APPEL DU 16 JUIN 1999 Le courage en action

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l y a 21 ans, Moustapha Niasse faisait une
déclaration politique retentissante pour
affirmer sa liberté d’action, assumer sa

rupture avec le régime alors en place au Sé-
négal et tracer un nouveau chemin d’espoir

pour le pays.

Le pari était audacieux, la démarche bien ré-
fléchie et l’engagement total.

Parfaitement conscient de la difficulté de la
tâche qu’il s’était assignée, Niasse a mis à
l’aise ses parents, amis et compagnons, dans
un discours d’anthologie, pour leur faire savoir
qu’il comprendrait que d’aucuns ne le suivent
pas.
Pour enraciner sa détermination dans un
choix où l’éthique de conviction a convergé
avec celle de responsabilité.
Le socialiste de toujours, ancien directeur de

cabinet et ancien ministre du président Léo-
pold Sédar Senghor (pendant une décennie),

ancien premier ministre et ministre du pré-
sident Abdou Diouf, ne pouvait plus supporter

les dérives d’un pouvoir qu’il avait servi loya-
lement, et au plus haut niveau.

En vérité Niasse n’avait jamais accepté le tour-
nant du « congrès sans débat du PS de 1996».

Il avait refusé de s’y rendre et n’a pas voulu
participé aux instances qui en étaient issues.
La rupture était consommée et l’homme

d’Etat et homme politique socialiste n’atten-
dait que le KAYROS (moment opportun) pour

déclencher le tsunami politique qui allait
sceller le sort de 40 ans de pouvoir socialiste
au Sénégal.
Entre juin 1999 et févier 2000 la marche de
l’histoire s’est accélérée alors que Senghor
était encore en vie et il assistera même à la
chute de son successeur désigné, couvé et

installé, Abdou Diouf qui avait choisi de s’éloi-
gner de ses enseignements et de sa pratique

politiques.
De déviations en déviances, il (Abdou Diouf)
est bien le principal responsable de la défaite
de l ‘an 2000 que le départ de Djibo Kâ laissait
présager et que la rupture décidée par Niasse
a actée avant l’heure si on peut dire.
Le verdict des urnes lors du premier tour des

élections présidentielles de l’an 2000 est in-
contestablement parlant, si on ose dire :

Abdou Diouf : 41,51% -Wade : 31,01% -Niasse
: 16,77% – Djibo Kâ : 7,08%
Avec de la politique-fiction on additionnerait
les suffrages obtenus par les socialistes Diouf,

Niasse et Kâ, le candidat « senghorien » pas-
serait dès le premier tour.

Comme il en a toujours été jusqu’alors.
L’imputation causale est mathématique et
politique : la désunion a causé la perte de
Diouf qui l’a bien cherché et devrait faire son
mea culpa, après avoir accepté sa défaite et
transféré le pouvoir à son vainqueur, avec la
manière.

Mais si on ne réécrit pas l’histoire, on l’inter-
prète toujours à travers des prismes, des an-
gles et dans des contextes différents.

Quel que soit l’angle choisi l’objectivité im-
pose à tout analyste de reconnaître le rôle

fondamental joué par le fondateur du parti :
AFP (Alliance des Forces de Progrès) dans
l’avènement de la première alternance au
Sénégal.

Il en sera de même lors de la seconde alter-
nance, en 2012, lorsque Wade enivré de pou-
voir, lui aussi, sombra dans les dérives qui fi-
niront par emporter son régime.

Comme en 2000, Niasse fit le choix du courage
en menant le combat politique contre Wade
pendant 11 ans et 1 mois (il a été son premier

ministre pendant 11 mois) et finit par le vain-
cre. En jouant toute sa partition dans l’alliance

BBY (Benno bokk yakaar) qui dirige encore
aujourd’hui le Sénégal.
21 ans c’était l’âge de la majorité auparavant
avant qu’il ne soit ramené à 18 ans.
L’AFP est donc un parti majeur et qui l’a
prouvé sur le terrain politique national où il
s’est fait une place éminente, confrontation
électorale après confrontation électorale.

