Lettre ouverte au président de la République

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Excellence, M. le président de la République,
Le patronat de la presse sénégalaise voudrait saisir l’opportunité que vous lui offrez
de vous proposer des solutions dans la crise que connaissent les médias. Nous
saluons vos propos à ce sujet à l’issue de l’audience que vous avez accordée,
vendredi 5 juillet 2024, à la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS).
Dans ce sens, le patronat de la presse avait introduit, le 1er mai 2024 et le 6 juin
2024, deux demandes d’audience, pour alors s’en référer à votre Haute Autorité, afin
de proposer des solutions à la crise structurelle que vivent les médias sénégalais.
Après l’avènement des alternances politiques, auxquelles elle a grandement
contribué, la presse sénégalaise connaît une crise économique structurelle depuis plus
d’une décennie, exacerbée ces dernières années par la pandémie de Covid-19 et la
guerre en Ukraine.

Des entreprises de presse, jadis florissantes, sont aujourd’hui en situation de quasi-
faillite au point qu’elles n’arrivent plus à honorer leurs engagements auprès de leurs

travailleurs, des institutions sociales et médicales, des fournisseurs nationaux et
étrangers.
Cette crise économique et sociale, qui perdure, risque d’hypothéquer l’impératif d’une
presse républicaine, libre et indépendante, viable économiquement. Cette précarité
économique et sociale du secteur des médias est une menace pour la démocratie, la
liberté de la presse, toute politique de souveraineté, le développement économique et
social, la stabilité politique, la voix du Sénégal en Afrique et dans le monde.
Pourquoi la presse est un secteur névralgique
C’est de ce point de vue que la presse est stratégique et névralgique pour le Sénégal,
au même titre que tous les autres secteurs dans lesquels notre pays ne peut exercer
une politique de souveraineté.
L’agriculture est un secteur stratégique et névralgique, parce que notre pays importe
tout ce qu’il mange. L’éducation est un secteur stratégique et névralgique, parce que
nous avons une population analphabète à plus de 50%, de surcroît jeune, qui ne peut
pas valablement jouer son rôle dans notre développement économique, social et
culturel. D’autres domaines sont érigés en secteurs stratégiques et névralgiques en
rapport avec notre niveau de développement et nos objectifs de souveraineté.

Même le tourisme, pour les emplois créés et son apport en devises, a une fiscalité
spécifique.
Ces secteurs stratégiques et névralgiques méritent le soutien de l’État pour, à terme,
assurer la souveraineté nationale dans ces domaines.
Apport de la presse pour le Sénégal
À combien de milliers de milliards peut-on estimer le rôle de la presse ?
La presse sénégalaise est un bien immatériel inestimable, qui a permis les alternances
politiques, qui nous fait l’économie de guerres civiles, qui garantit la stabilité politique
et sociale, promeut le vivre ensemble, la préservation des catastrophes sanitaires…
La presse a une mission de service public. À ce titre, c’est la presse qui informe le
citoyen, vulgarise les politiques publiques, impulse la conscience citoyenne, favorise la
transparence dans la gestion publique, garantit la pluralité politique, participe à la
lutte contre les pandémies, diffuse les connaissances techniques et scientifiques,
raffermit le sentiment national…
Beaucoup de pays environnants, économiquement plus puissants, ont une presse
dévoyée, au service de partis, d’ethnies et de lobbys.
La déchéance de la presse sénégalaise pourrait créer l’instabilité politique et sociale
que connaissent nos voisins, dans une situation larvée de guerre civile permanente.
Excellence, M. le président de la République, la politique de souveraineté, que vous
prônez, a comme condition première la consolidation ou la réémergence d’une presse
républicaine, libre et indépendante, viable économiquement. C’est un enjeu de
souveraineté nationale et internationale.
Dans le cadre de votre volonté de changement systémique, notre presse peut
façonner l’homo senegalensis et vendre le rêve sénégalais. Nous attendons de vous
cette volonté politique pour permettre créer les conditions de cette presse libre et
indépendante.
Veuillez, M. le président de la République, recevoir l’expression de notre considération
républicaine.


Tous ces secteurs stratégiques et névralgiques bénéficient d’une politique spécifique
de la part de l’État, en matière de fiscalité, de financement et autres.
C’est pourquoi au Sénégal, le financement est bonifié pour le secteur de l’agriculture
et de l’élevage, du logement social. Des exonérations d’impôts, de taxes et autres
avantages sont accordées, y compris aux entreprises étrangères dans les secteurs
agricoles et industriels, qui évoluent dans ces secteurs stratégiques et névralgiques.

Mamadou Ibra KANE, président du

Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS).

Dakar, le 7 juillet 2024.

Plan d’actions pour la presse
Orientations stratégiques de l’information et de la communication

  1. Élaboration d’une Stratégie nationale de l’Information et de la
    Communication (SNIC)
  2. Réforme de la formation des journalistes et des techniciens des médias
    Liberté de la presse
  3. Refonte des textes (Code de la presse, Code pénal, Code de procédure
    pénale)
  4. Loi d’accès à l’information
    Environnement économique
  5. Fiscalité des entreprises de presse
  6. Centre de gestion agréé des médias
  7. Loi sur la publicité
  8. Règlementation du marché publicitaire de l’État
  9. Fonds d’investissements pour la presse
  10. Fonds de garantie pour les entreprises de presse
  11. Fonds pour la digitalisation des médias
    Assainissement du secteur de la presse
  12. Mise à niveau des entreprises de presse avec le Bureau de mise à
    niveau
  13. Cahier de charges pour les entreprises de presse
  14. Révision de la délivrance des licences aux entreprises de presse
    audiovisuelles étrangères

Mamadou Ibra KANE, président du

Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS).

Dakar, le 7 juillet 2024.

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