
breuses victimes de la crise migratoire.
Je voudrais m’incliner également devant la
mémoire de nos camarades rappelés à Dieu,
depuis la création de notre Parti, l’Alliance
des Forces de Progrès, le 13 août 1999. En ci
tant Madieyna Diouf, Coordonnateur épo
nyme, j’inclus tous les autres. Je pense éga
lement aux alliés, comme les regrettés frères
et amis Amath Dansokho, Massène Niang et
le Professeur Madior Diouf qui ont partagé
avec nous des combats patriotiques, salu
taires pour le devenir de notre cher pays, le
Sénégal.
Cela dit, je tiens à adresser mes vifs remer
ciements à tous les alliés, particulièrement
ceux de Bennoo Siggil Senegaal, dont certains
cheminent avec nous, sans interruption, de
puis l’An 2000.
C’est une des raisons pour lesquelles j’ai
écouté avec émotion l’hommage que mes
camarades ont eu l’amabilité de me rendre,
à travers trois procédés. J’ai beaucoup ap
précié Le beau texte du Docteur Sagar Seck,
le film documentaire ponctué de témoi
gnages affectueux et éloquents de vieux com
pagnons, de camarades de combat et la mo
tion de remerciements lue par Madame
Suzanne Tisseira, Présidente du Comité scien
tifique de ce Congrès. Je suis d’autant plus
touché par toutes ces marques de considé
ration que je suis sur le point de passer le re
lais à une nouvelle génération de cadres et
de dirigeants politiques, à même de relever
les défis de la préservation d’un legs que nous
avons construit ensemble, pas à pas, au mi
lieu de turbulences multiples.
Cet hommage généreux que vous m’avez
rendu est également destiné à mon épouse,
Marianne Cissé Niasse et à toute ma famille,
qui ont partagé courageusement avec moi
toutes les vicissitudes de ma tumultueuse et
longue vie politique.
Ce Congrès de l’Alliance des Forces de Progrès
se tient dans un contexte très particulier, où
les interrogations multiples gagnent les es
prits, tant à l’échelle internationale qu’à l’in
térieur de nos frontières. Les populations,
plus résilientes que jamais, souffrent dans la
dignité et continuent d’exprimer de manière
très claire leurs aspirations au progrès, au
bien-être et à la liberté.
A l’entame de nos travaux, dans une période
aussi cruciale, nous sommes guidés par un
intitulé à la fois ambitieux et pertinent : «Le
Sénégal à la croisée des chemins : l’AFP face
à ses responsabilités historiques.»
Le contexte international particulièrement
instable nous invite à une réflexion profonde,
pour appréhender et analyser des données
qui s’accumulent et subissent des interconnexions, dont les conséquences nous placent
au cœur des nouvelles réalités qui gouvernent
la planète monde. Depuis l’effondrement du
mur de Berlin, la bipolarité qui a caractérisé
pendant des décennies les relations interna
tionales a été brisée, ce qui a favorisé l’émer
gence de nouveaux pôles d’influence rendant
plus complexe la compréhension des rap
ports de force et la gestion des intérêts des
pays du Sud.
Quant à notre pays, le Sénégal, nous voici à
l’orée de l’économie pétrolière et gazière,
dans un monde où le marché et les capitaux
imposent plus que jamais leur propre logique,
leurs priorités et leurs choix. Nous Sénégalais,
nous avons connu, il y a douze mois, notre
troisième alternance démocratique, avec ses
corollaires politiques, économiques, sociaux
et culturels. S’il peut paraître prématuré de
recourir au substantif crise, il nous semble
opportun de tirer d’ores et déjà la sonnette
d’alarme, pour préserver la stabilité, la cohé
sion nationale et les grands équilibres qui
ont toujours été à la base de la trajectoire
empruntée par notre pays, depuis l’Indépen
dance.
Il convient de l’affirmer avec force, il devient
périlleux de gouverner, dans un contexte agité
par des turbulences multiples, dont l’impa
tience fébrile de franges importantes des po
pulations, n’est pas des moindres. Nous cam
pons ainsi la question capitale de la
gouvernance à même de conduire à l’intelli
Il convient de l’affirmer avec
force, il devient périlleux de
gouverner, dans un contexte
agité par des turbulences
multiples, dont l’impatience
fébrile de franges
importantes des
populations, n’est pas des
moindres. Nous campons
ainsi la question capitale de
la gouvernance à même de
conduire à l’intelligence
aigüe des paramètres et des
situations.
gence aigüe des paramètres et des situations.
