Le chef de l’Etat sénégalais a demandé au Garde des Sceaux, ministre de la justice, Ismaila Madior Fall «
d’examiner, dans les meilleurs délais les possibilités et le schéma adéquat d’amnistie des personnes
ayant perdu leurs droits de vote », lors du conseil des ministres.
C’est un coup de tonnerre politique qui a ainsi éclaté, car il
ouvre la voie à l’amnistie des leaders politiques Karim Wade
et Khalifa Ababacar Sall qui, depuis leur condamnation res-
pective, code électoral oblige, ne pouvaient plus se présenter à une
élection.
Ni même obtenir une carte d’électeur ! Ils étaient devenus non-élec-
teurs et inéligibles, malgré la grâce qui leur avait été accordée par le
Président Macky Sall.
Ce dernier, dans le cadre de la « consolidation du dialogue national
et de l’ouverture politique » souhaite franchir une nouvelle étape po-
sitive qui rendra à Wade Junior et Khalifa tous leurs droits civiques
et politiques. La mesure d’amnistie pourrait aussi bénéficier à d’autres
déjà condamnés définitivement ou pas, si la loi votée, dans ce sens
le mentionne. Ismaila Madior Fall est compétent pour diligenter ce
travail demandé par le chef de l’Etat.
Il faut se féliciter de la décision prise d’ouvrir ainsi un nouveau chapitre
du dialogue national.
Macky Sall reste fidèle à sa démarche d’ouverture qu’il avait annoncée,
à plusieurs reprises et publiquement, dans des médias.
Les personnes concernées ont, certainement, trouvé le temps très
long, et pour cause. Le parti de Karim Wade, le PDS a, longtemps
soutenu l’option d’une « révision » de son procès, laquelle n’était pas
réaliste.
Ni politiquement, ni sur le plan logistique, pour ainsi dire.
Khalifa Sall s’était laissé entrainer par des avocats qui affirmaient,
contre tout bon sens, qu’il pouvait se présenter aux élections. Il a
essayé en vain.
Pourtant il connait bien les dispositions rigides du code électoral
consensuel de 1992.
Après l’amnistie, il faudrait, peut-être, réadapter ce code.
Perdre ses droits civiques à jamais, oui pour les criminels pysycho-
pathes et autres criminels odieux qui sont irrécupérables. Mais pas
pour presque tout le monde, même ceux condamnés en sursis.
Voilà un débat politique de bon sens qui mérite d’être posé, dans la
dynamique de l’approfondissement du dialogue national.
Pourtant il y a bien une ligne rouge à ne pas franchir qui est celle de
« vouloir tout amnistier ».
Non, il y a des procès à organiser et des situations à clarifier et la
justice, seule est habilitée à le faire.
Tout ne peut être passé par pertes et profits, car la politique politicienne
transcenderait la justice et c’est inadmissible dans un Etat de Droit,
dans une république démocratique.