PROFESSEUR DJIBRIL TAMSIR NIANE L’historien qui a donné ses lettres de noblesse à la tradition orale

0
276

L’Afrique perd un de ses illustres
historiens contemporains en la
personne du Pr Djibril Tamsir
Niane emporté le 8 mars
dernier à Dakar, par la terrible
pandémie de la Covid 19. Né en
Guinée en janvier 1932, cet
historien africain venait
d’entrer dans sa 89e année.
Auteur de nombreux ouvrages
sur l’Afrique de l’ouest, le Mali
et l’Empire Mandingue, on
retient surtout de Djibril Tamsir
Niane son œuvre
emblématique, le célèbre
ouvrage « Soundiata ou
l’épopée mandingue » inspiré
de l’époque médiévale ouest
africaine.

Publié en 1960 aux éditions Présence

africaine à Paris,« Soundiata ou l’épo-
pée mandingue » est l’œuvre la plus

connue de l’éminent historien guinéenDjibril
Tamsir Niane, qui a quitté ce bas monde le 8
mars dernier à Dakar.
Il avait été transporté pour des soins dans la
capitale sénégalaise, mais la dangereuse

Covid 19 a réussi son œuvre funeste en l’ar-
rachant à l’affection de ses proches.

Cet historien parmi les plus connus sur le
continent africain avait commencé ses études
supérieures en Guinée et à Dakar, puis les
avait poursuivi à Bordeaux pour obtenir en
1959 une licence et unDES enHistoire.Quand
Djibril Tamsir Niane retourne dans son pays,

il enseigne à l’Institut polytechnique de Cona-
kry. Engagé dans la construction de laGuinée

nouvelle qui vient d’accéder à son indépen-
dance politique, Djibril Tamsir Niane dirige,

avec Jean Suret-Canale, géographe français

et historien de l’Afrique, la conception du pre-
mier manuel d’histoire africaine destiné aux

écoles africaines du niveau secondaire.

Pour certains de ses écrits jugés trop critiques,
l’historien sera indexé dès 1961 parle régime

du président Sékou Touré et enfermé en pri-
son jusqu’en 1964.

Oppressé, Tamsir Niane finit par s’exiler au
Sénégal en 1972. IL va enseigner et séjourne
de longues années à l’Institut fondamental
d’AfriqueNoire àDakar. Ilretourne enGuinée,
après la mort de Sékou Touré. Né de mère
guinéenne etdepère sénégalais,Djibril Tamsir

Niane a eu cinq enfants dontle célèbre man-
nequin noir KatouchaNiane etle journaliste

Daouda Tamsir Niane, actuel Directeur de la

Bibliothéque Djibril TamsirNiane. Alors qu’il
poursuivait ses recherches sur le thème de
l’empireMandingue etl’histoire duMali,Djibril
Tamsir Niane avait rassemblé de précieuses
sources de la tradition orale.
HISTOIRE généRALE DE L’AFRIquE
Celles-là qui ont donné naissance à la célèbre
épopée mandingue de Soundiata. De nos
jours, Djibril Tamsir Niane est considéré
comme l’un des meilleurs spécialistes de
l’histoire de l’empire Mandingue.

A l’Unesco où il a collaboré, avec d’autres his-
toriens africains à l’écriture de « l’Histoire gé-
nérale de l’Afrique », on estime que le PrDjibril

Tamsir Niane a révolutionné la manière

d’écrire l’histoire. Il a adopté une historio-
graphie africaine, « qui prend dûment en

compte les récits oraux conservés par la tra-
dition africaine ».

L’œuvre « Soundiata ou l’épopée man-
dingue » est à l’origine tirée de travaux de re-
cherche scientifique où la tradition orale dé-
tenue parles griots a été judicieusement mise

à profit.
L’histoire était assez captivante qui relatait
une partie sensationnelle de la glorieuse
épopée de Soundiata Keita, fils du roi Naré
Maghann Konaté.
La tradition orale décrit Soundiata comme
un grand guerrier doublé d’un habile homme
d’Etat. Il a su unifier les royaumes d’Afrique
de l’Ouest, notamment après sa victoire à la
bataille de Kirina en 1235, face à Soumaoro
Kanté, le puissant Roi du Sosso. Soundiata

Keita est ainsi devenu «le Mansa », le Roi des
rois du grand Empire Mandingue.
L’historien a redonné ses lettresde noblesses
à la tradition lorsqu’il s’est rapproché de

sources précieuses comme le grand griot Ma-
madou Kouyaté. D.Tamsir Niane lui même

soulignait dans le Courrier de l’Unesco en

2009, que « Les peuples de l’oralité sont por-
teurs d’une culture aussi riche que celle des

tenants de l’écriture. La tradition orale ne dit
pas n’importe quoi, n’importe comment :

c’est une parole organisée, élaborée, struc-
turée, un immense réservoir de connais-
sances acquises parla collectivité, selon des

canons bien déterminés ».

Le Professeur Djibril Tamsir Niane a égale-
ment enseigné à l’UniversitéHoward (Wash-
ington DC) et à l’Université de Tokyo. IL est

par ailleurs associé à « la redécouverte » de

la « Charte du Kurukan Fuga », cette trans-
cription d’un contenu oral présentant la

Constitution de l’Empire du Mali et que l’on
date de l’époque médiévale ouest africaine.

Publications de Djibril Tamsir Niane
• Soundiata ou L’Épopée mandingue,
Paris, Présence africaine, 1960
• Recherche sur l’empire du Mali au Moyen
Âge,suivi deMise en place des populations

de la Haute-Guinée, Paris, Présence afri-
caine, 1975

• Méry (recueil de nouvelles), 1975

• Contes d’hier et d’aujourd’hui, Paris, Pré-
sence africaine, 1985

• Histoire des Mandingues de l’ouest’,
Paris, Karthala, 1989
• « LeMali etla deuxième expansionmande »
inHistoire générale de l’Afrique, vol. IV, 1991
Théâtre
• Sikasso, ou La Dernière citadelle
• Chaka
Contes
• Contes d’hier et d’aujourd’hui, 1985
• Contes de Guinée, 2006

A l’unesco où il a collaboré, avec d’autres historiens africains à l’écriture de
« l’Histoire générale de l’Afrique », on estime que le Pr Djibril Tamsir niane a
révolutionné la manière d’écrire l’histoire. Il a adopté une historiographie
africaine, « qui prend dûment en compte les récits oraux conservés par la
tradition africaine ».

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here