Le génie sénégalais, tant célébré naguère,
doit amener tous les acteurs politiques à pri
vilégier la sécurité et les intérêts stratégiques
de notre pays, sans préjudice des compéti
tions saines et transparentes, conformément
aux lois et règlements qui régissent les dé
mocraties contemporaines.
C’est précisément cette boussole qui a été à
la base de la mémorable Déclaration du 16
juin 1999. Au-delà de la fonction de repère
de cette Déclaration, je voudrais dire qu’elle
est consubstantielle à l’identité et au parcours
de l’Alliance des Forces de Progrès, depuis
sa création. Depuis lors, avec des jeunes, des
hommes et des femmes déterminés, notre
Parti a toujours su peser, conformément à sa
devise (Foi, Patriotisme et Solidarité), sur le
cours des évènements capitaux du dernier
quart de siècle de l’histoire contemporaine
de notre pays.
Ayant été aux premiers rangs des alternances
de 2000 et 2012, l’AFP a participé activement
à cinq élections présidentielles, à six législa
tives et à quatre territoriales. Nos choix, réa
listes s’il en fut, ont été dictés, à une exception
près, celle des législatives de 2001, par la nou
velle donnée des alliances qui caractérisent
la vie politique du Sénégal, depuis l’An 2000.
Par ailleurs, nous avons pris une part active,
voire de premier plan, aux Assises nationales
de 2008, qui ont été le prélude à la conquête
des grandes villes par l’Opposition et à la
deuxième alternance. Il faut le souligner, votre
Secrétaire général, trois fois candidat à l’élec
tion présidentielle est arrivé à la troisième
place en 2000 et 2012, ce qui a permis à notre
Parti de peser dans le cours des évènements
et dans la gouvernance de notre pays. C’est
ainsi que j’ai exercé moi-même les fonctions
de Premier ministre à une période sensible
et celles de Président de l’Assemblée nationale pendant dix années. D’autres camarades
ont été membres du Gouvernement, du Bu
reau de l’Assemblée nationale ou du Haut
Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT),
Maires de Communes importantes, ou Pré
sidents de Conseils départementaux.
Je n’oublie pas l’apport considérable de notre
Parti dans les combats pour l’approfondis
sement de notre démocratie et la transpa
rence des élections. Ces luttes ont été menées
avec courage, lucidité et efficacité dans des
cadres comme le Front pour la Transparence
et la Régularité des Elections (FRTE), le Cadre
Permanent de Concertation (CPC), Clarté Na
Leer, Bennoo Siggil Senegaal et, il y a
quelques mois seulement, l’Alliance pour la
Transparence des Elections (ATEL).
Mais, Camarades, nous devons procéder à
une évaluation objective de nos différentes
participations à des Coalitions et à des Co
alitions de Coalitions, comme le Front pour
l’Alternance (FAL) de l’An 2000 et Bennoo
Bokk Yaakaar (BBY) de 2012 à 2024. Comme
j’ai l’habitude de le dire, nous n’avons pas été
au pouvoir, nous avons été associés au pou
voir. Cela signifie que même si nous avons
gardé notre liberté d’appréciation, notre ca
pacité réelle et éprouvée d’élaborer des
conseils appropriés, nous n’avons pas détenu
les manettes de la décision.
Il est juste de souligner que l’AFP a souvent
fait l’objet d’ostracisme de la part de certains
alliés, notamment lors des investitures por
tant sur les élections législatives ou territo
riales. Ce constat récurrent a entraîné une
baisse progressive du nombre de nos élus,
du fait de la seule volonté de personnages
ombrageux chargés d’exercer les fonctions
de mandataires de la Coalition. Souvent, les
plus jeunes d’entre nous ont voulu en tirer
les conséquences qui selon eux s’imposaient,
mais le Parti, après des débats démocratiques
et ouverts, a plusieurs fois prêché la tempé
rance, au nom de la stabilité de notre pays,
au détriment de ce qui est communément
appelé patriotisme de Parti.
Cependant, à la veille des législatives de 2024,
les choix unilatéraux opérés au sein de Ben
noo Bokk Yaakaar ont amené notre Parti à
quitter cette Coalition. Notre engagement
dans la nouvelle Coalition que nous avons
créée avec d’autres partis, Jamm ak Njarin,
n’a pas été concluant, pour le moment. Nous
restons dans une attitude d’observation, et
si nous aboutissons à des conclusions réser
vées ou négatives, l’AFP prendra ses respon
sabilités, en choisissant la Direction qui lui
paraîtra la plus responsable et la plus opé
rationnelle, pour défendre les intérêts supé
rieurs du Parti et de la Patrie.
