La nomination de Amadou Ba est bien accueillie par les sénégalais, journalistes compris.
Une fois n’est pas coutume, il n’y a eu aucune critique acerbe ,ni même des sons de cloche
discordants ,au point de troubler le sommeil des uns et des autres.
Et surtout pas de « concert de casseroles ».
Pourtant les opposants ont en face d’eux un premier ministre qui a ,d’emblée, annoncé la
couleur : « il est en mission » et entend « mener le combat ».
Moins une « remontada » qu’une reconquête des électeurs perdus entre élections locales et
législatives ,emportés par les listes parallèles ,les vote-sanction ,la morosité du « climat
économique » et ,surtout la faible réaction de nombre de ministres ,directeurs de sociétés et
autres leaders de la coalition BBY qui ont souvent été aux abonnés absents.
Amadou Ba va devoir remobiliser tout le monde ,en tant que chef de l’équipe
gouvernementale et participer activement à l’offensive politique de la coalition
présidentielle.
Son équipe a fière allure ,avec des revenants expérimentés qui ont su digérer leur
« traversée du désert » ,en restant loyaux et patients, comme lui-même qui a montré
l’exemple, Aly Ngouille Ndiaye et Mame Mambaye Niang.
Mais aussi de nouvelles têtes bien pleines comme Oulimata Sarr propulsée au poste
stratégique de ministre de l’économie ,une première pour une femme.
Ce qui, soit dit en passant fait ,plus ou moins ,passer la pilule du peu de nombre de
« lionnes » sélectionnées.
8 sur un total de 38,c’est peu, même si la parité, selon la loi, n’est exigée que pour les postes
électifs.
Il y a aussi le retour au ministère de la justice du Professeur Ismaila Madior Fall(qui avait été
déjà Garde des Sceaux (en 201/2019) dont l’expertise force le respect de tous.
Amadou Moustapha Ba atterrit au ministère des Finances ,lui qui était Directeur du Budget
et dont la compétence est indiscutable et indiscuté, si on peut dire.
Victorine Ndèye est honorée pour sa combativité ,sa compétence et son courage politique,
elle qui a imprimé sa marque dans la région de Ziguinchor.
Tout comme Doudou Ka, un battant hors pair doublé d’un ingénieur des Ponts et Chaussées
,banquier aussi ,avec un parcours scolaire et universitaire remarquable.
Ces deux-là font honneur à la région de Ziguinchor où ils militent et font face au populisme
de Ousmane Sonko. Avec courage !
Eux sont déjà dans le combat !
A l’évidence les identités remarquables ne manquent pas dans ce nouveau gouvernement et
on comprend que les citoyens leur accordent leur confiance ,à priori.
Mais vont les juger à leurs actes.
Amadou Ba a 100 jours pour convaincre et transformer l’état de grâce dont il jouit, en
dynamique victorieuse, à l’horizon 2024.
Il a moins de 18 mois pour transformer l’essai. C’est pas beaucoup, mais une reconquête de
l’opinion est bien possible car le propre des votes suscités par le mécontentement est qu’ils
sont faciles à retourner.
Si et seulement si des actes forts ,qui impactent positivement le panier de la ménagère-avec
une baisse réelle des denrées de première nécessité-sont posés et reconnus comme tels par
les populations.
Une communication performante doit être au rendez-vous et la nomination de Yoro Dia
,comme ministre et coordonnateur de la communication à la Présidence de la République
est rassurante à cet égard . Ce dernier est un journaliste respecté ,universitaire qui sait
défendre ses opinions, de manière pertinente.
Evidemment ,il faudrait que les « médias d’Etat » s’adaptent à ce nouveau contexte politique
dont la composition de l’Assemblée nationale est un reflet éloquent.
Convaincre en suscitant l’adhésion est un déf à relever, et au pas de charge.
C’est possible si tout le monde joue sa partition et il appartient au premier ministre -qui est
en réalité le « premier des ministres » ,dans un régime présidentiel ,de donner le la.
Fonctionnaire appartenant à la « Noblesse d’Etat »,Amadou Ba qui a gagné ses galons
d’homme d’Etat(ministre des Finances pendant 6 ans, ministre des Affaires étrangères), a le
background pour réussir sa mission .
Et gagner son « combat » contre des opposants capables de toutes les dérives populistes et
antidémocratiques.
Que tout le monde se le tienne pour dit.
Mouhamadou Dia