Le parti est enraciné dans le Sénégal des pro-
fondeurs où l’image de Niasse est magnifiée

comme un symbole de compétence, de pu-
gnacité, d’homme de foi, loyal, respectueux,

généreux et qui assume ses amitiés et ses
responsabilités.
Pour qui cherche à connaître les ressorts de
la pensée et de l’action politiques chez Niasse,
il lui faut se plonger dans la lecture de son :

« APPEL DU 16 JUIN 1999 ». Tout y est : le cou-
rage de l’analyse lucide d’une situation qui

conduit à une impasse politique pour le parti
socialiste qui avait dévié du chemin tracé par

son père fondateur Senghor et qui commet-
tait, par là-même un suicide politique pro-
grammé.

Niasse ne pouvait accepter cela, encore moins

rester les bras croisés et voir sa formation po-
litique sombrer, sans réagir.

Il fit alors le choix de l’analyse concrète de la

situation concrète (son mentor Senghor pro-
posait une relecture africaine de Marx et En-
gels) et le KAYROS coïncida avec le 16 juin

1999, jour j de l’engagement et de la confron-
tation politique à visage découvert.

Il faut ici rendre hommage aux militants de
la première heure qui ont osé suivre Niasse

dans un contexte difficile, avec un régime en-
core en pleine possession des moyens que

donne la gestion de l’Etat.
Beaucoup ont subi des tracasseries mais,
comme Niasse, avaient choisi l’espoir qui fait

vivre et qui est la sève nourricière du défi hu-
maniste.

« Rien de grand ne s’est accompli dans le
monde sans passion », affirme Hegel à juste
raison mais celle-ci n’est pas nécessairement

la résultante d’un destin qui s’accomplit de
lui-même, en dehors d’une action consciente
des acteurs déterminés à le faire advenir.
Niasse et ses camarades de la fin du siècle
dernier avaient choisi de dire non et d’agir
en conséquence.
Bien sûr leur foi a constitué un levain essentiel
de leur action qui a été couronnée de succès.
Aujourd’hui, à l’heure du bilan de la majorité,
ils peuvent, tous, être fiers de ce qu’ils ont
accompli pour faire progresser la démocratie
sénégalaise et améliorer les conditions de
vie de leurs concitoyens. Quant à Niasse, il
continue de servir avec dévouement, rigueur
et patriotisme son peuple.
Il a bâti un contrat de confiance et de fidélité
avec le président Macky Sall et tous les alliés
de la coalition BBY et cele-ci a déjà battu tous

les « records de longévité politique » au Sé-
négal.

Les politologues de pacotille et autres ana-
lystes partisans qui ont mille fois prédit sa

fin, ont mille fois été désavoués par les faits.
BBY a gagné en 2012 et en 2019 les élections
présidentielles et toutes les autres élections
organisées depuis : législatives, communales
et locales.
Les faits sont têtus !

Moustapha Niasse à la tête de l’Assemblée

nationale abat un travail remarquable en fai-
sant respecter les droits de la majorité et ceux

de la minorité. Le bruit et la fureur suscités

par les uns, à l’occasion de l’adoption de pro-
jets de loi comme celui sur les parrainages,

n’a pas empêché le président Niasse d’im-
poser l’autorité qui doit régner dans l’Hémi-
cycle pour que force reste à la loi.

Le leadership, Niasse le meneur d’hommes,

dirigeant socialiste étudiant, membre du bu-
reau politique, enraciné dans son fief de la

région de Kaolack et du département de
Nioro, a toujours su l’incarner.

Ceux qui ont voulu inoculer le venin de la dis-
corde au sein de l’AFP l’ont appris à leurs dé-
pens car ils ont été purement et simplement

exclus. C’était un moment de crise d’adoles-
cence d’un parti, aujourd’hui majeur, structuré

et auréolé de victoires électorales éclatantes
et qui est engagé dans toutes les batailles
politiques avec BBY.
En relisant son discours du 16 juin 1999,

Niasse peut avoir le sentiment du devoir ac-
compli, en ayant fait le bon choix, au bon

moment pour son pays et pour son peuple
qui l’a sanctionné positivement dans les
urnes.

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