C’est le lieu maintenant de nous pencher,
avec minutie, sur les objectifs de ce présent
Congrès qui peuvent se résumer dans les
Ensemble, nous avons
l’obligation de cultiver et de
fructifier ce legs qui nous est
parvenu après une très
longue chaîne de
générations de bâtisseurs
résilients, patients et
déterminés. En projetant
votre regard sur cet
immense miroir garni de
propos et d’actes imprégnés
d’exemplarité, vous vous
évertuerez à perpétuer ce
relais vital pour notre
société, notre pays et notre
démocratie.
mots clés de Réformes, Adaptation et Rajeu
nissement.
Les réformes s’imposent quand les outils, les
structures et les moyens mis en œuvre en
traînent des résultats en deçà des prévisions.
C’est la raison pour laquelle il convient de re
penser la nature, le format et la composition
de certains Organes du Parti. Je sais que le
Comité national préparatoire du Congrès et
ses Commissions dédiées ont travaillé d’ar
rache-pied pour soumettre des propositions
à cette Instance souveraine, le Congrès, à qui
revient la décision finale. Je voudrais ici adres
ser mes vives félicitations à l’ensemble des
membres du Comité national préparatoire
et à son Président, le Professeur Bouna Mo
hamed Seck ainsi que tous les camarades
qui m’ont accompagné dans l’idéal en mou
vement que nous avons déroulé ensemble
pendant plus de vingt-cinq années.
Par ailleurs, il est attendu que les modes de
fonctionnement, les cibles et la communi
cation, entre autres, s’adaptent aux nouvelles
exigences de larges segments de la popula
tion, particulièrement critiques à l’endroit
des acteurs politiques. En définitive, le vrai
baromètre sera perçu à travers les résultats
de la campagne de massification, la visibilité
et les capacités accrues de mobilisation, tous
ces éléments devant se traduire dans les in
vestitures et dans les urnes, lors des pro
chaines échéances électorales. Il s’agira donc
de faire preuve de pragmatisme, dans l’effi
cacité et l’efficience.
Le troisième élément du triptyque, le rajeu
nissement, est la conséquence naturelle de
la place prépondérante des jeunes dans la
structure des populations. Comme nous le
savons, notre jeunesse porte des aspirations
et des inquiétudes liées à un avenir chargé
d’incertitudes, notamment dans le dossier
lancinant de l’emploi, au moment où le cumul
de maladresses des nouvelles autorités a en
traîné l’aggravement du chômage consécutif
à des mesures hâtives et inconsidérées, par
exemple dans le secteur du Bâtiment et des
Travaux Publics (BTP) et la pression fiscale.
Mes chers Camarades jeunes, à ce stade, je
ne puis m’empêcher de vous convier à rece
voir le viatique de la formation, qu’elle soit
professionnelle, technique ou politique. Ce
sont là vos instruments indispensables dans
le cheminement sinueux de la vie politique,
de la vie tout court. Donner un sens à notre
vie, c’est d’abord savoir déterminer les
contours de notre mission sur terre, pour dé
cider de l’accomplir totalement, sans conces
sion aucune sur les valeurs et les principes,
la morale et l’éthique. Ensemble, nous avons
l’obligation de cultiver et de fructifier ce legs
qui nous est parvenu après une très longue
chaîne de générations de bâtisseurs résilients,
patients et déterminés. En projetant votre re
gard sur cet immense miroir garni de propos
et d’actes imprégnés d’exemplarité, vous vous
évertuerez à perpétuer ce relais vital pour
notre société, notre pays et notre démocratie.
Comme ceux qui vous ont précédé, je vous
sais capables de consentir des efforts et des
sacrifices à la hauteur des impératifs de
l’heure.
En ce qui me concerne, j’ai mené, autant que
j’ai pu, avec l’aide de vos aînés et de certains
membres de votre génération, tous les com
bats attendus de ceux-là qui sont viscérale
ment liés au culte de l’Etat, à l’amour de la
Patrie et à cet élan empreint d’humanisme,
qui nous pousse à soutenir les personnes en
détresse, notamment les plus démunies.
C’est précisément la foi en Dieu qui nous
amène à craindre et combattre l’injustice,
pour l’avènement d’une société de progrès,
plus juste et plus équilibrée, où la pauvreté
est éradiquée et où les infrastructures et les
produits de base sont accessibles au plus
grand nombre. Naturellement, la mort an
noncée des idéologies ne doit pas nous ame
ner à renoncer au socialisme démocratique,
ce cadre de référence que nous avons choisi
ensemble, pour nous servir de boussole, dans
la quête et la conquête du mieux-être pour
tous.
En avant pour de nouvelles avancées et
de nouvelles victoires !
Vive le Sénégal debout, prospère et uni !
Vive la République !
Vive l’Alliance des Forces de Progrès !